Huit ans que le trophée de Wimbledon se refuse à lui… Auréolé d’un onzième titre à Roland-Garros le mois dernier, Rafael Nadal passe sans transition de la terre battue à l’herbe mardi avec l’ambition de réitérer enfin le doublé Paris-Londres en Grand Chelem.
Il y a dix ans, le Majorquin réussissait l’un de ses plus grands exploits en dominant Roger Federer dans son jardin du All England Club lors d’une sublime finale terminée entre chien et loup (6-4, 6-4, 6-7 (5/7), 6-7 (8/10), 9-7). « C’était l’une de mes défaites les plus difficiles, sans aucun doute. J’étais si près de gagner un sixième titre d’affilée », a affirmé dimanche le maestro suisse, qui vise un neuvième titre record.
A 22 ans, le Majorquin avait fait chuter la référence sur herbe, alors que personne, pas même Federer, n’a réussi à le vaincre sur sa terre fétiche de Roland-Garros en finale. Ce triomphe londonien, « c’était l’un des moments les plus émouvants que j’ai vécus », a souligné Nadal, avant de croiser la route de l’expérimenté israélien Dudi Sela (33 ans, 127e). « Après deux finales perdues (2006, 2007), cette victoire a eu une grande influence sur la suite de ma carrière. C’est difficile de comparer la satisfaction ressentie ce jour-là avec un autre match. » Absent en 2009 à cause d’un genou douloureux, l’Espagnol reviendra par la grande porte l’année suivante en soulevant pour la deuxième fois le trophée. Il jouera une cinquième finale en 2011 mais s’inclinera face à Novak Djokovic.
Depuis ? Il n’a plus dépassé les huitièmes de finale et a chuté en majorité face à des joueurs classés au-delà de la 100e place mondiale: le Tchèque Lukas Rosol (100e) en 2012 (2e tour), le Belge Steve Darcis (135e) en 2013 (1er tour), l’Australien Nick Kyrgios (144e) en 2014 (huitièmes de finale), l’Allemand Dustin Brown (102e) en 2015 (2e tour).
Surpris par Muller l’an dernier
Absent en 2016 sur blessure (poignet gauche), Nadal a renoué avec les huitièmes en 2017, mais l’attaquant luxembourgeois Gilles Muller (actuel 60e), qui l’avait déjà surpris en 2005 (2e tour), a eu sa peau après un marathon (15-13 au 5e set). Néanmoins, à chaque fois qu’il a franchi ce stade de la compétition, le n°1 mondial a rallié la finale. Y a-t-il un lien avec les conditions de jeu qui varient avec l’usure des pelouses ? « C’est certain que les déplacements sont plus simples. Il y a moins d’herbe du fond du court et on se déplace plus librement sur la terre », a répondu l’intéressé. « Pour moi, le paramètre le plus difficile à gérer, c’est la rapidité des courts. Cela m’oblige à modifier ma façon de jouer », a poursuivi le Majorquin.
Ce n’est pas un hasard s’il a souvent chuté devant des gros serveurs ces dernières années, comme Rosol (22 aces), Kyrgios (37 aces) et Muller (30 aces). Jouer au moins un tournoi sur herbe avant Wimbledon peut aider, quoique… Des champions ont triomphé dans le temple du tennis sans compétition préparatoire, comme Djokovic en 2011, 2014 et 2015. Lorsqu’il a remporté ses deux titres, Nadal avait participé au Queen’s (sacre en 2008, quart de finale en 2010). « Mais même avec trois matches (de préparation comme en 2010), vous ne savez pas où vous situez quand vous arriver à Wimbledon. On n’emmagasine de la confiance que pendant le tournoi et durant la semaine d’entraînement qui précède », estime le lauréat de 17 tournois majeurs.
Le Quotidien/ AFP