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Yannis Tafer (RFCU) : «La comparaison avec Benzema ne m’a pas aidé»


Le Racing a recruté du lourd avec ce garçon qui a joué plus de 200 matches en D1 suisse, entre autres. (photo RFCU)

L’ancien Lyonnais Yannis Tafer, recruté par le RFCU, sera-t-il la nouvelle coqueluche de la Division nationale ?

Yannis Tafer débarque en BGL Ligue avec une pancarte dans le dos. Le nouvel attaquant axial du RFCU était, il y a une dizaine d’années en arrière, celui que tout le monde annonçait comme le successeur de Karim Benzema à Lyon. Autant dire que le Racing a recruté du lourd avec ce garçon qui a surtout joué plus de 200 matches en D1 suisse. Surtout qu’il ne débarque pas en terrain inconnu.

Comment se retrouve-ton en BGL Ligue avec un CV comme le vôtre ?

Les circonstances pas évidentes du moment font que je me suis retrouvé six mois sans club. Le RFCU et Iliès Haddadji m’avaient déjà contacté l’été dernier, mais je voulais attendre de voir ce que donnerait le marché estival et malheureusement… En hiver, j’ai eu quelques contacts avec des pistes exotiques, en provenance du Moyen Orient pour être précis, mais j’ai finalement opté pour le Luxembourg pour raisons familiales. Ma femme est luxembourgeoise, des environs d’Esch-sur-Alzette, et elle était installée ici avec notre fils depuis quelque temps. Je voulais les rejoindre.

Après une grosse décennie dans le monde pro, se décide-t-on facilement à opter pour ce genre de challenge ou ne le fait-on qu’après avoir vérifié un peu l’effectif, le nom du coach… ?

Je ne connaissais pas personnellement Régis Brouard mais je savais qui il était en tant qu’entraîneur à travers son parcours notamment avec Quevilly en Coupe de France, contre Lyon (NDLR : en 2012, défaite 1-0). Et je sais qu’il a aussi en Ligue 2. Quand on voit son parcours, on est rassuré. Et puis je connais bien, aussi, Omrani (NDLR : le défenseur du Racing) avec qui j’ai joué en équipes de jeunes, chez les Bleus. On trouve toujours un petit contact pour se renseigner. Et là, on m’a dit que c’était sérieux et structuré.

Vous avez aussi eu l’occasion de prendre vos renseignements auprès d’anciens coaches ou coéquipiers luxembourgeois, puisque, à Saint-Gall, vous avez joué avec Mario Mutsch sous les ordres de Jeff Saibene…

Figurez-vous que j’ai encore le contact de Mario. Lui et moi, on va aller se boire un petit café un de ces quatre. Mais oui, il m’a aidé à prendre ma décision. Quant à Jeff Saibene… eh bien en fait, c’est avec lui comme coach que j’ai disputé la meilleure saison de ma carrière, tant footballistiquement qu’au niveau des statistiques (NDLR : 8 buts en 29 matches de championnat en 2014/2015). Mais bien avant de les rencontrer, je connaissais déjà très bien le Grand-Duché, puisque cela fait neuf ans que je suis marié. J’avais déjà passé beaucoup de temps ici. Je le connais bien ce pays!

Chez les fans, dans les médias… On attendait peut-être trop de choses d’un gamin de 17-18 ans

Qu’est-ce que la DN doit attendre d’un garçon qui a été présenté, un peu avant d’entrer dans l’âge adulte, comme le successeur de Karim Benzema à l’Olympique lyonnais ?

Oh là, ça fait des années ça ! Plus de dix ans. À l’époque, ça m’avait fait plaisir. Bon, avec mes qualités, j’étais promis à un bel avenir et je n’ai peut-être pas eu la carrière que j’aurais dû avoir. Elle aurait pu être meilleure. Mais je suis quand même satisfait de mon parcours, sachant que cette comparaison ne m’a pas aidé. Quand on est jeune, on ne grandit pas sereinement dans ces conditions parce que cela crée de l’impatience partout. Chez les fans, dans les médias… On attendait peut-être trop de choses d’un gamin de 17-18 ans.

Cela ne vous a pas empêché d’arracher quelques petits bouts de match dans une équipe de Lyon assez invraisemblable à l’époque, avec Benzema d’ailleurs, mais aussi les internationaux français Hugo Lloris, Jean-Alain Boumsong ou Jérémy Toulalan, les internationaux brésiliens Cris et Juninho et même un temps avec le Schifflangeois Miralem Pjanic…

J’ai commencé dans le très grand Lyon, oui. Même si j’ai fait peu d’apparitions, c’était déjà exceptionnel de jouer des minutes dans ces conditions. Mon prêt à Toulouse n’était pas bon et il y a eu un tournant juste avant ma dernière année de contrat avec l’OL : je suis allé au Mondial U20, mais je me suis blessé (NDLR : les Français ont atteint les demi-finales avec notamment Antoine Griezmann) et je n’ai plus rejoué pendant un an. Même si on vous compare à Benzema et que vous ne jouez pas avec votre club pendant près de deux ans…

Vous aurez quand même une pancarte dans le dos avec le RFCU…

Ah forcément, il y aura des attentes, mais je ne vais pas me mettre de pression. Vous savez, quand vous jouez en Ligue 1, c’est pareil : c’est un combat et pour montrer qu’on est supérieurs aux autres, il faut se bagarrer. Et je ne suis pas encore à 100% mais très motivé. J’ai conscience d’être privilégié d’avoir un contrat. Après tout, j’aurai 30 ans la semaine prochaine et c’était peut-être le bon moment pour venir ici. Mais je vous avoue que côté football, je suis dans l’inconnu total !

Y compris avec vos nouveaux coéquipiers du secteur offensif, Mana Dembélé et Yann Mabella ?

Ah bah je viens d’arriver ! Je suis un nouveau venu. Les automatismes viendront. Pour le moment, j’observe dans les séances sur quoi je peux m’appuyer pour me mettre en valeur et aider mes coéquipiers.

Entretien avec Julien Mollereau