Le Front national a réalisé une nouvelle percée historique dimanche au 1er tour des régionales avec un score national proche des 30% et une première position dans six régions, dans un pays encore sous le choc des attentats du 13 novembre,
Le parti de Marine Le Pen devance la droite et le PS. Pour la présidente du FN, Marine Le Pen, le parti d’extrême droite a désormais « vocation à réaliser l’unité nationale dont le pays a besoin ».
Comme le prévoyaient plusieurs sondages, ses listes arrivent en tête dans six des 13 régions métropolitaines nées de la réforme territoriale: dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Bourgogne-Franche-Comté ainsi que dans la région Centre.
Il avoisine même, selon Marine Le Pen, les 50% à Calais. Même score dans le Vaucluse, le département de Marion Maréchal-Le Pen.
Régionales: le PS se retire en Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Paca
Le FN en tête à 35% en ACAL, le PS exclut toute fusion
Régionales / réactions : la droite intraitable, la gauche en mal d’unité
Les résultats région par région
Marine Le Pen (FN) salue « un résultat magnifique »
Sarkozy exclut tout rapprochement avec la gauche
Comme attendu, la question du retrait ou du maintien des listes arrivées en 3e position à l’issue du 1er tour, dans les régions où le FN peut l’emporter en triangulaires, devrait donc dominer les débats dimanche soir. Des décisions difficiles à prendre, le retrait d’une liste signifiant pour un parti de n’avoir aucun élu au conseil régional pendant près de six ans.
Face au FN, Nicolas Sarkozy a exclu d’emblée tout rapprochement avec la gauche dimanche prochain. Le mot d’ordre du président des Républicains: ni fusion avec la gauche, ni retrait face au FN pour le second tour.
En Nord-Pas-de-Calais-Picardie (NPDCP), la dirigeante frontiste devrait dépasser les 40%, selon plusieurs instituts, devant les listes des candidats LR Xavier Bertrand (autour de 24%) et PS Pierre de Saintignon nettement sous les 20%.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, sa nièce Marion Maréchal-Le Pen dépasserait également la barre des 40%, avec selon Ipsos 41,2%, loin devant le maire de Nice Christian Estrosi 26% et le socialiste Christophe Castaner (15,8%).
Dans ces deux régions, les deux héritières de Jean-Marie Le Pen sont en nette position de force pour le second tour.
Philippot en tête en Alsace Lorraine Champagne Ardenne
Florian Philippot est donné en tête avec 35% des voix pour sa liste en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, près de dix points devant Philippe Richert (LR-UDI-Modem) avec 26% et le PS très loin à 16,7%, selon Ipsos.
Le compagnon de Mme Le Pen, Louis Aliot, arrive lui aussi en tête avec 30,9% en Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, plus de cinq points devant Carole Delga (PS, 25,5%), le candidat LR Dominique Reynié se retrouvant en position de retrait à 18,6%.
En Bourgogne-Franche-Comté, Sophie Montel voit sa liste arriver en tête avec 32,2% devant la droite de François Sauvadet (24,2%) et le PS (21,7%). Enfin, en région Centre, le FN est premier avec 30,5%, devant la droite à 25,8% et le PS à 24,5%.
Après avoir déjà réalisé une percée spectaculaire en pourcentage lors des européennes de 2014 (24,9%) puis aux départementales de mars (25,2%), deux records consécutifs, le FN atteindrait ainsi une nouvelle marque maximale, moins d’un an et demi avant la présidentielle de 2017.
Au niveau national, les différents instituts créditent le parti de Marine Le Pen d’entre 27,2 et 30,3%, devant les Républicains-UDI-Modem (27% à 27,4%) et le PS et ses alliés (22,7% à 24%) mais qui dispose de davantage de réserves de voix, selon des estimations publiées à 20H30. EELV et ses alliés atteignent 6,6 à 6,8% des voix, le Front de gauche 3,7 à 4%. A droite Debout la France est entre 3,5 à 3,9%.
Pas de vague bleue à droite
La droite a vu ses rêves de « vague bleue » s’évaporer au profit du FN.
En Ile-de France, première région de France, l’avance de Valérie Pécresse (LR) est moins importante que prévu avec, selon les sondages, près de 31% des suffrages face au socialiste claude Bartolone dont le résultat est meilleur qu’annoncé (25,5% environ). Quant au FN, il est loin de son score national et de ses espoirs avec autour de 19%.
A droite, en Rhône-Alpes-Auvergne, les Républicains emmenés par Laurent Wauquiez seraient nettement en tête à 32,1%, devant le FN à 24,8% et le PS à 24,2%, selon Ipsos. En Normandie, l’avance de la droite sur le FN est bien moindre: l’ancien ministre centriste Hervé Morin est créditée de 28,8%, devant le FN de Nicolas Bay (27,2%) et le PS à 23,3%, selon Ipsos.
L’UDI, allié centriste des Républicains, a appelé par la voix de Jean-Christophe Lagarde « partout où le FN peut gagner » au « retrait des listes en troisième position ». François Bayrou, président du moDem, a appelé au retrait « pur et simple » de toutes les listes arrivées troisième.
Pas de sursaut pro-Hollande
Le spectaculaire sursaut de popularité de François Hollande au lendemain des attentats ne s’est donc pas traduit dans les urnes dimanche soir, comme les appels à la mobilisation contre le FN des syndicats, du patronat ou de la presse locale dans le Nord de la France, sont restés sans effets.
Du côté de l’exécutif, le porte-parole du gouvernement et proche de François Hollande, Stéphane Le Foll, a tenté de se rassurer, sans convaincre complètement, en notant que « le total de la gauche en fait le premier parti de France ».
Le PS confirme son statut de favori en Bretagne, malgré la campagne en pointillé de la tête de liste Jean-Yves Le Drian, assuré s’il s’impose de rester ministre de la Défense. Selon Ipsos, PS 34,7% LR 22,4% et FN 18%
En Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Alain Rousset (PS) est créditée de 31,5%, nettement devant la liste de droite de Virginie Calmels (25,9%) et le FN (22,8%).
Côté abstention, selon les projections publiées par cinq instituts de sondages publiées en fin d’après-midi, l’abstention devrait s’établir à la clôture du scrutin entre 49% et 49,8%, soit près de quatre points de moins qu’au premier tour des régionales de 2010 (53,6%).
AFP