La Commission européenne a demandé à Facebook d’apporter des réponses « dans les deux prochaines semaines » aux questions soulevées par le scandale Cambridge Analytica, notamment si les données personnelles d’Européens ont été touchées, dans un courrier envoyé lundi soir.
L’exécutif européen souhaite également que le réseau social américain l’informe des mesures envisagées pour éviter qu’une telle affaire puisse se reproduire, précise le courrier rédigé par la commissaire en charge de la Justice, Vera Jourova. Malgré ses excuses, Facebook n’a pas réussi à faire retomber la polémique sur la protection jugée insuffisante de ses utilisateurs, mise au jour dans les révélations sur l’exploitation à des fins politiques des données de 50 millions de personnes par la firme britannique Cambridge Analytica.
« Je vous écris pour mieux comprendre comment les données d’utilisateurs de Facebook, y compris potentiellement celles de citoyens de l’UE, sont tombées dans les mains de tierces parties à leur insu et sans leur consentement », a indiqué Vera Jourova dans sa lettre adressée à la numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg. « Je voudrais aussi savoir quels sont vos plans pour faire face aux récentes révélations », a ajouté la commissaire, précisant qu’elle apprécierait une réponse « dans les deux prochaines semaines » à ses questions.
« Garantir une protection totale de la vie privée »
La commissaire demande notamment comment Facebook compte appliquer les règles européennes sur la confidentialité des données et si « des données de citoyens européens ont été affectées par le récent scandale » lié à Cambridge Analytica. « Si c’est le cas, comment comptez-vous en informer les autorités et les utilisateurs ? », interroge Vera Jourova. « Avez-vous l’intention de changer quoi que ce soit dans votre approche de la responsabilité sociale de l’entreprise, en particulier lorsqu’il s’agit de transparence vis-à-vis de vos utilisateurs et des autorités de réglementation ? », demande-t-elle également.
Les récentes révélations sur l’utilisation des données d’utilisateurs de Facebook a poussé les dirigeants des 28 pays de l’UE à se saisir du dossier lors d’un sommet réuni jeudi et vendredi dernier à Bruxelles. « Les réseaux sociaux et les plateformes numériques doivent garantir des pratiques transparentes et une protection totale de la vie privée et des données personnelles des citoyens », ont-ils insisté dans les conclusions du sommet.
Le président du Parlement européen, Antonio Tajani, a de son côté invité le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, à venir s’expliquer devant les eurodéputés. Le scandale Cambridge Analytica a déjà fait partir en fumée plus de 70 milliards de dollars de capitalisation boursière au groupe, qui s’est offert une pleine page de publicité dimanche dans la presse britannique et américaine pour présenter de nouveau des excuses.
Le Quotidien/AFP