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Les prévenus étonnés de la facilité à commettre les vols de smartphone


«C’était une gaminerie», affirme Mario. «Je n’ai tué personne. Je n’ai pas mérité une telle peine», a lancé Alpha.

Le parquet a requis une peine de 17 ans de prison contre les deux prévenus, qui ont reconnu la facilité avec laquelle ils avaient réussi à voler les smartphones.

Deuxième jour du procès d’Alpha et Mario pour des vols de smartphone avec violences et menaces, notamment au moyen d’une arme. Alpha a attaché ses dreadlocks sur le conseil de son avocat, Me Stroesser. Mercredi après-midi, le jeune homme de 22 ans s’était caché derrière un rideau de tresses, qu’il replaçait méticuleusement après chaque mouvement de tête.

À la barre hier après-midi, c’était la déconfiture. Mario, le premier, en a dit le moins possible sur un ton monocorde. Il ne sait pas pourquoi il a commis les faits qui lui sont reprochés, ni qui étaient les quatre complices avec lesquels il aurait commis le premier vol le soir du 14 octobre 2022 à Niederkorn. «C’était une gaminerie», affirme le prévenu à bout d’arguments face à une juge qui contre chacune de ses réponses. «Non, ce n’était pas une gaminerie. C’est un vol avec violence et menaces la nuit sur un chemin public. Vous risquez 15 à 20 ans de prison», lui répond la présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. «Quinze jours plus tard, vous recommencez en commettant trois faits en une soirée.» «C’était trop facile», répond le jeune homme en écho à son complice présumé pour les faits du 27 octobre 2022.

«J’avais réellement l’intention d’acheter le smartphone de Bascharage pour ma petite sœur», explique-t-il. «Sur l’instant, cela m’a paru facile.» Il a recommencé dans la même journée à Hesperange «pour l’argent», «pour aider la famille de mon meilleur ami, qui était décédé». «Ce n’était pas un truc organisé.»

La présidente a une autre explication directement liée à l’activité annexe à laquelle les deux prévenus sont soupçonnés de s’être livrés à grande échelle : le trafic de stupéfiants depuis la Belgique. Une liste de vendeurs de smartphones a été trouvée sur le téléphone d’Alpha, alias James Remington sur Marketplace. «On peut croire que vous aviez prévu d’autres coups si vous n’aviez pas été arrêtés», indique la juge. «Quand on se livre à un tel trafic, on a besoin de nouveaux téléphones pour ne pas se faire repérer.»

«Mon client a agi au pif»

La représentante du parquet ne s’est pas laissée émouvoir et a requis une peine de 17 ans de prison contre les prévenus pour des faits de vol et de tentative de vol ainsi que d’extorsion avec violences et menaces, séquestration, blanchiment, usurpation d’identité (uniquement pour Alpha) et association de malfaiteurs. Elle a retenu les circonstances aggravantes que les faits du 14 octobre ont été commis de nuit par plusieurs personnes sur un chemin public et n’a pas trouvé de circonstances atténuantes étant donné «la facilité de passage à l’acte» dont ont fait montre les deux jeunes hommes.

Un réquisitoire jugé sévère par Alpha, Mario et leurs avocats, Mes Stroesser et Dobek. «Je n’ai tué personne. Je n’ai pas mérité une telle peine», a lancé Alpha. «Vous auriez risqué bien plus», lui a appris la juge. «Je conçois que mon client mérite une sanction, mais on parle de deux vols et une tentative pour laquelle il n’y a pas eu de commencement d’exécution», a estimé Me Stroesser. «L’énergie criminelle de mon client s’est limitée à une seule journée.»

Pour lui, le faisceau d’indices reliant Alpha aux faits du 14 octobre 2022 ne serait pas de nature à justifier sa condamnation. «Le mode opératoire n’est pas le même», «le dossier ne prouve pas que les armes photographiées dans son téléphone étaient celles utilisées ce soir-là.» Idem pour la photographie de la Clio blanche utilisée pour ces faits. «Alpha voulait s’acheter une voiture. Les Clio sont des voitures communes produites à des millions d’exemplaires.»

L’avocat demande l’acquittement d’Alpha sur ces points. De même que sur la séquestration, la circonstance aggravante de chemin public, l’association de malfaiteurs et le port public de faux nom sur Facebook. «Dans ce cas, les tribunaux vont avoir du travail. Au moins la moitié de la population va se retrouver devant vous», plaide-t-il, insinuant que de nombreux utilisateurs de réseaux sociaux ont des alias.

Me Dobek s’est ralliée à son confrère en ce qui concerne les circonstances aggravantes et l’association de malfaiteurs. Le 27 octobre 2022, «tout s’est passé très vite. Mon client a agi sur le fait (…) au pif», assure-t-elle. «Ils n’étaient absolument pas organisés.» Mario, son client, n’aurait non plus jamais fait usage d’une arme ou de menaces. Il n’aurait tenu que son smartphone. Ce serait d’ailleurs avec ce dernier qu’il aurait causé un traumatisme crânien et une plaie à la tête à une de ses victimes présumées.

L’avocate prie le tribunal de prononcer la peine la plus basse possible, de prendre en compte le fait qu’il est en détention préventive depuis décembre 2022 et d’assortir la peine d’un large sursis. Sursis auquel Alpha n’a, lui, plus droit. Il a été condamné en 2021 pour des faits similaires et un dossier le concernant est en cours d’instruction.

Le prononcé est fixé au 13 juin.

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