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Immigration aux USA : Trump inflexible, Obama soutient la fronde


L'ancien président avait promis de se tenir à l'écart du débat politique sauf si "les valeurs fondamentales" de l'Amérique étaient menacées. (photos AFP)

Isolé et critiqué de toutes parts, y compris par son prédécesseur, le président américain Donald Trump a défendu lundi sa décision de fermer les frontières aux ressortissants de sept pays musulmans et fait la sourde oreille aux protestations mondiales.

Au moment où les manifestations et les dénonciations – du monde politique aux monde des affaires – contre les décrets de l’administration Trump se multiplient, Barack Obama s’est dit encouragé par « le niveau de mobilisation » à travers le pays. L’ancien président démocrate avait promis de se tenir à l’écart du débat politique sauf si « les valeurs fondamentales » de l’Amérique étaient menacées : dix jours seulement après son départ de la Maison Blanche, il a jugé que c’était déjà le cas. « Le président (Obama) est en désaccord fondamental avec la notion de discriminer des individus en raison de leur croyance ou de leur religion », a rappelé son porte-parole, Kevin Lewis.

De fait, nombre de grands groupes, en particulier ceux de la Sillicon Valley qui emploient des milliers d’ingénieurs étrangers – Apple, Microsoft, Google, Airbnb ou encore Netflix – ont jugé « contraires aux valeurs américaines » les décrets de l’ancien homme d’affaires de New York devenu président. Goldman Sachs, l’une des plus puissantes banques d’affaires au monde, dont d’anciens dirigeants ont été nommés à des postes influents au sein de l’administration Trump, a critiqué à son tour lundi le décret présidentiel. « Ce n’est pas une politique que nous soutenons », a fustigé le PDG Lloyd Blankfein dans un message audio interne.

De partout à travers le monde, les témoignages affluent de ressortissants des pays concernés par les restrictions, entre abattement, incrédulité et colère.

Les Anglais protestent sous les fenêtres de Downing Street.

Les Anglais protestent sous les fenêtres de Downing Street.

A Londres : « Shame on you Theresa May »

Du jamais vu moins de deux semaines après l’investiture du président des États-Unis, plusieurs diplomates américains ont protesté contre le décret, en utilisant un canal officiel dit de « dissidence ». Les employés du ministère – qui sont 70 000 toutes catégories confondues – ont le droit d’ « exprimer leurs opinions avec franchise et de manière confidentielle auprès de leur hiérarchie », a souligné le porte-parole de la diplomatie américaine Mark Toner. Mais la Maison Blanche a peu apprécié : « Soit ils acceptent le programme, soit ils s’en vont », a déclaré Sean Spicer, porte-parole de Donald Trump.

Au-delà des États-Unis, la vague d’indignation soulevée par l’initiative de la Maison Blanche ne faiblissait pas. Haussant le ton, la chancelière allemande Angela Merkel a estimé que la lutte contre le terrorisme ne justifiait en aucune manière « de généraliser le soupçon contre les personnes en fonction de leur croyance, en l’occurrence ici des personnes de foi musulmane ».

TOPSHOT - Demonstrators protest outside Downing Street against US President Donald Trump in central London on January 30, 2017.  President Trump signed an executive order on January 27, 2016 restricting immigration from seven Muslim countries. / AFP / BEN STANSALL

Le message lancé à Theresa May est clair…

Au Royaume-Uni, une pétition signée par plus de 1,4 million de personnes a demandé au gouvernement d’annuler la visite d’État de Donald Trump prévue dans l’année, ce que le gouvernement a exclu. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Londres contre le décret, dénonçant aussi l’attitude de la Première ministre britannique peu prompte à le critiquer. « Non au racisme, non à Trump », pouvait-on lire sur des pancartes. « Theresa May, honte à toi ! », clamait la foule, huant la dirigeante conservatrice.

Le Quotidien/AFP