Ce jeudi 1er septembre, la réforme du secteur des taxis entre en vigueur. Qu’est-ce qui change? Est-ce que les prix vont enfin baisser?
Ce n’est pas une révolution. Mais les choses vont être plus claires. « (Avec la réforme), il y a plus de liberté, de transparence, de flexibilité et d’ordre aussi», déclarait en juillet dernier le ministre du Développement durable et des Infrastructures, François Bausch. Augmenter la rentabilité des exploitants de taxis, tout en rendant l’offre plus transparente et concurrentielle, et donc plus attractive pour les clients : sur le papier, la réforme du secteur des taxis a tout pour plaire.
Votée par la Chambre des députés le 20 avril dernier (par 51 députés sur 60, l’ADR ayant voté non et déi Lénk s’étant abstenue), elle entre aujourd’hui en vigueur. Mais certains doutent qu’elle produise les effets escomptés… Voici tout ce qu’il y a à savoir sur les principales modifications pour le secteur des taxis.
Tarifs : libérés, affichés…
Les tarifs des taxis sont désormais totalement libres!
Le principe des prix maxima fixés par l’État est donc aboli. Les taxis pourront par ailleurs proposer des forfaits et le client pourra à sa guise comparer et négocier. But de la manoeuvre : améliorer la concurrence, et donc stabiliser, voire faire baisser des prix qui, rappelons-le, sont parmi les plus élevés au monde.
Du moins, c’est la théorie. Car selon Olivier Gallé, le président de la Fédération des patrons loueurs de taxis et d’ambulances, la liberté tarifaire était «déjà en place» avant, et il croit surtout «que personne n’est vraiment prêt à baisser les prix».
La transparence va être également améliorée. Les tarifs devront être affichés «de manière visible à l’extérieur et à l’intérieur de la voiture selon un modèle d’affichage harmonisé».
L’usage du taximètre demeure obligatoire, et le conducteur a l’obligation de remettre à zéro le taximètre en début de course et de laisser l’affichage visible au client jusqu’à la fin de la course. Il a aussi l’obligation de remettre une copie du ticket de course émis par le dispositif imprimeur relié au taximètre.
La réforme introduit un centre de réclamations (tél. : 24 77 44 44 ou sur le site www.infotaxi.lu) pour gérer les litiges.
Files d’attente : le client est roi !
Si le principe de la tête de file reste obligatoire pour les exploitants, ce n’est plus le cas pour le client : il peut désormais choisir le taxi qu’il souhaite. Mais dans la pratique : «Je ne suis pas sûr qu’un client à l’aéroport ou à la gare prendra plusieurs minutes pour remonter la file et comparer les prix de chacun… Mais s’il le fait, c’est son droit», note Olivier Gallé.
Licences : six zones, 550 sésames
Les taxis ne dépendent plus des communes, mais de l’État. Licences et cartes conducteurs sont donc désormais délivrées par le ministère, sous des conditions «plus exigeantes», note Bausch. Un maximum de 550 licences est prévu pour tout le pays (contre 520 auparavant). Elles sont réparties dans six zones.
Hep, taxi !
Héler un taxi est désormais officiellement possible. La prise en charge peut en effet avoir lieu soit sur un emplacement dans la zone de validité géographique de la licence, soit dans n’importe quelle zone, sur un simple geste du client «à moins de 50 m d’une zone d’emplacements» ou sur commande par téléphone ou par courriel.
Les taxis passent au vert
Autre nouveauté : l’introduction, dès cette année, de 20 licences d’exploitation «zéro émission». Quant aux taxes annuelles, elles seront désormais basées sur des critères environnementaux : pour un taxi émettant plus de 100 g de CO2/km, 500 euros en zone 1 et 400 euros en zones 2 à 6; un taxi émettant moins de 100 g de CO2/km, 300 euros en zone 1 et 200 euros en zones 2 à 6; un taxi émettant zéro gramme de CO2/km, 150 euros en zone 1 et 50 euros en zones 2 à 6.
«Les taxis sont un maillon de notre chaîne de mobilité, rappelle François Bausch. Augmenter l’offre de taxis zéro émission va aussi permettre d’améliorer la qualité de l’air.»
Vos papiers, wann ech gelift
Le dispositif de contrôle administratif et pénal des taxis va se durcir. La police et les douanes pourront désormais infliger des sanctions pénales. Tout un arsenal d’amendes a été mis en place. Par exemple, effectuer le service de taxi sans être titulaire d’une licence d’exploitation de taxis : 500 euros. Ou être non-titulaire d’une carte de conducteur de taxi valable : 250 euros. L’utilisation d’un véhicule autre qu’un taxi dans le cadre des services de taxi : 500 euros… Il s’agit notamment de lutter contre les taxis clandestins.
Romain Van Dyck