Du haut de ses 29 ans, d’un premier titre de champion de Luxembourg avec Strassen et de ses 127 sélections, Gilles Braas évoque l’actualité de l’équipe nationale.
Ce jeudi, face à la Croatie, vous fêterez votre 128e cape. Rêvez-vous de rejoindre, voire dépasser, le record de Massimo Tarantini (161)?
Gilles Braas : (Il rit) Dans un coin de ma tête, ça reste un petit objectif. Dans la hiérarchie, je suis quatrième derrière Massimo donc, mais aussi Ralf Lentz (139) et Yann Lux (133). Après, ça dépend du nombre de matches que disputera l’équipe nationale. Si on en joue trois par an, ça va être compliqué. Ça dépendra donc des compétitions auxquelles on prendra part et du parcours qu’on y fera…
Que représente la sélection nationale à vos yeux?
Depuis 13 ans, j’en porte le maillot et je ressens toujours le même honneur. Beaucoup de choses ont changé. Je suis passé du statut du petit jeune qui était content de participer à celui de capitaine. Je le suis depuis sept ans. Ça confère d’autres responsabilités. Notamment aujourd’hui avec ce groupe qui a été profondément remanié à la suite de l’arrêt de plusieurs cadres et la confiance accordée par le sélectionneur à de nouveaux jeunes joueurs.
Au sujet de la sélection, il faudrait que Kamil (Rychlicki) s’exprime clairement
Parmi ces cadres, il y a bien évidemment Olivier De Castro, Yann Lux, Arnaud Maroldt. Quant à Kamil Rychlicki, son avenir semble s’écrire ailleurs…
Pour l’instant, lui n’a encore rien dit. Après la saison qu’il a eue avec son club (NDLR : Civitanova), c’est normal qu’il prenne le temps de récupérer. Au sujet de la sélection, il faudrait qu’il s’exprime clairement. Personnellement, je n’ai pas eu l’occasion de lui parler depuis deux ans. D’ailleurs, c’est vrai que cela fera bientôt deux ans qu’il n’a plus joué pour le Luxembourg et qu’il pourrait jouer pour une autre sélection. Mais en équipe nationale de Pologne, il y a Wilfried Leon à son poste. Et le règlement stipule qu’il ne peut y avoir qu’un seul joueur naturalisé dans l’équipe… Cela étant, quand on voit le niveau auquel il évolue, ça se comprendrait qu’il ne joue plus pour le Luxembourg. C’est même logique. Et il ne faut pas oublier tout ce qu’il nous a apporté. C’est un super joueur.
Plus tard, vous pourrez dire que vous avez servi Kamil Rychlicki…
Dans 30 ans, je ne vais pas crier « j’ai joué avec Kamil! J’ai joué avec Kamil! » J’ai mon propre parcours avec ma propre réussite.
En Autriche, lors de la phase aller de cette Silver League, vous avez rejoint la sélection dans la peau d’un… champion de Luxembourg. Ça fait quel effet?
(Il rit) Pas grand-chose. Sur le papier, c’était quelque chose d’important pour moi. Après, pour le reste, ça ne change rien.
Votre départ de Walferdange, finalement, s’est révélé être un mal pour un bien…
C’était difficile de quitter le club. Mon père y est, y consacre beaucoup de son temps. Après, on n’a jamais eu l’équipe pour vraiment viser le titre de champion. Durant un ou deux ans, on en avait une pour jouer la finale, mais pas plus… Avant ce titre de champion avec Strassen, j’en avais gagné un autre, celui de champion de 2e Bundesliga avec Coburg (2013).
C’était plus facile de partir d’Allemagne pour rejoindre un autre club luxembourgeois
Après être revenu à Walferdange, vous êtes reparti une seconde fois pour l’Allemagne. C’était en 2017, à Düren en Bundesliga. Avant de revenir au Luxembourg dans un autre club cette fois. Avec un peu de recul, cette aventure en Allemagne ressemble à un détour. On se trompe?
Non, c’est un peu ça… C’était plus facile de partir d’Allemagne pour rejoindre un autre club luxembourgeois que de le faire depuis Walferdange. Pour ma conscience en tout cas. Et puis, la situation me facilitait la tâche : mon père, bien sûr, ne m’a pas encouragé à partir, mais, à un moment, il a pris conscience que si je voulais gagner un titre, je devais partir. Alors, il m’a dit de faire ce qui me paraissait être le mieux pour moi. Et je suis parti alors à Bertrange durant une saison avant de rejoindre Strassen en 2019.
Ce titre de champion vous a-t-il ouvert l’appétit?
Oh oui ! Et je me dis qu’à 29 ans, j’ai encore de belles années devant moi.
Le week-end dernier, en Autriche, vous avez disputé la phase aller de cette Silver League. Votre sentiment?
On a joué cette compétition il y a cinq ans. Nous évoluions à un niveau que l’équipe nationale n’avait jamais atteint dans son histoire. Aujourd’hui, comme je le disais, il y a tout à reconstruire. Beaucoup de joueurs ont une très faible expérience internationale. Ça aurait été sans doute mieux pour eux de pouvoir disputer un championnat d’Europe des Petits Pays, mais cette compétition n’existe plus. C’était donc soit cette Silver League, soit rien… Quant à notre prestation, je pense qu’on a été à notre niveau. On a même réussi à empocher un set contre la Croatie qui s’est fait surprendre. Mais je ne pense pas qu’elle se fera surprendre une deuxième fois et va jouer sur nos points faibles.
Quels sont ces points faibles?
La hauteur, le physique, la puissance… On ne joue pas dans la même catégorie. Il faut reconstruire cette équipe, ça va prendre du temps, on le sait. Mais il y a un noyau qui a un potentiel. C’est possible de faire quelque chose si les jeunes acceptent de s’investir…
L’investissement des jeunes joueurs, aujourd’hui, serait moindre qu’à votre époque. Partagez-vous cette idée?
Oui, complètement. À leur âge, avec les autres, on cherchait un moyen de zapper les cours pour aller s’entraîner. Eux, aujourd’hui, c’est l’inverse… Le seul souci, c’est qu’ils veulent jouer à un certain niveau, mais sans prendre le chemin, le seul qui permet d’y parvenir. Quand on regarde Ralf Lentz, on se dit que pour avoir une telle carrière, il a dû un peu travailler…
Mateja Gajin symbolise-t-il, d’une certaine manière, cette nouvelle génération ou est-ce encore un cas à part?
Mateja a déjà quelques sélections au compteur, donc je ne le considère plus comme un petit jeune. Au début, il n’aimait pas trop travailler. Mais, avec le temps, il s’est rendu compte que ce n’était pas en s’entraînant à 70 % qu’il allait progresser.
Entretien avec Charles Michel
Le programme
Messieurs (phase retour)
Jeudi, 20 h : Croatie – Luxembourg
Samedi, 20 h : Hongrie – Luxembourg
Dimanche, 20 h : Luxembourg – Autriche
Classement
1. Hongrie 8 pts (3); 2. Croatie 5 (3); 3. Autriche 5 (3); 4. Luxembourg 0 (3).
Dames (phase aller)
Vendredi, 17 h 30 : Luxembourg – Slovénie
Samedi, 15 h : Israël – Luxembourg
Dimanche, 17 h 30 : Autriche – Luxembourg