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Machette et héritage d’or: un Luxembourgeois de 75 ans séquestré au Ghana


Le septuagénaire luxembourgeois avait été victime d'un phishing avec une histoire d'héritage d'or. (photo d'illustration AFP)

Depuis lundi, deux hommes et une femme âgés de 32 à 47 ans sont jugés par la chambre criminelle du tribunal d’arrondissement. On leur reproche d’être complices d’une affaire d’extorsion. Fin juin 2014, un résident du Grand-Duché de 75 ans s’était fait séquestrer au Ghana, sur fond d’une histoire d’héritage d’or. Il avait été libéré après que son associé avait viré 100 000 euros.

« C’est très urgent. J’ai besoin d’argent pour ouvrir un café au Ghana.» Voici le message que l’associé de la victime avait reçu par téléphone fin juin 2014. « Quand il m’a dit cela, j’ai su immédiatement qu’il avait des ennuis », a expliqué le témoin, lundi, devant la chambre criminelle. Après avoir reçu d’autres appels pas plus rassurants, il avait fini par verser les 100  000  euros sur un compte en Allemagne. Le témoin précise que c’est la cinquième fois que son collègue se rendait au Ghana, jamais auparavant il n’avait eu de problèmes.

Il est revenu sur la raison qui l’a conduit à entreprendre son voyage au Ghana fin juin  2014. « On m’a demandé de faire ce voyage pour aider un garçon à hériter de l’or. » C’est sur internet que l’homme, âgé aujourd’hui de 78 ans, indique avoir fait la connaissance de ce jeune homme. Une fois arrivé au Ghana, il explique avoir contacté le soi-disant avocat du garçon  : « Il disposait du certificat qui disait que l’or lui appartenait .» Lundi, la victime était toutefois affirmative  : « Ce n’était pas un avocat. »

Toujours est-il que le septuagénaire a fini par être pris en otage au cours de son voyage au Ghana. Il indique avoir été extrait d’un taxi alors qu’il changeait d’hôtel. Ses agresseurs lui avaient immédiatement pris son passeport. « J’avais un bandeau sur les yeux quand ils m’ont ramené dans un bâtiment» , a témoigné la victime qui affirme également avoir eu les mains ligotées dans le dos. Ils m’ont gardé sept jours dans la pièce jusqu’à ce que je sois d’accord avec la somme d’argent. »

L’homme d’affaires explique avoir reçu des coups lors de la discussion de sa rançon  : « Ils ont utilisé une machette. L’un me frappait, l’autre me tenait. » Il a également affirmé qu’il pensait que ses ravisseurs cherchaient à avoir 5  000  euros. « Et puis ils m’ont frappé vraiment fort. » C’est ainsi qu’il avait donc relevé le montant à 54  000  euros pour en finir avec un montant de 100  000  euros.

«Mon intention était d’aider le garçon»

« Vous ne trouviez pas que cette histoire d’héritage d’or était un peu tirée par les cheveux? », a interrogé la présidente de la chambre criminelle, Élisabeth Capesius, le septuagénaire. « Non.» Sur demande du tribunal, il a précisé qu’avant son départ au Ghana, il avait été en contact pendant plusieurs mois avec le jeune homme en question et qu’il lui avait déjà envoyé de l’argent. « Comme j’aime bien le Ghana, mon intention était de pouvoir l’aider avec des petits montants.»

Les trois personnes qui se trouvent aujourd’hui sur le banc des prévenus n’étaient pas présentes au Ghana lors de la séquestration. D’après l’enquête, elles ont joué leur rôle lors du transfert au Ghana de la somme extorquée. Ainsi, le 2  juillet  2014, la prévenue Katarina G. (47  ans), originaire d’Allemagne, s’est rendue à la banque pour prélever 80  000  euros. Dans la foulée, elle a transféré 4  800  euros au Ghana en passant par une autre banque. L’enquête relève, par ailleurs, qu’elle s’est rendue ensuite avec le reste de l’argent à Mannheim où elle a rencontré les deux autres prévenus, Clement E. (39  ans) et Simeon M. (32  ans), originaires du Nigeria.

Dans ses dépositions auprès de la police, Clement E. a affirmé ne pas avoir eu de provision pour faire un quelconque virement. De la même manière, Simeon M. a affirmé n’avoir aucun rapport avec toute l’affaire. Katarina G., quant à elle, a indiqué lors de son arrestation avoir été victime d’un phishing sur internet et qu’on lui avait promis une provision de 1 500 euros. Le procès se poursuivait ce mardi après-midi avec l’audition des prévenus.

Fabienne Armborst