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La vente de colis perdus au Kirchberg cartonne


La boutique éphémère a déjà écoulé 10 tonnes de colis perdus depuis son ouverture mardi. (Photo : Claude Lenert)

Depuis mardi, le Kirchberg Shopping Center accueille une boutique éphémère de vente de colis perdus. King Colis y pose carton jusqu’à samedi. Reportage.

Vendredi, 10h30. Voilà une heure et demie que le Kirchberg Shopping Center est ouvert. Dans un coin du premier étage du centre commercial, des clients attendent leur tour entre des poteaux de guidage rouges. Une fois le bout de la file atteint, ils passeront une arche faite de carton, et accèderont enfin à l’objet de leur patience : la boutique éphémère de King Colis.

Installée depuis mardi et présente seulement jusqu’à samedi, la petite échoppe est une première au Luxembourg. Elle amène avec elle le phénomène de la vente de colis perdus. Ici, les acheteurs ne viennent pas acheter ce qui leur plait. Ils viennent farfouiller dans de grandes palettes pour y piocher des cartons et autres paquets qui resteront fermés jusqu’à ce qu’ils repartent de la boutique. Le moment est donc à la surprise.

Martin fait partie de ceux qui découvrent le concept. Elle venait faire ses courses quand elle est soudain tombée sur la boutique. Ni une ni deux, la Dudelangeoise a retardé ses obligations pour se lancer dans la chasse aux colis. «C’est incroyable de tout toucher comme ça.» La mère de famille et le reste des clients ne savent certes pas ce qu’il se trouve dans les paquets, mais ils montent tout de même des stratégies. Celle de Martin : «deviner le contenu au travers du colis et prendre son temps.» Elle espère y trouver des bijoux et des vêtements pour pouvoir se faire plaisir à elle-même. Quelques bacs plus loin, Rose farfouille minutieusement le contenu de la palette devant elle. Prenant un à un les paquets pour les inspecter, elle semble prendre un certain plaisir à la tâche. «Cela me rappelle l’enfance, c’est chouette», s’enthousiasme-t-elle.

 

Killian Denis a fondé l’entreprise King Colis avec son ami d’enfance, Alexis Faure. (Photo : Claude Lenert)

Un phénomène nouveau

Alors que les clients déambulent dans les allées, un homme vêtu d’un gilet beige à l’effigie de King Colis débarque dans la boutique. C’est Killian Denis, l’un des cofondateurs de l’entreprise. Il est suivi d’un chariot plein à craquer de nouveaux colis perdus. «Hier soir, on était en rupture de stock, alors qu’on avait prévu 10 tonnes pour les quatre jours», explique-t-il. L’équipe a donc dû faire revenir sept tonnes de paquetages dans la nuit. «Heureusement que ce matin, c’est assez calme, normalement, il y a une demi-heure de queue.» La boutique éphémère est effectivement un succès. C’est quelque 4000 personnes qui y ont déjà défilé, en seulement deux jours. «Il y a une grosse possibilité de rupture de stock en vue de la journée de samedi !», prévient le cofondateur.

Killian Denis a fondé l’entreprise avec son ami d’enfance Alexis Faure il y a de ça quelques mois, quand une loi française anti-gaspillage a autorisé la revente des colis perdus. Avant cela, les plateformes de logistiques les détruisaient. Maintenant, des entreprises comme King Colis peuvent racheter ces colis auprès des plateformes et les remettre en vente.

Les deux amis y ont vu une belle opportunité d’allier le côté ludique et l’organisation d’évènements à l’écologie et l’anti-gaspillage. «On s’amuse bien en donnant un côté plus soigné aux colis perdus.» A l’image de leur business, la boutique est toute de carton vêtue. Et les stands et les bacs sont fabriqués en produits recyclés. Le choix de l’éphémérité résulte quant à lui de leur envie de créer l’évènement et la surprise. «Aujourd’hui, c’est rare que les gens ne connaissent pas quelque chose, on veut donc leur donner de la nouveauté.»

Une véritable loterie

Une fois la boutique parcourue et les cartons sélectionnés, les clients passent à une étape cruciale : celle de la pesée. C’est le poids de leurs trouvailles qui définit le prix d’achat, le prix au kilo étant de 19,90 euros pour les colis perdus standards et de 27,90 euros pour les colis perdus Amazon. Et c’est seulement une fois le passage à la caisse que les heureux acheteurs peuvent – enfin – découvrir ce qu’ils ont acheté.

«Un jour, une bonne sœur est revenue nous voir avec le contenu de son paquet…»

Jonida et Khadija s’élancent à l’extérieur de la boutique après avoir payé 100 euros leurs colis perdus. «Ce sont nos maris qui ne vont pas être contents !», rigolent-elles avec leurs paquets en main. L’excitation de l’ouverture est mêlée à la peur de la déception. Les deux amies dévalent le tapis roulant et s’installent au premier banc libre, en plein milieu du centre commercial. Leurs clés de voiture font office de ciseaux pour découper les bouts de scotch. «C’est quoi ça ?» s’exclament-elles à plusieurs reprises en découvrant le pot-aux-roses. Grille de climatisation de voiture, barre de RAM d’ordinateur, sapin de Noël, et autres objets non-identifiés se mêlent aux baskets et pantalons de mauvais goûts. Le contenu n’est malheureusement pas à la hauteur de leurs attentes. «J’aurais finalement pu utiliser ces 100 euros pour une belle paire de baskets», raille Jonida, non sans une pointe d’amusement. L’expérience aura au moins eu le mérite de les faire rigoler.

La plupart du temps, les colis renferment des objets lambdas comme ceux des deux amies. Mais la chasse aux colis perdus ne vient pas sans son lot de surprises et d’objets insolites. Killian Denis se remémore deux ventes qui l’ont marqué. «Un jour, une bonne sœur est revenue nous voir avec le contenu de son paquet…» L’heureux hasard lui avait offert un sex-toy. «Un autre client avait trouvé un lingot d’or qu’il a revendu 16.000 euros !»

Face au succès de leur première date au Luxembourg, les deux fondateurs comptent poser cartons dans d’autres gros centres commerciaux luxembourgeois. «Ca fonctionne encore mieux qu’en France !», se réjouit Killian Denis.

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