Le procès du SREL comporte pas mal d’éléments qui pourraient figurer dans un polar. On pourrait s’amuser de la supposée naïveté des uns ou des affirmations insolites des autres. Mais les conséquences réelles sont lourdes.
Le point de départ est un CD crypté qui contiendrait l’enregistrement d’un échange entre un chef d’État et son Premier ministre sur une affaire explosive, jamais résolue, et qui aurait impliqué le frère du souverain. Mis au courant par un mystérieux informateur, lui-même contacté par des collaborateurs de la Cour, les services secrets informent sans tarder leur supérieur politique. Selon les dires des agents secrets, le ministre d’État serait sorti de ses gonds, indice pouvant confirmer qu’il était au courant de l’enregistrement. Enfin en possession du CD, apparemment vide, le Service de renseignement lance une écoute sur l’informant nébuleux. Ces écoutes, restées sans résultats, sont suivies par un enregistrement à l’aide d’une montre-bracelet d’une conversation confuse entre le Premier ministre et le directeur du renseignement. Ce fichier finit par fuiter dans la presse. L’affaire politique qui s’ensuit mène à la chute du Premier ministre.
Improbable? En tout cas, ce scénario s’est produit dans ses grandes lignes entre 2005 et 2013 au Grand-Duché. Il est débattu depuis mardi devant la justice. On aura rarement vu un procès où le fonctionnement d’un Service de renseignement est autant mis à nu.
Trois ex-agents se voient reprocher une écoute illégale, menée sans l’aval du Premier ministre. Mais derrière cette inculpation se posent pas mal d’autres questions. Aussi farfelues qu’elles puissent paraître, les affirmations et motivations de Loris Mariotto, qui a révélé l’existence du CD crypté, auraient mérité de plus amples clarifications. Ce dernier s’est constitué partie civile. Du coup, il ne pourra pas être entendu sous serment. «Malin», selon un avocat de la défense. Ou est-ce un indice pour indiquer que la fin du polar reste encore ouverte?
David Marques