L’ancien président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, n’a pas violé les règles « d’intégrité et de réserve » de l’UE en acceptant un poste à la banque d’affaires Goldman Sachs, a estimé le comité d’éthique de l’UE dans un avis publié lundi. Il juge toutefois son choix peu judicieux.
« Sur la base des informations fournies par M. Barroso dans une lettre adressée au président Juncker, et considérant le Code de conduite pour les commissaires, il n’y a pas d’éléments suffisants pour établir une violation du devoir d’intégrité et de réserve », conclut le comité, dont l’avis est non-contraignant. Il avait été saisi en septembre par la Commission elle-même face à la vague d’indignation déclenchée par l’arrivée de l’ex-chef de l’exécutif européen (2004-2014) chez Goldman Sachs, institution vilipendée pour son rôle supposé dans le déclenchement de la crise des subprimes et celle de la dette grecque.
« M. Barroso aurait dû être conscient et informé qu’en agissant ainsi, il déclencherait des critiques et risquerait de nuire à la réputation de la Commission, et de l’Union en général », soulignent les rapporteurs du comité dans leur avis. Le comité a bien considéré le fait que José Manuel Barroso « n’a pas fait preuve du bon jugement que l’ont pourrait attendre de quelqu’un qui a occupé un poste à haute responsabilité pendant de si longues années », mais n’a pas pu établir d’entorse au règlement. « Il ne revient pas au comité de savoir si le Code est suffisamment strict », est-il encore précisé.
Un manque de discernement
La tempête médiatique est « certainement une indication pertinente, mais pas suffisante en elle-même » pour conclure que les règles éthiques ont été violées, poursuit le rapport, qui note que Goldman Sachs opère dans le respect des lois. Les nouvelles fonctions auxquelles le Portugais est appelé auront « certainement » un lien avec son précédent mandat à la tête de la Commission, reconnaît le comité, d’autant que José Manuel Barroso a dû s’atteler à réformer le secteur bancaire en pleine crise. Les règles imposent une « période de refroidissement » de 18 mois aux anciens commissaires, durant laquelle ils doivent demander une autorisation à leur ancien employeur pour rejoindre un groupe privé. Et cette période a été respectée, rappelle le comité.
Plus d’un an et demi s’est en effet écoulé depuis le départ de Bruxelles de José Manuel Barroso, en novembre 2014. La Commission européenne actuelle va maintenant se donner le temps d’examiner les conclusions du comité.
Le Quotidien/AFP