Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Actuellement en Australie, Mandy Minella disputera ce mercredi le 1er tour du tournoi ITF de Canberra (25 000 dollars) qui, en raison des incendies ravageurs, se déroulera à… 600 km de là. À Bendigo. L’Eschoise livre son témoignage sur ces événements.
archives Luis Mangorrinha
Quelle est la situation actuellement où vous vous trouvez?
Mandy Minella : Je me trouve à Bendigo et les feux sont assez éloignés par rapport à d’autres grandes villes comme Canberra ou la région du Queensland.
Quelle est la qualité de l’air?
Très mauvaise ! J’ai une application qui me permet de voir la qualité de l’air et là, on est dans la zone rouge. L’air est pire qu’à Pékin ou New Delhi. Il y a quelques jours encore, c’était ciel bleu mais là, depuis deux jours, il y a beaucoup de fumée. Ça dépend évidemment dans quel sens vient le vent.
Depuis plusieurs années, vous passez cette période de l’année en Australie. Est-ce la première fois que vous êtes confrontée à ce genre de situation?
Tous les ans, il y a des incendies en Australie, c’est normal, mais d’une telle envergure, je n’en avais jamais vécus. C’est la première fois que les feux s’approchent de si près des grandes villes. Ça a commencé à Sydney, déjà en décembre avant même notre arrivée. Énormément de monde a été évacué et il y a eu d’ailleurs des morts. Ce qui, je crois, est assez rarissime.
Ce n’est pas en s’achetant une brosse à dents en bambou qu’on va régler le problème
Quel est le ressenti des Australiens à propos de ces incendies?
Les gens sont exaspérés mais il n’y a pas qu’eux. Tous ceux qui sont ici se retrouvent impuissants. C’est une situation qui est hors de contrôle et ils ne peuvent pas faire grand chose si ce n’est donner de l’argent ou offrir un abri à ceux qui ont perdu leur maison.
À ce propos, certaines personnalités comme Pink ont décidé de faire des dons. Qu’en pensez-vous?
Je trouve ça génial que des gens qui ont une grosse visibilité fassent ce genre de dons et parlent de la situation actuelle. Ça permet de récolter des aides pour les animaux, les gens qui ont tout perdu mais aussi les pompiers. Ici, ce sont eux les vraies stars. Ils donnent tous ce qu’ils ont et les gens sont prêts à les aider. En fait, je pense que tout le monde est prêt à donner un coup de main si on leur disait quoi faire…
À leurs yeux, cette situation est-elle l’indéniable preuve du réchauffement climatique?
Oui, tout le monde le pense. Après, que faire ? Ce n’est pas en s’achetant une brosse à dents avec un manche en bambou qu’on va régler le problème. Un gros changement doit être fait au niveau politique et ce, dans tous les pays. Et c’est dur car il y a beaucoup d’argent en jeu. Bref, c’est toujours la même chose.
Sur internet, on voit beaucoup de vidéos d’animaux (kangourous, koalas…) fuir les flammes et se réfugier près des villes. Avez-vous été témoin de ce genre de scène?
Non, heureusement, je n’en ai pas vu… En venant à Bendigo depuis Melbourne, il y a 2h de train. Durant le voyage, on a pu voir énormément de kangourous mais aussi de petits incendies. Il y en a partout. L’herbe et les forêts sont tellement sèches que lorsque le mercure dépasse les 40°c, ça peut prendre feu très rapidement. Je crois que toute l’Australie est en danger.
J’ai l’impression de fumer un paquet de cigarettes…
Les organisateurs du tournoi de Canberra ont décidé de déplacer la compétition à Bendigo. Novak Djokovic estime, quant à lui, qu’un report de l’Open d’Australie devrait être envisagé si la situation persiste et menace la santé des joueurs. Qu’en pensez-vous?
Non, je ne pense pas que les organisateurs de l’Open d’Australie ont songé à cette idée. Je pense même que c’est la dernière chose qu’ils veulent faire. Déjà, parce qu’il y a énormément d’argent en jeu, ensuite, parce que si le vent tourne, c’est possible d’avoir un grand ciel bleu à Melbourne. Comme si de rien n’était… Bon, si toutes les stars, comme Djokovic, demandent à annuler le tournoi ou le boycottent à cause de ça, alors là oui je pense qu’il peut y avoir un mouvement. Sinon, le tournoi aura lieu comme d’habitude.
Les conditions climatiques ont-elles bouleversé votre préparation?
Non. Là où je suis, il faisait 32-33°C, des températures auxquelles on est habituée. Il n’y a qu’une seule journée où le thermomètre a dépassé les 40°C. Ce jour-là, je ne me suis entraînée que le matin. Ma préparation, que j’ai débutée à la maison, s’est faite finalement dans de bonnes conditions.
Initialement prévu à Canberra, ce tournoi à donc été déplacé à Bendigo. Comment se présente-t-il?
(Elle rit) Il a été déplacé à cause des feux mais, aujourd’hui, en raison du vent, l’air est meilleur à Canberra qu’ici… La fumée est tellement dense que dès qu’on sort de l’hôtel, ou même dedans, il y a une odeur de barbecue. En fait, j’ai l’impression de fumer un paquet de cigarettes… J’espère que ça va s’améliorer car l’air, actuellement, est très mauvais.
Recueilli par Charles Michel
