La ministre de l’Environnement s’est confiée sur le dossier de l’herbicide controversé. La stratégie de sortie est confirmée… et pourquoi pas celle d’autres produits, tant qu’on y est ?
Comme on le sait depuis lundi, l’Union européenne a choisi de prolonger l’autorisation du glyphosate pour cinq ans. Le Luxembourg, avec des pays comme la France, avait clairement fait entendre son opposition à cet herbicide puissant, dont certaines études, comme celle de l’Organisation mondiale de la santé, ont conclu à de forts soupçons sur le caractère cancérigène.
Le ministre de l’Agriculture, Fernand Etgen, a expliqué, mardi, à la Chambre des députés que le Luxembourg souhaitait exclure l’utilisation du glyphosate. Il n’a toutefois pas annoncé de date, contrairement au voisin français, qui a mis une date butoir : «d’ici trois ans», dixit le président Emmanuel Macron.
De son côté, la ministre de l’Environnement regrette tout d’abord «qu’on ne parle que de santé, même si c’est la préoccupation numéro un, alors que la biodiversité est un autre enjeu majeur. Or le glysophate a des effets néfastes à ce niveau-là aussi.» Carole Dieschbourg confirme que la «stratégie exit» du Luxembourg est sans équivoque sur le sujet, expliquant qu’on ne peut pas perdre de nouveau du temps. «Nous n’avons pas annoncé de date, car nous avons un travail à faire en amont. Il faut mettre tous les acteurs compétents autour de la table, des lycées agricoles au LIST, pour déterminer notre marge de manœuvre et le calendrier de sortie.»
Sortie concertée avec la France et la Belgique ?
Carole Dieschbourg souhaite par ailleurs que la sortie du glyphosate soit «concertée avec les voisins européens sur la même longueur d’onde». C’est un appel du pied aux Belges et aux Français. Mais aussi aux Allemands : «On a l’impression que le ministre de l’Agriculture, Christian Schmidt, a agi en cavalier seul sur le glyphosate. La ministre de l’Environnement, Barbara Hendricks, a toujours dit son opposition. Donc le débat n’est pas clos en Allemagne.» Carole Dieschbourg souhaite avancer dans un partenariat fort avec la France sur le dossier. «Nous échangeons régulièrement avec Nicolas Hulot et les responsables français.» Du point de vue de la ministre, il faut même aller plus loin que la stratégie de sortie «pour le seul glyphosate. Il existe d’autres produits néfastes utilisés dans l’agriculture : il faut raisonner de façon plus globale.»
En attendant, d’un point de vue médiatique, le glyphosate occupe le devant de la scène. Pour les particuliers, c’est l’image du fameux Roundup. Yves Krippel, responsable du parc naturel de la Haute-Sûre, explique que «l’on peut mener tous les ateliers pratiques que l’on veut… au final, c’est un changement de mentalité qui doit se faire. Nos jardins ne peuvent pas être tout propres, c’est la nature qui est comme ça.»
Hubert Gamelon