Alors qu’il était parti pour faire un bon résultat, Grégoire Munster a été contraint à l’abandon… car il n’y avait pas de réservoir de rechange pour lui.
Après trois résultats en deçà des attentes, Grégoire Munster était bien décidé à réagir. Et sur le tracé très piégeux et cassant du rallye de Grèce, le pilote luxembourgeois semblait bien parti. Avec une stratégie bien établie : «Elle fonctionnait plutôt bien. On avait une stratégie sur le long terme. On sait que la Grèce, il fait très chaud, ce sont de longues journées avec un parcours très cassant. Il fallait une approche intelligente. Pas prendre tous les risques, éviter les pierres dans les portions cassantes quand il le fallait. Et quand la voie était libre, sur des terrains moins rocailleux où la prise de risque était moins importante, on s’est lâchés.»
Résultat, à la veille de l’arrivée, Grégoire Munster, qui a notamment signé un troisième chrono au scratch, pointe en sixième position, juste derrière les mastodontes du plateau. Une véritable performance, puisqu’il a effectué toute la journée de samedi… sans frein à main! Et l’air de rien, ça fait une grosse différence, comme l’explique le principal intéressé : «Le frein à main, on l’utilise parfois dans des virages à 90 degrés. Sur un rallye sur terre comme la Grèce, quand tu dois placer la voiture avec des virages serrés, tu utilises fréquemment le frein à main. Et on l’a vu sur les splits. Sur du roulant, sur 8 km, on n’était qu’à six dixième au km des meilleurs et sur les 8 km suivants, on se retrouvait à trois secondes au km parce qu’on n’avait pas de frein à main. Malgré tout, on s’en était plutôt bien sortis.»
Évidemment, il a tenté de faire réparer son frein à main à l’assistance entre le matin et l’après-midi. Mais quand il a récupéré sa voiture, le problème était toujours là.
On m’a dit que ce n’était pas la peine de mettre mon réveil pour dimanche
Et malheureusement, la situation n’allait pas s’arranger. C’est ainsi qu’alors qu’il était déjà rentré à l’hôtel pour se reposer en vue de la dernière journée du dimanche, Grégoire Munster reçoit un appel : «On m’a dit que ce n’était pas la peine de mettre le réveil dimanche…»
En clair, le pilote grand-ducal n’allait pas pouvoir repartir et allait être contraint à l’abandon. Sans vouloir entrer dans les détails, on comprenait que le problème venait de l’essence. Un souci qui a affecté de nombreux pilotes. Visiblement, le carburant utilisé est plus corrosif que par le passé et, avec les très fortes chaleurs, les réservoirs souffrent. Et le problème, pour Grégoire Munster, c’est que son écurie n’avait pas assez de pièces de rechange, si bien que si son coéquipier Josh McErlean a pu bénéficier d’un spare, un réservoir de rechange, il n’y en avait plus pour lui.
De quoi le rendre dubitatif. Pour ne pas dire davantage : «On fait toute la journée sans frein à main, on réussit à contourner le problème et terminer la journée. On n’a pas fait une faute, pas mis un pied de travers, j’étais en position de me battre pour un top 5 sur cette course. On était le meilleur équipage Ford et on allait faire une bonne prestation. Et après tous ces efforts, trois crevaisons et pas de frein à main, on n’est pas récompensés. Ça fait partie du sport auto», essaie-t-il de philosopher.
Mais clairement, on sent que le moral est atteint : «Bien sûr, on est déçus. On était dans le coup. Quand l’opportunité s’est présentée, on a tenté de la saisir. Et là, tu reçois un coup de fil après la douche pour te dire que ce n’est pas la peine de mettre ton réveil. Forcément, je suis dégoûté.»
Grégoire Munster n’a clairement rien à se reprocher. Et s’il avait fait partie d’un des mastodontes du WRC, il n’aurait certainement pas connu de tels désagréments. Mais la situation est ce qu’elle est. Il fait partie d’une équipe qui a des moyens bien plus limités que les Toyota et les Hyundai, et il doit composer avec. Rien ne dit, d’ailleurs, que les mêmes causes ne pourraient pas produire les mêmes effets à l’avenir. En espérant que, si ça devait arriver, cette fois on lui trouvera un réservoir de rechange. Histoire qu’il puisse défendre ses chances jusqu’au bout!
On le retrouvera en action dans trois semaines, en Estonie. Où il s’était imposé en Junior WRC pour sa seule apparition dans cette épreuve. De bon augure? Il faut l’espérer!