Paul Ennesch a découvert le volley chez les jésuites dans les 70’s. À 59 ans, dont 31 passés au club, il croit dur comme fer en l’avènement de son VC Fentange.
Battu à Strassen (3-2) la semaine passée lors du premier acte, Fentange reçoit ce dimanche le champion en titre avec l’obligation de l’emporter pour espérer une troisième manche décisive.
Pas trop stressé avant ce deuxième match de la finale?
Paul Ennesch : Non ça va, je sors de chez le cardiologue. Bon, c’est juste un contrôle car, depuis 1990, je suis donneur de sang. J’y vais tous les trois mois.
À 59 ans, vous êtes…
(Il rit) Oui, un vieux de la vieille! Mais j’ai commencé à pratiquer le volley chez les jésuites, à l’internat Saint-Joseph de Virton en 1970. Il y avait un prêtre féru de volley et, tous les soirs, deux-trois équipes se constituaient et on jouait dans une grande salle vitrée. Hiver comme été.
Qu’est-ce qui vous plaît dans le volley-ball que vous ne retrouvez pas dans les autres sports collectifs?
C’est un sport de combat. Il faut vraiment se battre, se battre ensemble, collectivement. Tous les éléments interagissent ensemble. L’un ne va pas sans l’autre.
Quel joueur étiez-vous?
Normal, j’étais passeur. En 1976, j’ai commencé à jouer au VC Bonnevoie et quand le club de Fentange s’est constitué en 1985, Léo Feyder, l’un des membres fondateurs, m’a fait venir. J’étais joueur et puis, de fil en aiguille, je suis devenu l’entraîneur. C’est moi le plus ancien du comité.
Justement, officiellement, vous n’êtes que responsable des arbitres, mais votre mission ne s’arrête pas à ça…
Responsable des arbitres, c’est vrai, mais aussi homme à tout faire. Je travaille, comme on dit, dans le back office. Au club, on a décidé de s’orienter vers la jeunesse. Mais les «vieux» sont toujours là pour filer un coup de main. Les jours de match, je m’occupe de remplir la feuille de match, de préparer les boissons.
En parlant de boisson, le VC Fentange organise tous les ans en automne la Vizfest…
Oui, ça fait 30 ans qu’on fait ça, c’est une tradition. Au début, on pressait nos pommes à la main et puis, il y a quelques années, on a investi dans un presseur hydraulique. L’automne dernier, on a produit 6 500 litres de jus de pomme qui ont tous été vendus. Il y a 60 personnes qui participent à cette fête qui permet de récolter entre 10 000 et 15 000 euros. Pour un club qui a un budget qui tourne aux alentours de 50 000 euros, c’est beaucoup!
Cet été, au vu des commentaires liés à votre recrutement, on aurait pu croire que Fentange était un club riche…
L’argent gagné est réinvesti dans le club qui a la chance d’avoir des membres qui en connaissent un rayon question finance. Donc, forcément, il est très bien géré.
Cela vous gêne-t-il qu’on puisse résumer la réussite actuelle du club par votre recrutement?
Un joueur qui intègre notre club participe à une aventure humaine. Alex (NDLR : Aleksandar Ondelj) a fait sa vie au Luxembourg. Tout comme Jakub (Lomacz) dont les enfants, après huit mois, parlaient déjà luxembourgeois. Ils sont parfaitement intégrés.
Cela vous gêne-t-il qu’on puisse résumer uniquement la réussite de Fentange à la présence de ses joueurs étrangers?
On ne devient bon qu’au contact de meilleur que soi. Ce qui ne nous fait pas oublier la base du club qui reste la formation de ses jeunes éléments comme en témoigne le travail effectué par Mickaël Marin. Pour le reste, ces critiques reflètent une certaine jalousie et s’appuient sur un discours assez populiste qui ne m’intéresse pas.
En début de saison, Fentange avait pour objectif d’ouvrir son palmarès. Ce qui a été fait grâce à cette victoire en Coupe de Luxembourg…
On voulait gagner quelque chose. Mais on avait surtout envie d’aller chercher le titre de champion. Un titre que tout un club attend. À commencer par Dragan (Vujovic), entraîneur depuis 2006. Maintenant, lors de ce succès en Coupe, j’ai eu la même sensation que lors de la montée du club en Division nationale. Je n’ai pas tout de suite réalisé.
Samedi dernier, Fentange s’est incliné à Strassen (3-2). Imaginez-vous que ce titre de champion puisse vous échapper?
Tout est possible… Mais on fera en sorte que ce ne soit pas le cas. Les gars sont survoltés. Pour ce qui est de samedi, à mon avis, c’était un accident…
Vous irez à l’église faire une petite prière dimanche matin?
Non. Pas besoin d’aller à l’église.
Entretien réalisé par Charles Michel