Vladimir Poutine se préparait dimanche à être sacré par les urnes lors d’une présidentielle aux airs de plébiscite, l’opposition accusant le pouvoir de gonfler la participation par des fraudes pour légitimer un scrutin sans suspense.
Le président russe, 65 ans dont plus de 18 au pouvoir, a fait de la participation sa principale bataille alors qu’il devrait remporter haut la main un quatrième mandat courant jusqu’à 2024, dans un contexte de nouveau bras de fer avec les Occidentaux depuis l’empoisonnement de l’ex-espion Sergueï Skripal en Angleterre. Peu après 14h GMT, à moins de quatre heures de la fermeture des derniers bureaux dans l’enclave de Kaliningrad, la participation atteignait 51,9% selon la Commission électorale, soit plus élevée que pour le retour au Kremlin de Vladimir Poutine après quatre ans au poste de Premier ministre en 2012.
Plus de 107 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. L’agence publique TASS a fait état de taux de participation dépassant 60%, voire 70%, dans l’Extrême-Orient russe, où le vote s’est terminé plus tôt compte tenu du décalage horaire.
Écarté de l’élection en raison d’une condamnation judiciaire, le principal opposant Alexeï Navalny a accusé le Kremlin de gonfler la mobilisation en bourrant les urnes ou en organisant le transport massif d’électeurs vers les bureaux de vote. « Ils ont besoin de participation. Le résultat, c’est que la victoire de Poutine avec plus de 70% a été décidée d’avance », a-t-il expliqué à la presse, assurant que la participation réelle était inférieure à celle de 2012. « Le seul moyen de mener une lutte politique en Russie, c’est de manifester. Nous allons continuer de le faire », a-t-il prévenu.
Mesures incitatives pour aller voter
L’ONG Golos, spécialisée dans la surveillance des élections, a dressé sur son site internet une carte des fraudes faisant état à 14h GMT de 2 255 irrégularités, tels que bourrages d’urne, votes multiples ou entraves au travail des observateurs.
Pour encourager des électeurs à participer à un scrutin sans suspense à l’issue d’une campagne atone, les autorités ont mené des campagnes massives d’information et d’incitation, facilitant le vote hors du lieu de résidence mais aussi, selon des médias, faisant pression sur les fonctionnaires ou les étudiants pour aller voter. Des militants de l’opposition ont fait par exemple état dimanche d’électeurs amenés en bus dans les bureaux de vote par la police ou de coupons de réductions pour des produits alimentaires distribués aux Russes se rendant aux urnes.
Loué par les uns pour avoir ramené la stabilité après les dures années 1990 et vilipendé par d’autres pour un recul des libertés, Vladimir Poutine est crédité d’environ 70% des intentions de vote dans les derniers sondages. Son principal adversaire, le candidat communiste Pavel Groudinine, est crédité de 7% des voix par l’institut public VTSIOM et le troisième, l’ultranationaliste Vladimir Jirinovski, de 5%, devant la journaliste libérale Ksénia Sobtchak (1-2%).
Le Quotidien/AFP