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Pour les bars et cafés de la capitale, la coupe est pleine… d’eau


Um Piquet, la terrasse habituellement bien fréquentée était vide en ce mardi midi.

Que d’eau, que d’eau ! Trop pour les cafetiers de la capitale, qui se plaignent d’une baisse de fréquentation de leurs terrasses, et pour les clients, qui se languissent d’un verre au soleil.

Du mois de septembre au mois d’août, on a mis des bottes en caoutchouc sous le ciel gris-bleu d’eau de pluie. Les essuie-glaces ont bien marché. Et les terrasses des cafés? «Pas super !», répond un serveur en train d’éponger les tables et les chaises de sa terrasse vide entre deux averses, mardi midi. Les mois de mars, avril et mai ont été mauvais. Juillet prend la même direction. Seul juin a été un peu meilleur.

La saison a été comme la météo, pourrie, pour les cafés et les bars de la capitale. Les terrasses, pourtant sorties tôt, n’ont pas connu le succès escompté. «Franchement, qui irait s’installer en terrasse dans le froid et sous la pluie ? Ce n’est pas agréable. J’ai longtemps attendu avant de pouvoir descendre boire mon café au soleil», note Fernand, un retraité bavard, journal roulé à la main. «Pendant l’hiver, on ne croise personne, alors le petit café du matin entre voisins dès le printemps fait du bien. C’est mieux que de rester enfermé à l’intérieur à s’ennuyer.»

Au Pfaffenthal, nouveau pôle d’attraction touristique de la capitale, une famille barcelonaise s’est réfugiée sous le parasol d’un café-restaurant. Leurs capelines dégoulinent. «Nous sommes arrivés lundi et avons découvert plein de jolis petits coins où nous arrêter pour boire un verre pendant que nous visitons, mais avec ce temps, ce n’est vraiment pas agréable. Alors nous ne nous attardons pas», explique Rosa.

Flâner en terrasse pour bouquiner, papoter ou observer les passants est une activité typiquement estivale. «Sinon quel est l’intérêt de rester en terrasse ?», bougonne Catherine. «S’il fait mauvais, les plats refroidissent, on est mouillé et on risque de tomber malade. Alors je préfère rester chez moi. Cela évite aux serveurs de courir pour moi.» On y pense moins, mais les garçons de café font des allers-retours sous la grisaille à longueur de journée.

Les vêtements de pluie sont de rigueur. Les petites robes légères ont été rangées au placard.

Les parapluies de Luxembourg

«Nous avons subi une chute de notre chiffre d’affaires. Nous avons eu un très, très mauvais printemps et un très, très mauvais début d’été», confie Alexandre De Toffol, patron du Häerz, à l’angle de la Grand-Rue et de la rue des Capucins. «La terrasse est ouverte tous les jours, mais les gens n’ont pas envie de s’y installer. La meilleure marquise au monde ne suffit pas à arrêter le vent et la pluie.» Il ne perd toutefois pas espoir. «J’espère que l’été va finir par arriver et s’étirer jusqu’au mois d’octobre.»

Place du Marché-aux-herbes, devant le Palais grand-ducal, lieu incontournable pour tout touriste qui se respecte, pas un photographe amateur pour prendre un cliché du garde dans sa guérite. Qu’il fasse soleil, qu’il pleuve ou qu’il vente, il est fidèle au poste et était bien le seul ce mardi matin. Les terrasses étaient, là aussi, également vides.

«J’ai repris le Bistrot de la presse depuis moins d’un an, donc je n’ai pas de point de comparaison. Mais je dirige d’autres établissements à Luxembourg, donc je peux confirmer l’impact considérable de la météo sur la fréquentation des terrasses», confie Ejup Abdili. «Notre activité commerciale a souffert. Nous comptons à présent sur un été indien. Toute cette eau a profité à d’autres. Aux agriculteurs notamment.» Pour Ejup Abdili, le mauvais temps n’est pas le seul responsable de cette baisse de fréquentation, la hausse des prix des matières premières répercutée sur les tarifs de la restauration joue également un rôle.

«Heureusement, notre établissement ne dépend pas uniquement de la fréquentation de la terrasse. Je pense que l’impact a dû être plus grand encore pour les organisateurs d’évènements», poursuit celui qui, avec son frère, dirige notamment les deux cafés Konrad et le Lady Jane à quelques pas de là. Il a d’ailleurs pour projet d’aménager le jardin intérieur du bistrot avec un toit amovible pour accueillir des clients au sec, peu importe le temps. «En tant qu’entrepreneurs, nous devons nous montrer créatifs si nous ne voulons pas être dépendants de la météo.»

à l’opposé, au-delà du Knuedler et de la place d’Armes, niché entre l’ancienne poste et le tout nouveau complexe Hamilius, le Rock Solid Um Piquet jouit d’une immense terrasse très bien fréquentée dès les premiers rayons du soleil jusqu’à tard dans la nuit. Mardi midi, qui souhaitait s’y attabler avait l’embarras du choix. Seul un jeune homme y dégustait une bière en guise d’apéritif. «Nous constatons une baisse de fréquentation importante par rapport à l’année dernière depuis le début de la saison. Même si nous avons la chance d’avoir une clientèle plus jeune qui ne craint pas la pluie», constate Sébastien Thiry, le gérant du lieu. «L’année dernière a été exceptionnellement bonne. Cette année n’est pas catastrophique et la plupart des places sont couvertes par des parasols.»

Des parasols qui font office de parapluie. Au Luxembourg, on a tendance à penser que l’été se termine en même temps que la Schueberfouer. Un mois jour pour jour avant le début de la foire, les cafetiers croisés espèrent tous que cette «tradition» sera contredite par la météo.

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