Kamil Rychlicki dispute ce mercredi soir son premier match officiel avec le club belge de Maaseik qu’il a rejoint cet été. L’ex-Strassenois évoque ses débuts chez les pros et ses ambitions.
Le 22 décembre 2015, Le Quotidien faisait état de votre départ quasi assuré de Strassen en fin de saison dernière pour le monde professionnel. En étiez-vous certain?
Kamil Rychlicki : Il y a trois ans déjà, je savais qu’une fois mes études terminées au lycée, je passerais professionnel. À l’époque, j’étais parti avec Frantz (Franttisek Vosahlo) et Chris (Zuidberg) au TV Buhl pour une sorte de stage découverte. Plutôt satisfait de mon attitude lors des trois jours passés là-bas, le club voulait me recruter mais c’était trop tôt. Un volleyeur professionnel ne gagne pas suffisamment d’argent durant sa carrière pour se permettre de ne pas travailler une fois celle-ci terminée. Je voulais donc d’abord obtenir mon bac.
Désormais professionnel au Noliko Maaseik, allez-vous mettre vos études entre parenthèses?
Je vais suivre un cursus en politique et sociologie à l’université de Hagen, la seule d’Allemagne dispensant des cours par correspondance. Ma priorité est le volley et, si j’espère ne pas avoir besoin d’utiliser ce futur diplôme dans les dix prochaines années, il m’importe de poursuivre mes études. C’est important pour l’ouverture d’esprit.
Pourquoi avoir opté pour ce cursus?
Au début, je pensais m’inscrire en économie, mais c’est un domaine dont les perspectives sont à mes yeux moins vastes et diversifiées que la politique et la sociologie.
À quand remonte vos premiers contacts avec Maaseik?
Fin 2015. Et j’en profite pour remercier Laurent Van Elslande (NDLR : entraîneur d’Esch) qui, un jour, m’a contacté pour me dire qu’il avait quelques contacts à Maaseik.
C’est vous qui avez contacté le club?
Non, Laurent a donné mon numéro à Thierry Courtois (NDLR : directeur sportif de l’époque) qui m’a ensuite appelé. Très vite, fin janvier-début février, je me suis rendu sur place durant quelques jours pour voir le club, ses installations et m’entraîner avec l’équipe première. À ce moment-là, il n’y avait pas d’offres même si je me suis entretenu avec le président et l’entraîneur (NDLR : Daniel Castellani).
Quelles furent vos impressions?
C’est un club pro, organisé et qui dispute chaque année la Ligue des champions (NDLR : 2 e du dernier championnat belge, le club affrontera début novembre soit les Bulgares de Dorbritch, soit les Néerlandais de Groningue). Quelque part, je vois ça comme une récompense pour tout mon travail effectué jusqu’ici. Je me suis toujours consacré sérieusement au volley. Même en période d’examens, je m’organisais de manière à ne pas rater l’entraînement. Du coup, c’est une satisfaction de voir que le travail porte ses fruits.
En mars, Thierry Courtois nous confiait que votre arrivée dépendait de la présence ou non de Daniel Castellani sur le banc. Pourquoi?
Pour un jeune joueur, c’est important de pouvoir s’entraîner avec un bon entraîneur et Daniel est l’un des meilleurs au monde! Et puis, au-delà de ses compétences, on s’est tout de suite très vite compris. À la différence d’autres techniciens, qui peuvent être très stricts durant les séances d’entraînement et n’entretenir aucun rapport hors du terrain avec leurs joueurs, Daniel est très ouvert, disponible et à l’écoute. C’est une sorte de figure paternelle. Dès le début, il nous a dit : « Peu importe qu’un joueur soit jeune ou vieux. Il a toujours quelque chose à apprendre. »
Et vous, qu’avez-vous encore à apprendre?
Beaucoup de choses! Je dois progresser à la réception et au service. Comme je suis assez grand (2,04 m), je suis assez fort en attaque, mais si je progressais en défense, je gagnerais en valeur. Attention, je ne parle pas de valeur financière mais sportive (il rit) …
Comment vous y prenez-vous?
