Fin août, Nordahl Lelandais sortait brutalement de l’anonymat : ce passionné de chiens de 34 ans, décrit comme gentil ou au contraire violent, est suspecté aujourd’hui d’avoir tué la petite Maëlys et le jeune caporal Arthur Noyer, ce qu’il nie.
L’ancien maître-chien de l’armée de Terre a été inculpé mercredi à Chambéry, ville des Alpes françaises, pour l’assassinat d’un militaire de 23 ans, Arthur Noyer, dont l’ADN a été trouvé sur les restes d’un crâne humain découvert le 7 septembre. Nordahl Lelandais était déjà mis en examen à Grenoble depuis le 30 novembre pour l’enlèvement et le meurtre de Maëlys, âgée de presque 9 ans au moment de sa disparition lors d’un mariage fin août.
Pourrait-il être un tueur en série ?
Cette double accusation a conduit les enquêteurs à rouvrir les dossiers des disparitions non élucidées dans la région, soulevant la question d’un tueur en série. La presse a notamment mentionné ceux de deux hommes à un an d’intervalle, en 2011 et 2012, en marge d’un festival électro en Savoie. Est également citée, la disparation début juillet d’Adrien Mourialme, un Belge de 24 ans qui travaillait comme chef-cuisinier dans un restaurant huppé sur les rives du lac d’Annecy.
Nordahl Lelandais, qui nie farouchement toute implication dans la disparition de Maëlys, conteste également sa responsabilité dans l’assassinat du caporal, même s’il admet s’être trouvé dans la région en même temps que le militaire la nuit de sa disparition. La personnalité du suspect et son sang-froid lors des interrogatoires intriguent fortement les enquêteurs. Selon différentes sources, il est « calme, froid, serein, parfois muet mais pas fuyant ».
Les expertises informatiques ont montré une importante consommation de pornographie. Une source avance l’hypothèse d’un « prédateur sexuel ». Des recherches sur internet effectuées le 25 avril, soit quelques jours après la disparition du caporal Noyer, avec les mots clés « décomposition d’un corps humain » ont été retrouvées dans son téléphone.
Un homme, deux visages
Le trentenaire, athlétique, est dépeint comme « très gentil par ses amis » et sa famille. Sa mère a toujours clamé qu’il était « impossible » que son fils ait commis des atrocités. Il le lui a « juré les yeux dans les yeux », après son premier parloir début octobre. A l’inverse, « d’autres le décrivent comme violent ». D’ex-partenaires ont sollicité son premier conseil, Me Bernard Méraud, pour faire retirer des vidéos en ligne à caractère sexuel où elles apparaissaient.
Nordahl Lelandais est né le 18 février 1983 à Boulogne-Billancourt, aux portes de Paris, et sa passion pour les chiens est un fil rouge dans son existence. Il intègre un bataillon cynophile de l’armée à 19 ans avant d’être réformé quatre ans plus tard avec le grade de caporal pour « troubles psychologiques ». Revenu dans les Alpes, il tente de se lancer dans l’éducation canine mais l’activité ne décolle pas. Selon Me Méraud, il enchaîne ensuite les missions d’intérim et les « petits boulots ».
Souffrant d’une hernie discale, ce consommateur occasionnel de cocaïne est retourné cette année vivre chez ses parents, modestes retraités. Fin avril 2009, il a été condamné à 30 mois de prison, dont 12 ferme, pour avoir cambriolé et incendié, avec d’autres personnes, un restaurant. Et il « niait avoir participé », relève une source proche du dossier. Les photos qui circulent du suspect montrent un homme glabre, le cheveu ras. Mais son visage n’est plus le même depuis qu’il est incarcéré. « Il porte la barbe, grise, et ses cheveux ont poussé, poivre et sel. Il est méconnaissable », confie une source proche du dossier, pour qui « le physique est parfois le reflet de l’esprit ».
Le Quotidien/AFP