Face à l’hypothèse d’une A31 bis payante, les résistances ont du mal à s’organiser. Les élus locaux en appellent à la population qu’ils ont du mal à mobiliser sur un sujet pourtant majeur.
Combien de frontaliers français pestant chaque jour, face à la longueur du trajet en voiture jusqu’à Luxembourg ? Combien pour râler contre les rames de TER bondées malgré un cadencement amélioré ? Combien enfin, pour jouer des coudes au moment de monter dans les bus à destination du Grand-Duché ? Nombreux, on le sait. 90 000, exactement dont 60 000 résident sur l’agglomération thionvilloise.
Et parmi eux, combien pour refuser le principe d’une A31 bis payante ? C’est à cette masse silencieuse et besogneuse que les élus locaux veulent s’adresser. La question est de savoir comment mobiliser mais elle est loin d’être anodine. Un travailleur frontalier présent mardi soir à la réunion organisée sur le sujet à Thionville par le sénateur Jean-Louis Masson a bien résumé les choses : « Au mieux, les gens ne croient pas à une troisième voie d’autoroute payante. Au pire, ils sont fatalistes ». Pour engager une opposition sérieuse, on repassera.
Indifférence ou fatalisme
N’empêche, en coulisses, les élus locaux ont les nerfs en pelote. « Il n’y a pas une région en France où se présente un tel cas de figure », redit Marie-Jo Zimmermann. La députée de Metz 3 se souvient du combat mené en son temps « avec les populations » pour stopper l’avancée de l’A32. Et rêve d’un bis repetita. Elle est de ceux qui militent pour instaurer « l’écotaxe sur les poids lourds » qui représentent à eux seuls 55 % du trafic autoroutier.
Pragmatique, le maire de Thionville, Pierre Cuny, avance ses pions : « Ce que je sais, c’est qu’il faut faire l’A31 bis […] On est tous d’accord sur le principe d’une troisième voie à condition qu’elle soit réservée au covoiturage ». Il envisage aussi des solutions beaucoup plus larges : télétravail, ferroutage, instauration de zones franches, harmonisation sociale avec le voisin… Rien que de bonnes idées. Reste à les « porter à Paris » d’où la dynamique frontalière semble encore observée comme un épiphénomène.
C. F. (Le Républicain Lorrain)