On travaille beaucoup sur la réaction, la vitesse de déplacement des jambes et des mains, le placement des épaules… Au service, par exemple, j’ai modifié mon lancé de balle.
En avril, vous déclariez dans Le Quotidien ne pas avoir d’agent mais des « parents qui connaissent le monde professionnel et un frère avocat ». Quels rôles ont-ils joué ces derniers mois?
Mes parents savent comment j’imagine ma carrière et ma priorité était de rejoindre un bon club où je pourrai avoir du temps de jeu. Ils m’ont donc donné leur avis sur l’une ou l’autre chose. Damian, lui, m’a beaucoup aidé dans la phase finale des négociations. C’est surtout lui qui parlait à ma place.
À Strassen, vous aviez cette étiquette de « surdoué », Serge Karier, l’entraîneur de Walferdange avait même déclaré la saison dernière : « Ce sera Rychlicki contre le reste de la DN. » Qu’aviez-vous pensé de cette déclaration?
Forcément, ça fait plaisir venant d’un entraîneur adverse mais, pour moi, ça ne changeait rien. Et puis, cette déclaration, je ne l’avais pas vue tout de suite. Ce sont mes équipiers qui me l’ont montrée. Je ne dis pas que je ne lis pas les journaux, mais je n’attache pas trop d’importance à ce qui peut se dire sur moi.
Et puis, mes parents me répétaient de garder les pieds sur terre. Même après ce que je considérais être un très bon match, si on commençait à en parler ensemble, ils me disaient : « Là, ce n’était pas bon; là tu aurais pu mieux faire… » Jamais de manière négative et toujours constructive. Et c’était vrai.
Cette étiquette de surdoué était-elle lourde à porter au sein d’un effectif qui ne manquait pas de joueurs d’expérience?
J’étais le premier à m’en moquer… Ceci dit, j’ai toujours voulu être un leader sur le terrain. Je suis conscient d’avoir un certain potentiel et je me suis toujours entraîné afin d’être le plus performant possible. D’être en quelque sorte un leader.
L’étiez-vous dans le vestiaire strassenois?
S’il m’arrivait parfois de dire ce que je ressentais, je ne faisais pas de grand discours…
Comment s’est déroulée la préparation d’avant saison avec le Noliko Maaseik?
(Il souffle) Avec deux séances par jour, dont une réservée à la musculation, elle fut plus longue et plus dure qu’à Strassen, mais ce serait incorrect de comparer les deux. Ça a été difficile mais je n’ai pas l’impression d’avoir plus souffert qu’un autre.
Ressentez-vous les effets de ce nouveau rythme de travail?
Sur le plan du jeu, il est encore un peu tôt. Par contre, j’ai déjà gagné 3,5 kilos de masse musculaire. Chaque lundi, au club, tous les joueurs passent sur la balance. On a aussi un suivi nutritionnel.
Ce mercredi, vous disputez votre premier match officiel avec Maaseik contre Roulers en Supercoupe. Est-ce le premier objectif du club?
Un objectif, non. Il n’y a pas trop de pression sur ce match, par contre, il y a une petite rivalité entre les supporters.
Avez-vous un plan de carrière?
Quand j’étais cadet, c’était clair que je voulais passer pro. Mais je ne voulais pas être pro moyen dans une équipe de milieu de tableau. Maaseik doit me permettre de franchir un palier.
Avez-vous un rêve?
J’ai un rêve pour lequel j’ai toujours travaillé. Je n’en ai jamais parlé. Je ne sais même pas si mes parents le connaissent. Je préfère ne rien dire, c’est mieux comme ça…
Charles Michel
Supercoupe de Belgique. Ce mercredi 12 octobre (20 h) : Roulers – Maaseik.
Kamil Rychlicki en bref
Né le 1er novembre 1996 (19 ans)
Fils de Jacek et Elzbieta Rychlicki, anciens volleyeurs internationaux polonais.
Gabarit : 2,04 m/ 93 kg
Clubs : Strassen (2002-2016), Noliko Maaseik (2016-?)
Palmarès : 5 titres de champion et 6 coupes de Luxembourg