Menace au Kirchberg : une évacuation dans la panique

Le cinéma Utopolis et le centre commercial Auchan, situés sur le plateau du Kirchberg, ont été évacués, jeudi, en fin d’après-midi à cause d’une «menace concrète» selon la police après un coup de fil anonyme.

Clients et employés ont été évacués des deux bâtiments. Des scènes de panique ont eu lieu dans le grand centre commercial.

L’Utopolis et l’Auchan Kirchberg évacués, des policiers lourdement armés quadrillant les rues, des camions de pompiers gyrophares allumés, une vingtaine de personnes avec des couvertures de survie devant le bâtiment d’Unicredit… Une partie du Kirchberg a vécu des heures d’angoisse, jeudi en fin d’après-midi.

Vers 17 h 45, un coup de téléphone anonyme menaçant a été reçu par l’Utopolis. La direction du complexe a prévenu les autorités qui n’ont pas voulu prendre de risques dans le contexte terroriste actuel. La zone concernée par cette menace a alors été quadrillée par les forces de l’ordre : le complexe cinématographique Utopolis et le centre commercial Auchan Kirchberg. «Il s’agit d’une menace concrète», a brièvement indiqué un porte-parole de la police grand-ducale au début de l’opération. Des centaines de personnes ont été évacuées par la police. La route longeant les deux bâtiments (sens rond-point Serra Luxembourg) a été fermée à la circulation.

«J’étais en train de regarder un film à l’Utopolis quand vers 17h45-17h50, toutes les lumières de la salle se sont tout à coup allumées, explique un témoin. Le personnel du cinéma est apparu et nous a demandé d’évacuer. Tout cela s’est déroulé sans panique. Quand nous sommes arrivés dans le hall d’accueil, nous avons vu des policiers armés de pistolets mitrailleurs. Ils nous ont demandé de nous rendre à l’extérieur.» Ce témoin ajoute : «Il n’y avait pas de panique du tout, c’était le calme absolu. Le personnel de l’Utopolis a très bien réagi.»

Une fois dehors, cette personne a pu alors voir débouler de nombreux véhicules de police et de secours devant le bâtiment. Un périmètre de sécurité a été installé et l’évacuation de toute la zone lancée. Les démineurs sont ensuite entrés dans le bâtiment. Les unités spéciales de la police grand-ducale étaient également déployées sur place. Les opérations de recherche pour trouver cette «menace concrète» ont alors commencé.

Des centaines de personnes ont été évacuées en quelques minutes de l’Utopolis et du centre commercial Auchan.

Évacuation chaotique à Auchan

À côté du complexe cinématographique, dans le centre commercial Auchan, l’évacuation s’est quant à elle déroulée de façon un peu plus chaotique. «Je sortais de la réserve pour aller dans la surface de vente, quand j’ai entendu des personnes crier, explique un employé de la grande surface. J’ai pensé à une bagarre au départ. Les gens se sont mis à courir, on entendait : « Sortez, c’est une évacuation. »C’était un peu la panique, des femmes, des enfants, les caddies, les sacs à main, les cris… Ils ont mis tout le monde dehors et assez loin du bâtiment, au niveau des travaux de Luxtram.»

Il était alors 18h. Certains clients et les membres du personnel ont alors dû patienter deux longues heures derrière le cordon de police. Vers 20h, les policiers ont enfin laissé les personnes pénétrer dans le parking souterrain de l’Auchan pour qu’elles puissent récupérer leur véhicule. Mais elles n’avaient pas le droit de pénétrer dans le centre commercial toujours bouclé et fouillé par les unités spécialisées. «Certains ont pu aller chercher leur voiture dans les parkings de l’Auchan, mais moi par exemple, ma clé de voiture est dans mon vestiaire, donc je dois attendre», a poursuivi l’employé du supermarché bloqué derrière le périmètre de sécurité.

Couvertures de survie sur les épaules, des employés de la galerie marchande attendaient aussi d’avoir accès à nouveau au bâtiment pour récupérer leurs clefs de voiture. «On nous a crié : « Dégagez, on évacue! »… On s’est exécutés… mais oui, c’était la grosse panique, explique l’une d’entre elles. Maintenant, on attend pour récupérer nos clés de voiture qui sont restées à l’intérieur.» Le bâtiment de l’Auchan était de nouveau accessible à 21h15. «Pour rentrer chez nous, on s’organise, on va faire du covoiturage, sinon avec le train, on va arriver chez nous à pas d’heure», lançait une employée de boutique qui rangeait son étalage.

L’alerte a été finalement levée à 21h45 et l’Utopolis a pu également rouvrir. Rien de suspect n’a été retrouvé par les forces de l’ordre dans les deux bâtiments fouillés de fond en comble. La police judiciaire a été chargée de l’enquête concernant cet appel menaçant.

Laurent Duraisin et Jeremy Zabatta