Le jeune Luxembourgeois a terminé son premier grand tour dimanche avec le Tour d’Espagne. Une expérience qui lui servira forcément à l’avenir.
Certes, dans les derniers jours, on sentait bien que la fatigue frappait à la porte. Mais jamais Michel Ries (22 ans) ne s’est démonté. On le voyait céder comme les autres coureurs généralement classés vers la 50e position au classement général. Mais le Luxembourgeois de l’équipe Trek-Segafredo tenait bon. Jusqu’au bout et cette ligne d’arrivée plantée hier à Madrid.
«Je suis un peu fatigué, trois semaines de course, c’était nouveau pour moi, mais je m’en suis sorti», assurait-il ainsi dimanche soir alors qu’il prenait un vol en direction de Luxembourg.
Le moment était finalement presque idéal pour rembobiner le film de trois semaines de course. «Je suis quand même content que ce soit fini. La dernière semaine était assez dure, surtout mentalement. Les derniers jours n’étaient pas faciles avec la météo qui n’était pas top, mais nous sommes au mois de novembre et habituellement, on est en repos à ce moment de la saison. Oui, je suis quand même content d’avoir fini», glissait-il, visiblement soulagé.
Un grand tour, ce sont des moments d’euphorie mais aussi des moments douloureux à surmonter. Michel Ries a découvert ça avec l’œil du débutant. «Je ne me sentais pas si mal, même si j’ai souffert sur la 16e étape. Le jour d’avant, dans la plus longue étape de cette Vuelta, nous avions roulé sur le final et j’avais laissé beaucoup d’énergie. C’était une journée vraiment dure. Et le lendemain, donc, j’ai ressenti les traces de mes efforts. Mais globalement, je ne me plains pas. Et dans la course, on a toujours essayé d’anticiper. Ce n’était pas si mal», analyse Michel Ries. Quant à la météo, pas toujours optimale en raison du décalage saisonnier, il s’y est fait sans se plaindre. «C’était un peu dur à la fin avec les étapes disputées sous la pluie, et encore, on peut estimer que nous avons eu de la chance, puisqu’il n’y a eu que deux jours à devoir courir sous la pluie.»
«Chaque jour une grande bagarre pour l’échappée»
Certes, jamais il n’a eu le loisir de partir pour une échappée au long cours. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé. «Mais chaque jour, il y avait une grande bagarre pour l’échappée. J’ai tenté souvent, je n’ai finalement pas réussi à me retrouver dans le bon coup. C’était un peu la loterie, mais je retiens que nous avons été actifs…», poursuit-il.
Chaque jour ou presque, on a pu suivre sa progression. Sur des tracés d’étapes on ne peut plus tourmentés et sélectifs, les téléspectateurs assidus ont pu le voir s’accrocher puis disparaître de l’avant-garde du peloton, en compagnie d’autres noms, des coureurs confirmés. «Souvent j’ai suivi jusque dans le dernier col et c’était bien de voir que j’avais le niveau pour suivre jusque-là. Souvent, le résultat ne dit pas tout. Mais j’ai eu quelques bons jours où j’ai remarqué mes valeurs après les étapes», confirme ainsi le grimpeur luxembourgeois.
En prenant son avion hier soir, Michel Ries avait bien conscience qu’il revenait avec un petit supplément de bagage, c’est le cas de le dire. «Est-ce que je vais passer un cap? Oui je crois vraiment, trois semaines de course, c’était une première pour moi. Il n’y avait pas de jour facile et je pense que lorsque je reprendrai le chemin de l’entraînement, je sentirai que je sors d’un grand tour. J’espère partir d’un autre niveau. J’espère avoir franchi un palier. Du point de vue de l’expérience, ce sera important d’avoir couru au plus haut niveau.»
Trois semaines durant, il aura côtoyé de grands noms du cyclisme mondial, mais ce n’était pas une première, puisque à bien y regarder, dans cette saison tronquée par cause de crise sanitaire, quasiment toutes ses courses furent baignées dans ce contexte élitiste. Disons qu’il aura surtout été impressionné par leur faculté à se maintenir chaque jour sur la même ligne d’excellence. Il résume : «C’est impressionnant de voir des coureurs courir tous les jours au plus haut niveau. De ton côté, tu t’épargnes des efforts pour les jours suivants. Les leaders roulent chaque jour à 100 % et c’est impressionnant.»
Le voilà ce matin en vacances. Dans le contexte actuel, il ne cache pas un léger trouble. «Il y a beaucoup de coureurs qui sortent de coupure, mais moi, cela me fera du bien de ne pas faire de vélo pendant quelques semaines. On verra pour les stages avec l’équipe en janvier…» Dans tous les cas, Michel Ries peut être fier de son Tour d’Espagne, un premier grand tour prometteur.
Denis Bastien