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Wimbledon : Tout sauf un hasard pour Gilles Muller


Le Luxembourgeois Gilles Muller (d) serre la main de Rafael Nadal après sa victoire face à l'Espagnol en 8e de finale à Wimbledon, le 10 juillet 2017. (Photo : AFP)

Il a fait plier Rafael Nadal et découvre à 34 ans les quarts de finale à Wimbledon : la récompense de l’obstination pour le Luxembourgeois Gilles Muller, l’un des derniers adeptes du service-volée, qui avait failli arrêter le tennis.

Contre l’Espagnol, ce joueur élancé (1,93 m, 87 kg) a joué «peut-être le plus beau match de (sa) carrière» et le plus croustillant de l’édition 2017 du prestigieux tournoi sur herbe jusqu’ici. Muller a pris tous les risques face au «Taureau de Manacor», qui restait sur dix succès consécutifs sans perdre un set, Roland-Garros inclus: 30 aces, 95 coups gagnants, 59 montées au filet concrétisés mais aussi, 52 erreurs directes et 10 doubles fautes. Dans les moments cruciaux, son sang-froid (14 balles de break sauvées sur 16) et son apparente placidité ont fait la différence face à la «grinta» de Nadal.

Muller a craint que la partie ne soit interrompue à mesure que le jour déclinait et que le numéro 2 mondial repoussait l’échéance et quatre balles de match. «Je m’imaginais déjà devoir revenir le lendemain (mardi)», a expliqué le gaucher après son nouveau coup d’éclat contre le lauréat des éditions 2008 et 2010. La première fois, c’était au 2e tour en 2005. Nadal avait remporté quelques semaines plus tôt à Roland-Garros, à 19 ans, le premier de ses quinze trophées majeurs.

Serveur polyglotte

Ce n’est pas la seule star à avoir cédé sous les assauts tranchants et les services à effet -190 à 195 km/h en moyenne, rarement plus de 205 km/h- de ce spécimen d’une espèce en voie de disparition. En 2004, il avait battu l’ancien N.1 mondial Andre Agassi en demi-finales à Washington, avant de perdre contre l’Australien Lleyton Hewitt. Au premier tour de l’US Open 2005, ce fils d’un employé des postes à la retraite et d’une mère au foyer avait ajouté le scalp d’un autre Américain, Andy Roddick, roi de New York deux ans plus tôt. Mais après ses bons résultats, le joueur polyglotte -il parle français, anglais, allemand et luxembourgeois- connaît une crise de confiance et envisage de quitter le circuit pour devenir professeur de tennis.

«Quand cela se passait mal, je jouais en challengers (deuxième division, ndlr) et je gagnais 300 euros, alors que le billet d’avion m’avait déjà coûté 500 euros… Je jouais à perte. Alors oui, je me suis posé la question : Est-ce que ça vaut le coup de continuer ?», avait-il expliqué lors de l’US Open 2008 où il n’avait perdu qu’en quarts de finale, contre Roger Federer, après s’être extrait des qualifications.

Premier titre en 2017

Cet ancien numéro 1 mondial junior (2001), sacré champion de France par équipes avec Sarcelles en 2014 en tant que coach-assistant, a failli ranger sa raquette une seconde fois, en 2013 lorsqu’un blessure à un coude l’avait fait dégringoler à la 374e place. «C’était une grave blessure. Je ne savais pas, alors, si je serais en mesure de revenir», a rappelé le 26e mondial, entraîné par un Français (Alexandre Lisiecki) et un Monégasque (Benjamin Balleret).

Mais c’était «un mal pour au bien». Incapable de toucher une raquette, Muller a redoublé d’effort en salle de gym. «Depuis mon retour sur le circuit en 2014, je joue des saisons pleines et j’ai plus de confiance en mon physique», explique le Luxembourgeois qui joue son meilleur tennis depuis trois ans. Il a franchi un cap cette année en remportant ses deux premiers titres à Sydney en janvier, puis à s’Hertogenbosch lors de la préparation sur gazon. Il rêve maintenant de battre le Croate Marin Cilic, N.6 mondial, lauréat de l’US Open 2014, pour s’offrir une première demi-finale en Grand Chelem.

Le Quotidien/AFP