Kamil Rychlicki quitte la Lube pour signer chez le grand rival. Le pointu luxembourgeois revient longuement sur son arrivée à Pérouse.
Cette fois, c’est la bonne?
Kamil Rychlickli : Oui, enfin! Après des mois d’incertitudes et de négociations. Maintenant, c’est clair et je suis très heureux de rejoindre Pérouse, une équipe tellement forte. Avec qui il est possible de vivre quelque chose de très grand.
Il faut dire que cela fait des mois que votre nom revient régulièrement dans les rumeurs de transfert?
C’est clair. En fait, si tu écoutes les rumeurs, j’ai déjà signé dans trois ou quatre clubs différents (il rit). Je ne sais pas pourquoi les journalistes m’ont envoyé là ou là…
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez quitté la Lube Civitanova? Vous ne vous sentiez pas bien là-bas?
Au contraire. C’est une très longue histoire. À la base, j’ai toujours eu le désir de rester à la Lube. Seulement, à partir du mois de février, les choses ont changé.
Dans quel sens?
Je me suis rendu compte qu’Ivan Zaytsev allait revenir à la Lube. Le club me disait qu’il comptait sur moi, mais le fait est qu’il évolue au même poste que moi. Du coup, j’ai vu qu’on n’avait pas de plan pour moi à l’avenir. Il n’y avait pas de place pour moi.
Il n’y avait pas d’autre solution?
Si. On a travaillé avec le club pour trouver des solutions. On a évoqué la possibilité d’alterner entre les postes de pointu, qui est mon poste de prédilection, et le poste 4, celui de réceptionneur-attaquant auquel Zaytsev peut également évoluer. Je jouais à ce poste au Luxembourg et en Belgique, mais depuis que je suis en Italie, je me suis spécialisé comme pointu, celui qui attaque. En 4, tu attaques, mais tu as également la responsabilité de la réception. Donc on a envisagé cette solution de se partager les postes avec Zaytsev. Même si c’est un peu du bricolage et que tu ne le vois pas beaucoup dans le volley international, j’étais prêt à faire cet effort pour rester à la Lube.
Si tu écoutes les rumeurs, j’ai déjà signé dans trois ou quatre clubs différents
On vous a expliqué la raison de ce retour?
Le patron de la Lube m’a dit qu’ils le prenaient, car c’est un grand joueur. C’est un très bon joueur, le capitaine de l’équipe d’Italie. La plus grande star du volley là-bas. Et puis, il faut le dire, d’un point de vue marketing, c’est un bon coup.
En gros, on vendra plus de maillots Zaytsev que de Rychlicki?
C’est un peu ça.
Mais finalement, ça ne s’est pas passé comme cela? Pas de bricolage?
Pour moi, cette solution n’était envisageable que si la Lube ne faisait pas venir un autre joueur au poste 4. Au début, elle m’a affirmé que ce ne serait pas le cas. Mais au fil des semaines, des rumeurs se sont faites toujours plus grandes. On m’a dit de bien faire attention, car Civitanova avait commencé à prendre des contacts avec d’autres joueurs. Alors j’ai mis la pression sur le club. J’avais besoin d’avoir l’assurance qu’il n’y aurait pas un réceptionneur fort qui arriverait au club, ce qui m’aurait relégué sur le banc. Et cela, on n’a pas pu me l’affirmer. Et en mars, j’ai appris que (Ricardo) Lucarelli allait quitter Trentin et qu’il avait signé un contrat en secret avec la Lube. Ce n’est pas encore officiel, mais ça devrait l’être dans quelques jours ou semaines.
En gros, on vous avait pris pour un imbécile?
Un peu, oui. Donc j’ai commencé à chercher dans d’autres directions. En décembre, j’avais eu quelques touches avec des clubs polonais, mais ce n’était pas allé plus loin, puisque je ne devais pas partir. On n’était pas entré dans les détails. J’ai discuté avec mon agent. L’avantage, c’est que j’étais en position de force et que ce n’était pas à moi de chercher ou de demander. On a regardé les différentes options et laquelle était la plus intéressante pour moi.
Le président du club ne pouvait pas attendre pour annoncer mon arrivée
Quels étaient vos principaux critères?
Ce qui était sûr, c’est que je voulais rester en Italie. Je me suis donc concentré sur Modène, Pérouse et Trentino. Et l’offre la plus intéressante pour moi était celle de Pérouse. On va avoir une énorme équipe. Pour moi, le futur, c’est Pérouse!
Et c’est officiel depuis samedi?
En fait, j’ai signé en fin de semaine dernière et on avait dit qu’il fallait encore attendre quelques jours ou semaines, le temps que tout soit définitivement réglé. Mais le président du club ne pouvait pas attendre. Et dans une interview à la Rai, il a annoncé qu’il avait un cadeau pour cette belle ville de Pérouse et que ce cadeau c’était moi!
Et à Pérouse, il n’y a pas d’ambiguïté par rapport à votre rôle?
Non. Je vais remplacer Aleksandar Atanasijevic qui part en Pologne. Je vais à Pérouse pour jouer premier opposite, c’est très clair.
Vous avez signé pour combien de temps?
Deux années plus une troisième en option. Je suis très heureux de ce contrat.
Avez-vous l’impression de régresser en rejoignant Pérouse?
Pas du tout. On va avoir une équipe énorme. La mentalité et les objectifs restent les mêmes qu’avec la Lube. On devrait reprendre l’entraînement vers la mi-août.
Maintenant que c’est terminé avec Civitanova. Que retenez-vous de ces deux ans avec la Lube?
Le bilan est très positif. On a beaucoup gagné. On a fait des super matches. J’avais un entraîneur qui a tout le temps cru en moi, qui avait confiance en moi. C’est une expérience énorme. Maintenant c’est un peu dommage de ne pas avoir eu la chance de dire au revoir aux fans dans la salle. C’est un beau chapitre qui s’achève. Mais il y a encore beaucoup de pages à écrire dans le livre.
Entretien avec Romain Haas