Comme annoncé durant sa campagne, Donald Trump a entamé sa présidence en signant l’acte de retrait des États-Unis du traité de libre-échange transpacifique (TPP), dont l’administration de Barack Obama avait fait l’une de ses priorités.
Après un premier week-end chaotique au cours duquel ses opposants ont fait une démonstration de force dans la rue et son porte-parole a été accusé de mensonge, le président républicain veut agir vite. « Nous en parlions depuis longtemps », a-t-il déclaré aux journalistes présents lors de la signature dans le Bureau ovale, jugeant que le retrait du TPP était « une bonne chose pour le travailleur américain ».
Vu comme un contrepoids à l’influence grandissante de la Chine, ce traité a été signé en 2015 après d’âpres négociations par 12 pays d’Asie-Pacifique représentant 40% de l’économie mondiale. Mais le texte, qui va bien au-delà de la simple levée des barrières douanières, n’était pas encore entré en vigueur, en l’absence de ratification par le Congrès américain. Sans perdre de temps, le président républicain entend redessiner les contours des accords commerciaux, certains anciens, liant les États-Unis au reste du monde.
Il a annoncé dimanche qu’il allait commencer à renégocier l’Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) avec les dirigeants du Canada et du Mexique qu’il doit voir prochainement. Une rencontre avec son homologue mexicain Enrique Peña Nieto est notamment prévue le 31 janvier. Au-delà du TPP, il a signé deux décrets qui illustrent avec force la direction qu’entend prendre la nouvelle administration: le gel des embauches de fonctionnaires au niveau fédéral et la limitation du financement par des fonds fédéraux d’ONG internationales qui soutiennent l’avortement.
Promesses de baisses « massives » d’impôts
Recevant 12 dirigeants d’entreprise à la Maison Blanche lundi matin, il leur a promis des baisses « massives » d’impôts et a affiché sa volonté de réduire la réglementation « de 75%, peut-être plus », sans donner la moindre précision sur la nature exacte des réformes envisagées.
« Le problème de la réglementation que nous avons aujourd’hui est que vous ne pouvez rien faire (…) J’ai reçu beaucoup de récompenses pour l’environnement mais certains de ces trucs rendent impossible de construire quoi que ce soit », a encore dit le magnat de l’immobilier, en présence en particulier de Mark Fields (Ford), Marillyn Hewson (Lockheed Martin) ou encore Alex Gorsky (Johnson&Johnson). A court terme, il devrait cependant se heurter à un obstacle de taille: son équipe est loin d’être opérationnelle. Seuls deux membres de son administration -James Mattis à la tête du Pentagone et John Kelly secrétaire à la Sécurité intérieure- ont à ce jour été confirmés par le Sénat.
Mais la voie semble désormais dégagée pour l’un des principaux d’entre eux : Rex Tillerson, ancien patron d’ExxonMobil, choisi pour diriger la diplomatie américaine. Marco Rubio, dernier sénateur républicain qui était indécis, a annoncé lundi qu’il ne s’opposerait pas à sa nomination à la tête du puissant département d’État. Donald Trump, qui a promis durant sa campagne de construire un mur frontalier entre son pays et le Mexique financé par Mexico, a dit espérer de « très bons résultats » avec ce pays sur les questions d’immigration et de sécurité.
Immigration et Cour suprême
Le nouveau président pourrait parallèlement remettre en cause le programme « DACA », mis en place par Barack Obama en 2012 et qui a permis à plus de 750.000 clandestins arrivés jeunes sur le territoire d’obtenir des permis de séjour et de travail. Sur l’environnement et le climat, l’administration Trump a juré de mettre fin à « la guerre contre le charbon » et pourrait revenir sur nombre de réglementations mises en place par l’administration Obama. Elle pourrait aussi réorienter de manière significative l’allocation de fonds à l’international destinés à la lutte contre le changement climatique.
Donald Trump a également promis qu’il annoncerait dans les deux semaines à venir le nom de celui qu’il entend proposer pour remplacer, à la Cour suprême, le juge Antonin Scalia, précisant qu’il disposait d’une liste de 20 candidats. L’exécutif a par ailleurs exclu dimanche que le nouveau président américain, dont le patrimoine et les revenus sont entourés d’un épais mystère, rende publique sa déclaration d’impôts.
« Il ne publiera pas sa déclaration d’impôts. Ce sujet a été abordé durant la campagne et cela n’intéressait pas les gens », a lancé Kellyanne Conway, sa proche conseillère. Une ONG anti-corruption, Citizens for Responsibility and Ethics in Washington (Crew), a annoncé qu’elle assignerait en justice lundi le président milliardaire pour violation de la Constitution américaine liée aux revenus qu’il perçoit toujours, selon elle, de pays étrangers.
Le Quotidien/AFP