LTI (Lingua Tertii Imperii) (ISBN 978-3-15-0203765-1, 1re édition 1947, réédité à maintes reprises) est un ouvrage du philologue Victor Klemperer basé sur les carnets que l’auteur, marié à une juive, a tenus entre 1919 et 1945. Le document, effrayant, devrait être connu par ceux qui de nos jours utilisent à tort et à travers le jargon nazi, feignant de ne pas en être conscient. Nous pensons plutôt qu’ils sont parfaitement conscients du jargon qu’ils utilisent. On ne peut pas être imbécile au point d’ignorer la connotation exclusivement nazie du terme «Volkssturm». L’incendiaire qui a utilisé en premier le terme, dans le contexte de l’afflux massif de signataires de la pétition concernant l’usage administratif de la langue luxembourgeoise, s’est justifié par le fait que le Volkssturm désignait «seulement» l’ultime riposte du peuple allemand contre le communisme.
L’offensive russe (l’assaut contre Berlin) demandée par Churchill personnellement lors de son passage à Moscou pour soulager le front de l’Ouest au moment de la bataille des Ardennes, a coûté la vie à des milliers de soldats russes sur les hauteurs de Seelow. Il est tout aussi insupportable que sur les réseaux sociaux, la presse de la «rue du Canal» soit assimilée à la presse «nationale» et «socialiste» et que les journalistes soient comparés à des followers de Julius Streicher. Les comparaisons ne sont pas anodines. D’aucuns ne reculent plus devant le jargon du IIIe Reich, LTI, pour abuser de la cause louable de la promotion de la langue nationale et pour mieux diviser encore le peuple.
Jean Rhein