Après cinq années au Progrès, dont deux d’une énorme galère, Yann Matias a accepté un prêt de six mois à Mondorf. Pour se sauver.
Trois matches de BGL Ligue en 2020 dont deux titularisations pour 182 minutes de temps de jeu, six en 2021 dont deux titularisations pour 192 minutes de temps de jeu. Entre une main cassée en Europa League contre Oufa, un péroné brisé face au F91 et sa rupture des ligaments croisés, la liste des malheurs de Yann Matias a acquis une dimension épique ces deux dernières années.
Une vraie douleur : «Au moment où je me suis fait une déchirure aux ischios qui m’a coûté un nouveau mois et demi, lors de ma reprise, après ma dernière blessure, je me suis dit que j’étais maudit, que ce n’était pas possible, que quelqu’un m’avait mis l’œil.»
L’international poissard de 25 ans ne pouvait pas continuer comme ça. À force de se blesser, à force de se retaper, à force d’essayer de revenir, à force de se rendre compte qu’en son absence le Progrès Niederkorn avait trouvé des moyens de le remplacer et de rester performant, à force de se rendre compte qu’il n’y avait pas la place pour le relancer, Matias a dû se rendre à l’évidence : il lui fallait changer de club pour exister à nouveau.
Forcément, pendant les fêtes, les candidats se sont bousculés pour profiter de l’aubaine. Déjà cet été, trois clubs avaient formulé des offres concrètes, sans compter plusieurs autres discussions n’ayant pas abouti. Un Luxembourgeois de ce niveau ? Denrée rare. «Et personne ne m’a demandé comment j’allais physiquement !», semble s’étonner Matias, connu pour son coffre autant que ce «côté guerrier» qu’il avait démontré… avant le début des problèmes à répétition.
«Cette mentalité a dû marquer les esprits.» Et pour la relance, ce sera le Mondorf d’Arno Bonvini (qui a posé le défi physique et l’autorité défensive comme principe premier de sa reprise en main de l’équipe), frère de Ronny, coach qui a formé Matias à Dudelange. Un hasard qui n’a compté pour rien dans son choix, assure le joueur. «Je voulais juste trouver un bon endroit pour me relancer.»
Que fera-t-il l’été prochain ?
Reste à jouer. Sans ça, ce transfert n’aurait pas le même sens. Et le latéral l’assure, droit dans ses bottes : malgré ces deux années frustrantes au possible qui lui imposent de vite revenir sur le devant de la scène sous peine de la quitter pour de bon, il n’a pas exigé de garanties de jeu. «Hors de question! Peut-être que mon agent l’a fait sans que je le sache, mais moi, je veux le mériter à l’entraînement.»
L’avantage, c’est que Matias arrive à ce moment de la saison mondorfoise où Arno Bonvini assure que son équipe, composée de beaucoup de joueurs en manque de temps de jeu lors des «saisons covid», va monter en puissance. Matias peut l’accompagner. Matias veut l’accompagner. En fait non, Matias DOIT l’accompagner. L’idée, fin mai, c’est d’avoir le choix. Soit rester au stade John-Grün pour consolider l’avenir de cette équipe de milieu de tableau, soit retourner au Progrès pour reprendre une place active dans la conquête d’un titre.
En espérant que Niederkorn ne remportera pas quoi que ce soit avant, en son absence? Il rit : «Non, je serais super content pour tous les amis que je laisse derrière moi. Et puis, bon, j’ai quand même fait les six premiers mois de la saison là-bas, donc s’ils sont champions ou gagnent la Coupe, je gagnerai aussi un peu! Et d’ailleurs, je suis encore engagé en Coupe avec Mondorf! (NDLR : ils recevront le F91, le 6 avril).»
Matias a seize semaines et quinze matches pour jouer deux à trois fois plus que les 24 derniers mois. Heureux, il ne se pose pour le moment qu’une seule question : à quoi cela ressemble, encore, de jouer 90 minutes consécutives? La dernière fois que cela lui est arrivé, c’était le 30 mai dernier.
Matches amicaux
Ce mardi 11 janvier
19 h 30 : Käerjeng – Hostert
20 h : Medernach – Etzella