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Luxembourg-Nigeria : Vincent Thill a sauvé la soirée


Le petit milieu de terrain offensif est allé au-delà de ce qu'on attendait de lui. (Photo Editpress/Gerry Schmit)

Enfin libéré du poids de son avenir, le cadet de la famille Thill a marqué pour sa deuxième sélection, à 16 ans seulement. Avec la prestation de Martins, le seul énorme point positif du match face au Nigeria.

Après un match comme celui-ci (qui s’est soldé par la défaite du Luxembourg 1-3, NDLR), on sait un peu mieux ce qu’on doit à la routine, à l’expérience, aux automatismes et à toutes ces valeurs vite désuètes quand on se met à parler d’avenir et des jeunes joueurs qui l’incarnent. Coincé par la programmation de la Coupe et l’impossibilité de sélectionner ses cinq Dudelangeois habituels, Luc Holtz n’a pas contourné le problème : il a allègrement sauté par-dessus. En décidant de préparer l’avenir immédiat, en anticipant largement l’intégration de gamins de moins de 20 ans (dont la très grande majorité est restée sur le banc), en testant des trucs, notamment un nouveau système plutôt bas. Le but contre le Nigeria n’était pas de plaire mais de voir. Ou de revoir, concernant certains garçons.

Les buts du match en vidéo (but de V.Thill à partir de 1’29) :

Moris dans les buts pour la cinquième fois en moins de deux ans ? Il a été bien plus fébrile que sur ces dernières sorties alors que, justement, il lui était offert de prendre date dans son duel à distance avec Joubert. Sa boulette ne lui aura pas permis de marquer des points. Jans à droite ? Ça a été curieusement très moyen pendant 45 minutes, comme s’il redécouvrait ce poste devenu inhabituel pour lui en sélection, mais qui est le sien en club, à Beveren. Martins dans l’axe défensif ? Extrêmement séduisant, mais il y a tellement d’autres alternatives tout aussi crédibles qu’on se demande quand celle-ci prendra de l’épaisseur en match officiel. Sûrement le temps que la nécessité d’avoir un bon relanceur en charnière soit devenue vitale.

Le retour de Jänisch à gauche ? Solide, mais sera-t-il encore là au début de la prochaine campagne quand les titulaires des derniers mois seront à nouveau présents ? Joachim seul en pointe, un peu éloigné de tout le monde y compris de son complément des dernières sorties, Stefano Bensi ? Il a perdu plus de ballons que d’habitude et n’avait peut-être pas, trois semaines après la fin de saison du White Star, le rythme pour être isolé de la sorte. La première sélection de Bohnert ? Malheureusement très fade. Bref, pour la reconstruction, on repassera.

Premier but international à 16 ans

La prestation de mardi soir a parfois été pénible à regarder. Pas mauvaise, non : pénible. C’était l’avant-dernière rencontre avant le début des éliminatoires du Mondial-2018 (un déplacement en Lettonie précédera tout de même le déplacement en Bulgarie), mais la dernière tout court avant la liste des gars qui s’envoleront pour Sofia, début septembre. Et elle a été globalement médiocre. Holtz a prédit lundi soir que certains garçons pourraient être déçus à l’annonce de cette liste bulgare (sous-entendu, des cadres), on l’imagine toutefois difficilement révolutionner son effectif sur la base de cette production contre le Nigeria.

Les hommes de Holtz espéraient contrer une équipe africaine typique dont ils espéraient un gros déchet à la construction; il n’a pas eu lieu et le Luxembourg a joué bien trop bas pour changer son fusil d’épaule.

À peine ce duel pourra-t-il confirmer pour de bon une évidence : Vincent Thill, qui sait désormais qu’il est lié à Metz pour trois ans et n’aura plus à subir les incessantes extrapolations des médias sur son avenir, a fait une entrée qui fait de lui, à 16 ans et quelques kilos, un garçon capable d’apporter quelque chose de tangible à la sélection de son pays, celle des adultes. Contre les gros gabarits nigérians, il a montré ce que Luc Holtz se tue à expliquer : que sa vision du jeu et son touché de balle lui permettent de participer au jeu, de le bonifier même, sans craindre pour son intégrité physique. On pouvait en douter, malgré ce que nous assurait le sélectionneur. Plus maintenant.

Mais Thill a fait encore mieux que ça. S’il s’était borné à montrer cela, son entrée en jeu aurait déjà été un éclatant pied de nez à tout ce qui lui est tombé sur le nez ces dernières semaines, mais le petit milieu de terrain offensif est allé au-delà de ce qu’on attendait de lui. Au bout d’une passe de Joachim, il a pris le temps de fixer un défenseur et le portier nigérian pour transpercer et l’un et l’autre et s’offrir le premier but de sa carrière internationale pour sa deuxième sélection seulement. À 16 ans. Ce n’est pas fantastique, c’est géant.

Cela permet de mettre un point final idéal à une saison qui aura été compliquée pour lui, rendue chaotique par les négociations avec le Bayern Munich. Mais Vincent Thill, visiblement, a des épaules. Avec toute cette pression, il s’en sort par le haut et donne désormais rendez-vous au groupe pro du FC Metz, peut-être, mais avec les A de son pays, à la fin de l’été, sûrement. Il fera déjà figure de certitude chez les Roud Léiwen, ce qui ne sera pas le cas de tout le monde. Mais ça, c’est dans la tête de Luc Holtz…

Julien Mollereau