La police menait jeudi soir des perquisitions à Argenteuil, où des explosifs ont été découverts, après l’interpellation d’un homme suspecté d’être impliqué dans un projet d’attentat en France, conduit à un «stade avancé», mais qui semble sans lien avec les attaques qui ont frappé Bruxelles et Paris.
Les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont mené cette «interpellation importante» jeudi matin, a annoncé dans la soirée le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, selon qui elle a permis «de mettre en échec un projet d’attentat en France, conduit à un stade avancé».
Dans la nuit, l’opération se poursuivait avec des perquisitions dans un immeuble évacué de ses occupants à Argenteuil (Val-d’Oise). Une petite quantité d’explosifs, dont la nature n’a pas été précisée, a été retrouvée au domicile de l’homme interpellé, selon une source policière. Des «opérations de déminage sont en cours afin que les policiers puissent procéder à la perquisition de l’appartement, du parking et des parties communes dans des conditions optimales», a expliqué Bernard Cazeneuve. Un périmètre de sécurité a été mis en place, des voitures de police et des policiers en armes barrant l’accès à la rue et maintenant plusieurs dizaines de badauds à distance, a constaté une journaliste.
«J’ai essayé de rentrer chez moi mais les policiers ne m’ont pas laissé», pestait Karim, 19 ans, habitant dans l’immeuble voisin. Pour sa soeur Kolod, 23 ans, «normalement c’est très tranquille comme quartier». «C’est bizarre mais en même temps c’est rassurant de voir ces policiers», a-t-elle ajouté. Rentrant de son entraînement de foot, Nicolas, 37 ans, regrettait pour sa part que cela fasse «une mauvaise pub pour le quartier». L’homme interpellé, de nationalité française, est «suspecté d’être impliqué à haut niveau dans ce projet (d’attentat). Il évoluait au sein d’un réseau terroriste qui projetait de frapper la France», a expliqué le ministre de l’Intérieur dans une déclaration à la presse.
Il avait été condamné en son absence dans un pays européen non précisé dans une affaire d’acheminement de jihadistes vers la Syrie, selon une source policière. L’homme devait être conduit dans les locaux de la DGSI à Levallois-Perret pour y être entendu en garde à vue.
Le ministre ne s’est pas étendu sur ce projet d’attaque mais «à ce stade, aucun élément tangible ne relie ce projet aux attentats de Paris et de Bruxelles», a-t-il fait valoir. La capitale belge a été frappée mardi par un double attentat dans un aéroport et dans le métro qui a fait 31 morts et 300 blessés. Ces attentats ont été commis par les membres de la même cellule jihadiste que ceux qui ont endeuillé Paris le 13 novembre et fait 130 morts et des centaines de blessés.
Coopération européenne
Les investigations sont conduites sous l’autorité d’un juge d’instruction antiterroriste, a indiqué le parquet de Paris. L’enquête, conduite depuis «plusieurs semaines», «a mobilisé d’importants moyens de surveillance physique et technique, ainsi qu’une coopération étroite et constante entre services européens», selon Bernard Cazeneuve.
Outre les attaques de Paris, les plus meurtrières qu’aient connues la France, les attentats, pour certains avortés, se sont multipliés depuis les attaques contre Charlie Hebdo et le supermarché Hyper Cacher en janvier 2015. De même que les projets non aboutis: six projets d’attentats ont été déjoués depuis janvier 2015, outre les deux tentatives qui ont échoué à Villejuif en avril et à bord du Thalys reliant Amsterdam à Paris en août, avait indiqué Bernard Cazeneuve début mars.
Peu avant Noël, un projet d’attaque contre les forces de l’ordre avait ainsi été déjoué dans la région d’Orléans et le 20 mars, un Franco-Marocain radicalisé, Youssef Ettaoujar, déjà condamné pour avoir voulu rejoindre la Syrie et soupçonné d’avoir préparé un attentat, a été mis en examen et incarcéré. Depuis le début de l’année, 75 personnes «en lien avec des activités terroristes» ont été interpellées, 37 d’entre elles ont été mises en examen, dont 28 incarcérées, a rappelé Bernard Cazeneuve.
Le Quotidien/AFP