Comme le veut la tradition au Festival international du film d’amour de Mons, une personnalité est mise à l’honneur à travers son coup de cœur. C’est dans ce cadre-là que nous avons rencontré Melvil Poupaud, un acteur aussi talentueux que discret. Rencontre.
Le Quotidien : Cela doit vous faire plaisir de recevoir un hommage alors que vous êtes encore un jeune acteur…
Melvil Poupaud : Oui bien entendu, même si j’ai commencé à faire du cinéma il y a presque trente ans. Mais au-delà de tout cela, ce qui me fait encore plus plaisir, c’est que 2015 est une année où j’ai plusieurs films qui sont sortis et ici à Mons, j’ai un film en compétition internationale « Tête baissée » de Kamen Kalev, et un autre en compétition européenne « Le Grand Jeu » de Nicolas Pariser.
C’est vous qui avez choisi les films qui seront présentés durant toute cette semaine ?
Au départ, ils avaient leurs idées et avaient sélectionné un film de François Ozon, « Le temps qui reste ». À mon sens, « Le temps qui reste », « Laurence Anyways » de Xavier Dolan et « Tête baissée », c’était un peu trop noir, trop plombant. C’est pourquoi, je leur ai proposé de remplacer le film de François Ozon par « Conte d’été » d’Eric Rohmer, qui est une comédie plus légère. Histoire de contrebalancer. C’est à ce niveau-là que j’ai participé au choix des films qui sont présentés dans le cadre de mon hommage.
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Vous avez commencé à faire du cinéma dès l’âge de 10 ans. En avez-vous toujours eu envie ou est-ce un hasard de la vie ?
C’est plutôt un hasard de la vie. Ma mère, étant dans le cinéma et cinéphile, m’a montré beaucoup de films et donc transmis la passion du cinéma. Un jour, alors qu’elle travaillait avec Raoul Ruiz, elle a appris qu’il cherchait un petit garçon pour son nouveau film. Elle m’a présenté et j’ai été retenu. Depuis, Raoul Ruiz m’a engagé douze fois et je pense que sans lui, je n’aurais jamais commencé le cinéma, parce que je suis une personne discrète et assez timide. Maintenant, avec le recul, non seulement j’ai eu la chance de travailler avec d’autres metteurs en scène, mais en plus, c’est un métier qui me plaît vraiment.
Votre filmographie comprend principalement des films d’auteurs. Est-ce que vous n’auriez pas envie, un jour, de jouer dans un film grand public ?
Non, autrement je l’aurais déjà fait parce qu’on m’en a déjà proposés. Je ne choisis pas un film pour son potentiel d’entrées ou de festivals, mais plutôt pour un metteur en scène qui va prendre des risques, qui est passionné par son film. Je n’ai pas de plan de carrière. Il se trouve que les metteurs en scène avec lesquels j’ai travaillé sont plutôt des réalisateurs de films d’auteurs. Et c’est tant mieux car on partage la même passion du cinéma. Aujourd’hui, le cinéma est assez formaté, on a l’impression que les gens font du cinéma pour ramasser de l’argent, quitte à faire pas mal de concessions au système et aux codes en vigueur. Ça, j’évite !
Vous avez déjà réalisé six courts-métrages, à quel moment pensez-vous franchir le pas pour un long métrage ?
Dans très peu de temps. Actuellement, je suis en train de terminer l’écriture d’un scénario et si tout va bien, je passerai à la réalisation dès l’année prochaine. Mais je préfère ne pas en dire plus.
Brigitte Lepage
Plus d’infos sur le site du Festival international du film d’amour de Mons.