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Pollution de l’Alzette : un «terrible et regrettable incident»


Une des cuves de traitement des eaux usées dans la station d'épuration de Beggen. (photo Alain Rischard)

La résolution d’une panne informatique à la station d’épuration de Beggen aurait causé l’ouverture automatique d’une vanne qui n’aurait pas dû l’être, provoquant ainsi la pollution de l’Alzette et la mort de poissons à Walferdange.

Une vanne coupant l’arrivée des eaux usées dans un réservoir annexe et inutilisé, fermée manuellement depuis plus de deux ans, est à l’origine de cette pollution de l’Alzette. Au total, 20 000 mètres cubes d’eau souillée se sont déversés dans le cours d’eau depuis Beggen, causant des dégâts sur la faune et la flore locales.

Vendredi soir, vers 18h15, une alarme s’est déclenchée au sein de la station d’épuration la plus importante du Grand-Duché : un ordinateur ne fonctionnait plus. Tout le fonctionnement de la station d’épuration est automatisé et 500 alarmes doivent alerter les employés en cas de panne, comme ce fut le cas ce soir-là. Un électricien a été appelé sur place par la personne de permanence.

Pensant le problème informatique réglé après un «restart», les deux hommes ont quitté les lieux vers 22 h, sans se douter que cette procédure serait à l’origine d’une pollution. Les responsables de la station d’épuration pensent qu’à la suite du «restart», le système d’exploitation s’est remis à zéro et que la vanne fermée manuellement est passée en mode automatique et s’est ouverte. Les conséquences sont connues depuis samedi après-midi.

La bourgmestre de Luxembourg, Lydie Polfer, a fait son mea-culpa mardi, de même que les responsables de la station d’épuration : «Il s’agissait d’une erreur non programmée. Nous n’avions pas conscience que ce problème pouvait arriver, c’est pour cette raison que nous n’avions pas prévu d’alarme à cet endroit.»

Agrandissement à 200 millions d’euros

Pour éviter que le problème ne se répète, les responsables envisagent de mettre en place un système d’alerte en cas de déversement d’eaux usées dans l’Alzette.

Heureusement, les 20 000 mètres cubes étaient déjà passés à travers trois phases d’épuration pour enlever les plastiques, le sable et les graisses et il ne s’agit pas d’une pollution chimique. La Ville de Luxembourg a promis de «réparer les dégâts une fois qu’ils auront pu être estimés» avec le concours de l’administration des Eaux et Forêts.

Ce «terrible et regrettable incident» est survenu alors que la station d’épuration de Luxembourg-Beggen tourne au maximum de ses capacités. Inaugurée en 2011, elle devait traiter les eaux usées de l’équivalent de 200 000 habitants. La capitale accueillant tellement de travailleurs et de visiteurs et ayant poussé à un rythme tellement frénétique ces dernières années, la station d’épuration doit impérativement être agrandie.

«Les travaux sont déjà en cours», a indiqué l’échevine en charge du dossier, Simone Beissel. Ils seront l’occasion de moderniser et de sécuriser encore davantage les infrastructures. «Une première phase de travaux a été engagée pour 26 millions d’euros», poursuit-elle, la station devant continuer à fonctionner durant les travaux qui, au total, coûteront 200 millions d’euros. La station couvrira alors le traitement de l’eau pour l’équivalent de 450 000 habitants à l’échéance 2030.

Sophie Kieffer