Un policier français a été inculpé pour viol, après une interpellation au cours de laquelle un jeune homme a été gravement blessé à coups de matraque, dans une cité de la banlieue parisienne.
Trois autres policiers sont mis en examen pour violences volontaires en réunion. Les quatre fonctionnaires ont été suspendus dimanche de leur fonctions.
Jeudi en fin d’après-midi, des policiers contrôlaient les identités d’une dizaine de personnes soupçonnées d’être des « guetteurs de points de vente de stupéfiants », dans la cité des 3.000 à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris, selon le parquet.
Au cours de cette opération, un jeune homme de 22 ans qui tente de leurs résister est frappé à coups de matraque.
La scène, filmée par la vidéosurveillance de la police municipale, montre notamment un policier « porter un coup de matraque horizontal au niveau des fesses » du jeune homme, après que son « pantalon a glissé tout seul », selon une source proche de l’enquête.
Le jeune homme a déclaré que l’un des policiers lui aurait introduit sa matraque dans l’anus. Gravement blessé au niveau de la zone rectale, il a dû être opéré et est toujours hospitalisé lundi.
Samedi et dimanche, des incidents ont éclaté dans la nuit dans la cité des 3.000, un vaste ensemble à la population multiethnique, où plusieurs voitures ont été incendiées et des policiers ont été la cible de tirs de feux d’artifice artisanaux.
Un important dispositif a été déployé, comprenant notamment une compagnie de policiers anti-émeute.
« C’est un vrai choc, comme on n’en a jamais connu à Aulnay. Théo (le jeune homme blessé) est un citoyen français engagé dans la vie de son quartier, c’est une famille exemplaire », a affirmé à l’AFP Hadama Traoré, qui a grandi aux « 3.000 » et vient de fonder un mouvement citoyen, « La révolution est en marche ».
Le Parisien a publié une vidéo montrant l’interpellation filmée par des habitants :
Policiers accusés de viol à Aulnay : un témoin… par leparisien
Pour le président socialiste du département de la Seine-Saint-Denis, « les conditions de cette interpellation posent de très nombreuses questions ». « S’il y a des milliers de policiers qui font correctement leur travail (…), encore trop d’interpellations tournent au cauchemar pour certains jeunes. C’est l’image de la République qui est mise à mal, il est urgent d’y remédier », a estimé Stéphane Troussel dans un communiqué.
Les rapports entre policiers et jeunes sont notamment conflictuels dans les quartiers sensibles en France, où la police est souvent vue comme une force hostile.
Le Quotidien / AFP