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Poursuivis pour 88 cambriolages au Grand-Duché


"Les petits ruisseaux font les grandes rivières» : d'après le calcul des enquêteurs, le groupe de malfrats avait dérobé le montant considérable de 169872 euros. (Photo : F.A.)

Depuis mardi, la 13e chambre criminelle se penche sur une série de 88 cambriolages commis entre 2014 et fin 2017. Sur le banc des prévenus, six hommes âgés de 27 à 62 ans.

Hôtels, cafés, maisons unifamiliales, agences de voyage, boulangeries, boucheries… La série de cambriolages sur laquelle les enquêteurs avaient relevé toujours les mêmes traces ADN est longue. Dans quasiment tout le Grand-Duché, les malfrats avaient sévi entre 2014 et fin 2017, emportant la plupart du temps argent liquide, chèques-repas et cigarettes… En additionnant l’ensemble des fonds de caisse et le contenu de petits-coffres forts qui ont fait l’objet d’une plainte, on arrive à un montant non négligeable de 169 872 euros et 2 000 dollars dérobés.

Si aujourd’hui les prévenus sont poursuivis pour une série de 88 faits, l’enquêteur du SREC Luxembourg de l’époque pense que le «chiffre noir est bien plus élevé. Tous les jours il y a des cambriolages, mais les traces ne sont pas toujours exploitables».

L’Opel Zafira saisie à Christnach

C’est mi-septembre 2016, lors du cambriolage de la buvette du club de foot à Christnach – on est déjà au 49e fait de la série – que l’enquête a connu une avancée considérable. L’un des individus peut être arrêté en flagrant délit. La police ne réussit pas à rattraper les deux «Albanais», avec qui il prétend avoir commis les faits, mais elle saisit une Opel Zafira avec des plaques d’immatriculation françaises. Le fichier de la police renseigne que cette voiture dont le propriétaire, S., est identifié, fait l’objet de nombreux avertissements taxés pour s’être mal garé à Luxembourg, dont trois fois à proximité du domicile de José R., l’homme interpellé… Un indice qu’ils ne viennent pas juste de faire connaissance, comme le quinquagénaire le prétend.

Le coffre-fort de 250 kg

Les empreintes digitales de José R. permettent, par ailleurs, de le relier au cambriolage d’une maison à Syren, une nuit d’avril 2014. L’enquête se poursuit. Un coffre-fort, retrouvé au bord de l’A7 fin octobre 2016, livre un nouvel indice aux enquêteurs. Les écoutes lancées début novembre ainsi que les nombreuses observations portent leurs fruits. Les allées et venues d’individus dans la rue de Neudorf, où réside José R., confirment certains soupçons. Au cours de l’année 2017, d’autres traces mènent encore vers José R. L’étau se resserre. Début novembre, une observation aboutit finalement à l’arrestation de trois hommes. Cette nuit, ils sont passés à l’action à Ettelbruck. La police ayant vu le trio remplir le coffre d’une voiture, elle décide d’intervenir. Le conducteur est arrêté avec un coffre-fort faisant 250 kg. José R., qui rentrera en train avec le troisième homme, se fera intercepter en gare de Luxembourg.

Prévenu absent : «Il n’a rien, il court, il parle»

Le propriétaire de l’Opel Zafira, qui avait été saisie après le cambriolage à Christnach, semble pour sa part avoir senti que cela sentait mauvais pour lui. Il n’a en effet plus été revu par les enquêteurs au Luxembourg… jusqu’à son extradition. Aujourd’hui, il dort donc à Schrassig. «C’est un groupe organisé qui s’est établi au Luxembourg. Sa composition a évolué au fil du temps», commentait mardi matin l’un des enquêteurs. Les traces ADN relevées leur avaient permis de remonter jusqu’à un cambriolage commis dans un hôtel place de la Gare, à Luxembourg, début mars 2014.

Mardi matin, ils devaient donc être six sur le banc des prévenus. Mais ils n’étaient que cinq à se présenter. Par le biais de son avocate, José R., poursuivi pour avoir été l’«homme central» dans cette affaire – ses traces ADN ont permis aux enquêteurs de le relier à 83 des 88 faits (soit 94 %) – a en effet fait parvenir à la 13e chambre criminelle un certificat médical attestant qu’il souffre d’un état de stress post-traumatique. Une excuse que l’un des coprévenus, qui est également en détention préventive à Schrassig, n’a pas acceptée : «Il n’a rien, il court, il parle.» «Même si j’ai tendance à vous croire, je ne peux rien faire. On a un certificat médical», lui a répondu la présidente. Seuls deux des prévenu jugés ne sont pas en détention préventive. Le procès se poursuivra toute la semaine.

Fabienne Armborst