Obama, Kerry, Xi, Ban… des dirigeants mondiaux se mobilisaient vendredi pour arracher un accord contre le réchauffement de la planète qui échappait encore aux négociateurs de 195 pays, malgré l’urgence climatique.
Comme les précédentes conférences internationales sur le climat, celle de Paris joue les prolongations. La clôture de cette COP21, initialement prévue pour vendredi soir, a été reportée à samedi, après une nuit de vives discussions qui ont fait ressurgir les crispations nord-sud en particulier sur les financements.
« Nous sommes presque au bout du chemin, je suis optimiste », a toutefois assuré le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, qui préside la conférence. « Je serai en mesure demain matin (samedi) à 9h de présenter à l’ensemble des parties un texte qui, j’en suis sûr, sera approuvé et sera un grand pas en avant pour l’ensemble de l’humanité », s’est-il avancé.
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Son homologue américain John Kerry, très impliqué dans les pourparlers de jour comme de nuit, s’est montré plus prudent. « Il est possible » que la conférence se termine « à un moment donné demain », a-t-il dit. « Il y a toujours un ou deux sujets très difficiles. » Le ministre de l’Environnement indien, Prakash Javadekar, a rappelé que « le succès n’était pas garanti », reprenant une mise en garde du président François Hollande.
À des milliers de kilomètres du Bourget, les présidents américain Barack Obama et chinois Xi Jinping sont convenus au téléphone de renforcer leurs efforts pour parvenir à un accord. « Au lieu d’avancer vers des compromis, chaque pays s’est plutôt retranché derrière ses positions », lors des discussions de la nuit, a rapporté Matthieu Orphelin, porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot.
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Pour les surmonter, les négociateurs de 195 pays ont repris les échanges informels, à huis clos, sur le site du Bourget, près de Paris après deux nuits quasiment blanches qui mettent leur organisme à rude épreuve. « Avec la fatigue on est tous sur les nerfs », confiait Yannick Baglo, un des négociateurs du Bénin. « Même au sein de la délégation, on est beaucoup plus direct. »
Habitué des négociations internationales, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, a estimé que la COP21 était « de loin la plus compliquée, la plus difficile, mais aussi la plus importante pour l’humanité ». « J’exhorte tous les négociateurs à prendre des décisions pour notre avenir commun, a-t-il ajouté. Ce n’est plus l’heure de camper sur ses perspectives nationales. »
« La pilule des finances »
Depuis deux semaines, tous s’accordent publiquement sur la nécessité de conclure un accord « ambitieux », seul moyen d’empêcher l’aggravation des vagues de chaleur, sécheresses, inondations… Les tensions ont ressurgi jeudi soir après la présentation d’une nouvelle ébauche d’accord qui laisse ouverts les trois sujets les plus délicats: la « différenciation » (répartition des efforts entre les pays développés et en développement), les financements et l’ambition du pacte.
Sur ce dernier point, le projet fixe désormais un objectif de réchauffement de la planète « bien en-deçà » de 2°C par rapport au niveau pré-industriel et mentionne « la poursuite des efforts pour limiter la hausse à 1,5°C ». Cette limite est une revendication d’une centaine de pays, notamment des états insulaires, menacés par la hausse du niveau des océans. Mais les grands producteurs d’énergies fossiles, comme l’Arabie saoudite et la Russie, s’y opposent.
En amont de la conférence, la quasi-totalité des Etats ont pris des engagements pour limiter leurs émissions de gaz à effet de serre mais leurs efforts, s’ils se concrétisaient, placeraient la planète sur une hausse du thermomètre mondial estimée à +3°C. Pour faire mieux, le principe d’une révision obligatoire de ces objectifs nationaux tous les cinq ans est acté.
Mais le projet d’accord fixe à 2025 la première révision. Beaucoup trop tard, selon les ONG. Côté finances, le pré-accord précise que l’enveloppe de 100 milliards de dollars par an que les pays riches ont promis de verser aux pays du Sud à partir de 2020 est un « plancher » et que les pays développés présenteront « périodiquement » des « objectifs quantifiés ».
« La pilule a du mal a passer sur la partie finances jugée par plusieurs pays, dont l’Union européenne, les Etats-Unis ou l’Australie, comme étant trop en faveur des pays en développement », a estimé Pascal Canfin, ancien ministre français et expert du centre de recherches américain WRI. « Vous ne pouvez pas fixer les mêmes obligations au Lesotho qu’à la Pologne, ni les mêmes au Botswana qu’aux Etats-Unis », a toutefois insisté vendredi l’ambassadrice sud-africaine Nozipho Mxakato-Diseko, qui représente les pays pauvres et émergents.
AFP