Au second jour de son procès, Francis Heaulme a été un peu éclipsé par Patrick Dils, le premier accusé condamné dans cette affaire, acquitté en 2002, mais dont la culpabilité est encore certaine pour plusieurs des parties civiles.
Patrick Dils devait être entendu en direct à partir de 13h30 par visioconférence depuis Bordeaux. L’audition du premier témoin de la journée, François-Louis Coste, l’avocat général des assises du Rhône, qui avait obtenu son acquittement en 2002, a déjà focalisé les débats sur Dils. Pendant plus d’une heure, racontant en détail les débats de Lyon, François-Louis Coste s’est employé, point par point, à démonter le dossier d’accusation de l’époque.
Il a notamment critiqué l’inspecteur Varlet, celui qui en avril 1987 a obtenu les aveux de Patrick Dils, à l’époque âgé de 16 ans. Le policier sera pour sa part entendu le 4 mai. Petit, le crâne légèrement dégarni, une veste en cuir sur le dos, François-Louis Coste est entre autre revenu sur l’horaire de la mort d’Alexandre Beckrich et Cyril Beining. Le dernier signe de vie remonte à 17h15 en ce dimanche 28 septembre. Or Patrick Dils n’est, selon lui, rentré à Montigny que vers 18h45.
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La nuit tombant à 18h52 ce jour là, cela ne lui aurait laissé que quelques minutes pour tuer les deux enfants. De quoi susciter le doute, selon François-Louis Coste. D’un ton docte, il a également évoqué le «désordre le plus incroyable» du dossier lorsqu’il en a été saisi, en 2001. Un désordre, affirme-t-il, qui semblait fait pour mener sans doute possible à la condamnation de Dils Quant aux aveux du jeune adolescent, «atroces, absolument terribles, épouvantables», au point de «ne pas en dormir», il admet comprendre, en les détaillant, la première condamnation de Dils en 1989.
«Il y décrit tout, comme un horloger décrirait le mécanisme de sa montre. (…) C’est insensé quand on y réfléchi», qu’il soit si précis. «Le pic de ces aveux, c’est une réflexion insupportable quand je frappais la tête des enfants, ça faisait le bruit d’un melon qu’on écrase.» Une évocation qui fait trembler les familles de Cyril et Alexandre, présentes sur les bancs des parties civiles.
«Montigny c’est pas moi»
Mais ces aveux obtenus d’un adolescent de 16 ans ne valent pas preuve ultime, selon lui. Surtout dans un dossier où trois personnes ont affirmé avoir tué les garçons. Francis Heaulme – dont la présence non loin des lieux avait été déterminante dans l’acquittement de Dils – n’a lui, jamais avoué. «Montigny, c’est pas moi», a-t-il clamé mardi. «Je n’étais pas sur le talus», a-t-il répété mercredi, interrogé par le président. Il avait affirmé l’inverse lors de son premier procès, avorté, en 2014.
Impassible, les bras croisés, il a écouté avec attention sa défense attaquer François-Louis Coste, ce «réserviste de l’accusation», qui s’est mélangé dans des dates. Les avocats du «routard du crime» ont souligné des imprécisions dans ses déclarations, sorti les plans des lieux du crime dessinés par Patrick Dils et Francis Heaulme, afin de montrer que celui du premier était bien plus précis.
«Oui, mais il vivait là !», s’agace monsieur Coste. «Mais Francis Heaulme vivait à deux kilomètres, et travaillait juste à côté !», réplique Me Liliane Glock. «Vous avez été l’avocat de Patrick Dils», lance à François-Louis Coste Me Dominique Rondu, qui défend les parents d’Alexandre. Et de refaire, lui aussi, le procès Dils. Il rappelle que les pierres désignées par le jeune homme sont bien celles qui ont servi à leur enfoncer le crâne, comme l’a montré la reconstitution avec Dils, à laquelle il était «le seul ici» présent. Une matinée qui laisse présager un climat tendu lorsque patrick Dils commencera à témoigner.
Le Quotidien/AFP