Le parquet de Luxembourg reproche au quinquagénaire d’avoir minimisé et nié l’Holocauste dans son ouvrage paru en 2015 à 500 exemplaires.
« Je n’avais pas de mauvaises intentions et je n’ai pas eu l’intention de remettre en question l’Holocauste. » À la barre de la 9e chambre correctionnelle, jeudi après-midi, le prévenu Hubert H. (58 ans) a également déclaré avoir bien été conscient d’aborder un thème sensible, mais pas à quel point son ouvrage pourrait affecter les gens. Il considère que la plupart des passages cités par le parquet sont rédigés au conditionnel ou sous forme de questions.
Son livre intitulé Seit wann fahren Sklaven Auto? Mit neuem Wissen in die Freiheit (Depuis quand les esclaves conduisent la voiture? Avec de nouvelles connaissances vers la liberté) était paru au printemps 2015. À la suite d’une plainte déposée au parquet qui dénonçait ce livre, une enquête avait été ouverte. « J’ai vite constaté que c’était un livre avec des théories de conspiration », avait soulevé l’enquêteur au cours de la première audience du procès au mois de février. Lors de son audition à la police, le quinquagénaire avait déclaré ne pas être au courant de l’existence de l’article 457-3 du code pénal. Hubert H. est poursuivi pour avoir minimisé et nié l’existence de l’Holocauste.
L’un des passages de son ouvrage de 300 pages avait particulièrement attiré l’attention du parquet : «Des cheveux coupés (à cause des poux), des tas de chaussures et de vêtements (les prisonniers ont reçu des uniformes), des tas de bidons de Zyklon B vides (pour désinfecter), des photos de prisonniers maigres (qui ont souffert du typhus), tous des éléments qui nous font frémir et éveillent notre compassion. Tous ces éléments ne sont pas des preuves d’un holocauste avec les chambres à gaz.»
L’avocat du prévenu a plaidé l’acquittement, hier. « Mon client n’a pas contesté par ses propos l’existence de la Shoah. Il a utilisé des formulations malencontreuses . Il ne s’agissait pas de contester ou de minimiser l’holocauste juif », a soulevé M e Bingen.
«Des propos nauséabonds»
Me François Moyse, l’avocat de la partie civile représentant l’association MemoShoah, a parlé de « propos nauséabonds ». « C’est une atteinte à la vérité judiciaire », a-t-il poursuivi en se référant au tribunal international de Nuremberg qui a reconnu la culpabilité du régime nazi après la guerre.
Le parquet rejoint la position de la partie civile. « Pour les faits reprochés au prévenu, il n’y a pas de place pour l’interprétation. Il minimise les horreurs nazies , considère le substitut principal. Je suis d’avis que les infractions sont punissables .» Au regard de la gravité des faits et du fait que le prévenu ne laisse pas de place au repentir, le parquet requiert 18 mois de prison et une amende à l’encontre du prévenu. Il demande également la confiscation des exemplaires du livre que le quinquagénaire compte encore chez lui.
Prononcé le 4 mai.
Fabienne Armborst