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Yannick Bastos : «Les joueurs ? C’étaient des amis et ça le restera, mais…»


Yannick Bastos, 31 ans, plus de 200 matches de DN et formé au marketing sportif, est devenu, à Niederkorn, le premier directeur sportif formé en tant que tel.

Arrêter sa carrière à 31 ans, c’est tôt non ?

Yannick Bastos : Cela faisait des années que je cumulais les petits pépins de chevilles. Je commençais à avoir beaucoup trop mal en me réveillant le matin et je passais beaucoup trop de temps sous anti-inflammatoires. Cela ne valait plus la peine.

C’est Thomas Gilgemann qui a eu l’idée de me proposer ce poste. Je ne m’y attendais pas, mais c’est plutôt une bonne idée puisque c’est pile-poil ce à quoi mes études me destinaient.

Je fais partie de la première promotion de Lunex, à Differdange, avec spécialisation dans le management du sport. Disons que parmi les dirigeants au pays, oui, je suis un des premiers à être formé pour la gestion du sport.

Et le théorique confronté au pratique, qu’est-ce que cela donne ?

Le théorique qu’on apprend, c’est celui qui a cours dans les grands clubs européens. Moi, je suis confronté au jour le jour à des paramètres très luxembourgeois. Et là, j’apprends. Mais j’ai des gens extrêmement compétents autour de moi.

Un jour, y aura-t-il moyen de vivre de ce genre de poste au Grand-Duché ? 

Je pense que cela peut devenir un job à part entière, oui. En tout cas, je vois déjà que cela peut être un « full time ». Moi en tout cas, je suis content : j’ai un espace d’expression. Je donne mes idées et j’ai presque toujours des retours positifs.

Quelle est la « job description » ?

Pou l’instant, c’est de s’occuper de tout le sportif. La gestion de l’équipe première. Mais quand on m’a demandé si le poste m’intéressait, j’ai dit oui, à la condition de retrouver une identité luxembourgeoise. Pourquoi aller chercher loin ce qu’on peut trouver au niveau local, régional?

Est-ce curieux de bosser avec Jeff Strasser après avoir été son joueur ? Et a contrario compliqué d’être le patron de ses anciens coéquipiers ?

Alors, pour Jeff… oui et non. Disons qu’on s’est toujours bien entendus. Quand j’étais joueur, il venait parfois me demander comment je sentais le groupe, ce que je pensais de la tactique. J’étais un peu l’une de ses personnes de confiance.

Alors notre collaboration, ça s’est fait naturellement. Par contre, pour ce qui est de mes coéquipiers… là, c’est moi qui me mets un peu la pression. Il faut que j’arrive à faire abstraction. C’étaient des amis et ça le restera mais désormais, j’ai une fonction et ils doivent la respecter.

C’est une situation difficile parce que je sais ce que sont leurs attentes. J’avais les mêmes il y a peu encore. Mais maintenant, je défends les intérêts du club.

On va essayer de programmer le titre d’ici 2029

Votre règne de directeur sportif a commencé par le recrutement de trois ailiers. Un pur hasard ?

Un pur hasard. De toute façon, on va surtout garder la structure. On a un groupe qui sait gagner des titres et on sait quelles sont les erreurs qu’on a commises la saison passée et qui nous ont empêché d’aller titiller Differdange.

L’objectif sera-t-il désormais bientôt le titre ?

On va repartir pour un projet sur cinq ans et on va essayer de programmer ce titre d’ici à 2029.

Puisqu’on parlait de votre ancien club de Differdange, quand vous voyez le boulot abattu par votre désormais homologue Rémy Manso, qu’est-ce que cela vous inspire ?

Je le vois comme une inspiration ! On était assis côte à côte au tirage de la Coupe d’Europe et je peux vous dire qu’il ne bosse pas à l’intuition, il y a beaucoup de réflexion. Ce qu’il fait est très cohérent. Je dois y puiser de l’inspiration.

C’est un gars qui est arrivé et a révolutionné le futsal du pays et est en passe de le faire aussi avec le football.

On en parle du tirage des Coupes d’Europe ?

Très chouette. J’étais impressionné. Se retrouver pour la première fois au milieu de tous ces gens qui représentent leur club. Nous, on était en petit costume business casual avec un petit pin’s du club, détail que je n’ai presque pas vu chez les autres.

J’espère y revenir bientôt pour un tirage au sort de Ligue des champions. J’ai croisé mon ancien président (NDLR : à Differdange), Fabrizio Bei, qui nous a chambrés en nous disant que lui, il avait une étiquette bleue alors que nous, on en avait une verte…

Vous avez fini votre carrière fin mai. Cela fait bizarre de se retrouver à un match d’adieu avec tous les coéquipiers qui portent un t-shirt avec votre visage ?

(Il sourit) C’était fou de rentrer dans le vestiaire et de voir ça. De voir tous mes amis et ma famille en tribunes. Là, face à des garçons qui sont devenus des amis pour la vie, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer.