Moins de trois semaines après son départ de Diekirch, Serge Karier vient de s’engager avec Lorentzweiler où il retrouve Laurent Van Elsande et Carel Zuidberg. Son objectif? Le titre, mais pas que…
Vous avez déjà trouvé un nouveau point de chute…
Serge Karier : Oui. Ça s’est passé plus vite que je ne l’avais prévu. Il y avait encore quelques détails à régler quant aux ambitions, mais on est tombés très vite d’accord avec Lorentzweiler.
Quels étaient ces «détails à régler»?
Je suis parti de Diekirch car mes ambitions n’étaient plus en adéquation avec celles du club. À moins que ce ne soit l’inverse. Et j’ai déjà dit à maintes reprises que ce qui m’intéresse, c’est de jouer le haut de tableau. De viser le titre et d’avoir un cadre suffisamment intéressant pour pouvoir prendre du plaisir en match mais aussi à l’entraînement.
Avez-vous craint de ne pas retrouver de club?
Pas vraiment. Il y a deux saisons, on avait assisté à un véritable jeu de chaises musicales en DN. La question était donc de savoir où ça allait bouger. J’ai été approché par des clubs étrangers mais, pour différentes raisons, ça ne me convenait pas. Je m’étais aussi fait à l’idée de passer une année sabbatique. Et puis, quand Lorentzweiler m’a contacté, ma décision a été facile à prendre. Je vais y retrouver Laurent (NDLR : Van Elsande, l’entraîneur) et Carl Zuidberg, le président, avec qui j’ai joué durant plus de deux saisons. Ce sont des passionnés de volley et je vais avoir beaucoup de plaisir à les retrouver.
C’est vrai que vous aviez évolué ensemble sur le terrain…
Oui, Laurent était joueur-entraîneur et Carel à la passe. À cette époque, c’était le meilleur passeur du Luxembourg.
À Lorentzweiler, vous allez rejoindre d’anciens joueurs comme Jean-Pierre Londinière mais aussi Philippe Glesener, votre beau-fils. D’ailleurs, son arrivée semblait annoncer la vôtre…
Jusqu’ici, c’est toujours l’inverse qui se produisait : j’étais dans un club et Philippe me rejoignait. La toute première fois, c’est lorsqu’il jouait ici, à Lorentzweiler, où il a été formé pour me rejoindre à Walferdange. Cette fois, c’est l’inverse (rires)…
Je suis parti de Diekirch car mes ambitions n’étaient plus en adéquation avec celles du club
En 2017, vous quittiez Walferdange pour Diekirch qui se trouvait alors dans les bas-fonds de la Novotel Ligue. Une saison plus tard, vous lui offriez le deuxième titre de champion de Luxembourg de son histoire. Pensez-vous pouvoir réaliser la même opération à Lorentzweiler qui, sur ces huit dernières saisons, n’est parvenu à accrocher le play-off titre qu’à une seule occasion?
Oui! Et c’est d’autant plus réalisable que malgré tout, Lorentzweiler livre en général des matches de bonne facture. Maintenant, il va falloir stabiliser la réception et commettre moins d’erreurs dans les moments importants.
Cela n’indique-t-il pas un manque d’expérience?
Je crois qu’aucun joueur du six de base ne devrait partir. Maintenant, c’est vrai qu’ils sont peu nombreux à avoir l’habitude de jouer le titre.
Au club, en tant que manager, vous serez également en charge du recrutement. Doit-on s’attendre à voir Lorentzweiler particulièrement actif sur le marché des transferts?
Le club n’a pas attendu que je débarque pour s’activer. La preuve, Petko Tunchev a déjà signé. À Bertrange il vient de réaliser la meilleure saison de sa carrière! Radoslaw Ryzmianski nous rejoint aussi. Cet opposite habite au Luxembourg et a joué en D2 polonaise. Il n’a pas le physique d’un Ryan Mather, mais il est plus technique. Ce qu’il fait, il le maîtrise.
À Diekirch, à l’image de Ryan Mather, vous aviez fait fonctionner votre réseau américain. Doit-on s’attendre à voir débarquer un joueur d’outre-Atlantique?
(Il rit) Ce n’est pas impossible…
Comment va se faire votre duo avec Laurent Van Elsande?
On va déjà se répartir les entraînements ainsi : tous les deux le lundi, lui le mercredi et moi le vendredi. Ce système, je l’avais mis au point avec Bogomil (Anachkov) à Diekirch et ça fonctionnait très bien. Avec Laurent, on s’entend très bien. En fait, ça a collé dès le premier jour. Pour preuve, cette anecdote : avec la sélection, on avait un tournoi en Irlande. Carel Zuidberg était retenu pour des examens et Bukrhard Disch avait dû prendre un tout jeune passeur. Pour le match, Burkhard me demande de laisser ma place de libéro et de jouer à la passe. Laurent, qui est de nationalité belge, figurait aussi dans le groupe. Vu le niveau qui était le sien, dès que j’avais la balle, je le cherchais. Bref, je crois qu’on a enchaîné neuf passes de suite pour autant de points marqués. Ah oui, j’oubliais, il jouait central… On en rit encore aujourd’hui. Tout ça pour dire qu’on se comprend très bien.
Que faites-vous durant cette période de confinement?
J’en ai profité par exemple pour suivre une conférence sur YouTube de Cédric Énard, adjoint de Laurent Tillie en équipe de France mais aussi entraîneur de Berlin. C’était très intéressant et en même temps assez impressionnant. Quand, pour mes analyses, je découpe le terrain en quatre, lui le divise en huit zones! Bon, d’un autre côté, il s’appuie sur des statisticiens. Moi, je fais tout à la main…
N’est-ce pas envisageable d’utiliser un logiciel prévu à cet effet?
Si, mais cela a un coût et demande quelqu’un qui soit capable de l’utiliser. En sélection, Burkhard s’appuyait sur Michel Beautier. J’avais pris contact avec un Argentin, qui réside en Argentine, et qui si on lui transmet la vidéo d’une rencontre, se charge des statistiques, mais j’ai cru comprendre qu’il travaillait déjà avec Strassen… Donc, je vais continuer à le faire moi-même.
Combien de temps cela vous prend-il?
Entrer les statistiques, c’est une chose, mais cela ne sert que si tu les analyses. Le but est de donner des micro-informations à tes joueurs. Les plus précises possibles. Avant le match aller contre Lucerne en Coupe d’Europe, j’avais enclenché mon chrono pour savoir justement combien de temps il me fallait au total. J’en suis arrivé à 88 h 46 minutes sur deux mois! Bon, pour un gros match en championnat, il faut compter une vingtaine d’heures.
Après Walferdange et Diekirch, Lorentzweiler est donc le troisième club que vous allez diriger…
(Il coupe) Le quatrième, car ma carrière d’entraîneur a débuté à Bertrange où j’ai conduit l’équipe dames à la victoire en Coupe de Luxembourg (NDLR : 2002). La seule de son histoire.
Qu’attendez-vous de cette nouvelle aventure?
Des succès, mais aussi vivre et partager une belle aventure. Prendre autant de plaisir sur le terrain qu’en dehors. Du reste, à la suite de mon départ de Diekirch, j’ai reçu beaucoup de messages de sympathie et, le moment venu, j’aurai beaucoup de plaisir à y retourner et à y boire une bonne chope!
Entretien avec Charles Michel