Après deux saisons bien distinctes, Chris Zuidberg vient de prolonger d’un an son contrat avec Waremme, qui lui offre ce qu’il souhaite vraiment : changer de poste.
Où vous trouvez-vous?
Chris Zuidberg : Je suis au Luxembourg. Je me suis dépêché de rentrer avant que les frontières ferment.
Comment avez-vous vécu cette période ce confinement?
J’ai essayé de m’entretenir du mieux possible. Avec les salles fermées, j’ai fait d’autres activités comme du VTT. Sinon, chez moi, je faisais des exercices sur un tapis, au poids de corps. Maintenant que les courts de tennis vont rouvrir, je vais aller jouer avec ma copine.
Vous n’avez pas succombé à la mode des bouteilles d’eau?
Si. Par exemple, je prenais un pack de six et je travaillais les épaules. Pour en revenir aux exercices, au début on faisait ça en groupe par visioconférence avant d’arrêter.
En tant que sportif élite de l’armée, avez-vous accès à la Coque?
En fait, je ne sais pas exactement ce qui est prévu pour les volleyeurs. Est-ce qu’on peut jouer à deux, se faire des passes ou doit-on uniquement faire des exercices seuls? Même si c’est le cas, il y a toujours moyen de faire des séances au service ou à la réception grâce à la machine service-ballon. Quand on veut travailler, on trouve toujours de quoi faire…
Cette période de confinement vous a-t-elle permis de faire des choses inhabituelles?
(Il rit) J’ai peut-être passé un peu trop de temps devant Netflix… Cela dit, j’ai limité mes sorties au strict nécessaire.
Au supermarché, s’il y a du monde dans un rayon, je ne vais pas m’amuser à m’y faufiler. J’attends qu’il se vide un peu..
Avez-vous eu peur?
Non. Je savais que si je ne prenais pas de risque inconsidéré, je n’avais aucune raison de m’en faire. Alors, avec ma copine, on sortait une fois par semaine pour faire les courses. Et ce, à tour de rôle. On voulait éviter de contaminer quelqu’un. Mon grand-père, qui a 95 ans, je suis allé le voir la semaine dernière et suis resté à distance raisonnable. Ça faisait plus de deux mois que je ne l’avais pas vu.
Avez-vous ce réflexe de vous écarter lorsque vous croisez quelqu’un?
Au supermarché, par exemple, s’il y a du monde dans un rayon, je ne vais pas m’amuser à m’y faufiler. J’attends qu’il se vide un peu… Je ne sais pas si ce sont des réflexes, mais j’essaye de respecter les mesures recommandées par le gouvernement.
La crise du Covid-19 a entraîné l’arrêt de la saison en Belgique. Une saison difficile pour votre club de Waremme qui a fini la phase régulière à la dernière place…
Quand je suis arrivé au club, l’équipe comptait plusieurs joueurs étrangers. Des éléments d’expérience et on avait fait une très belle saison. On avait fini à la cinquième place, soit le meilleur résultat de l’histoire obtenu par une formation wallonne. On avait réussi à enchaîner sept succès d’affilée, là encore une première pour un club wallon. Cette saison, du haut de mes 25 ans, j’étais le deuxième joueur le plus âgé du groupe derrière Roman Abinet, le capitaine. Le club souhaitait évoluer avec davantage de joueurs belges. Nous sommes donc partis d’une autre base, ce qui demande un peu de temps et d’adaptation. La phase régulière a été difficile, mais lors de notre Best of Three contre Alost, qui a fini en tête la saison régulière, on a perdu le deuxième match chez eux 3-2. Je ne dis pas qu’on aurait gagné, mais c’était quand même très serré.
La fédération a décidé de ne pas établir de classement. Waremme a donc évité la relégation…
(Il coupe) Non, on ne serait pas descendus cette saison, car, l’an dernier, Zoersel a arrêté pour des raisons financières et l’équipe qui devait monter de Ligue B n’avait pas les moyens financiers nécessaires. Et comme la fédération veut une Ligue A à dix clubs et qu’on était huit cette saison…
Le fait de se passer de joueurs étrangers, est-ce une question d’identité ou d’économies?
Dans toutes les salles, après les matches, les joueurs se retrouvent à la cafétéria où l’on croise les spectateurs. Ils aiment bien discuter avec nous et c’est certain que c’est plus simple de le faire avec quelqu’un qui parle ta langue qu’un joueur qui ne parle qu’anglais. Après, il y a aussi une raison économique. Les étrangers sont plus chers. Pas forcément de par leur salaire mais par le coût que représente un transfert international.
La crise du Covid-19 entraîne une certaine frénésie sur le marché des transferts et il semble y avoir beaucoup plus d’offre que de demande…
Oui, en France, j’ai remarqué l’arrivée de pas mal d’Argentins et de Brésiliens. En Belgique, pour l’instant, c’est encore assez calme. Aucun club n’a encore fait de folie. Même les plus gros.
Quand l’équipe est en difficulté, le central sort pour laisser entrer le libéro. Et être sur le banc, à ne rien faire, ça me rend fou
Vous venez de prolonger d’un an votre contrat avec Waremme. Pourquoi?
D’autres possibilités à l’étranger existaient, mais le club m’a fait une proposition qui correspondait à mes attentes.
C’est-à-dire?
Je souhaitais changer de poste. Passer de central à réceptionneur/attaquant. J’essaie toujours de progresser et d’aller le plus haut possible en fonction de mes qualités. Même si je mesure deux mètres, pour un central, au niveau international, ça reste « petit ». Et je n’ai pas l’explosivité qui me permet de sauter très, très haut. De plus, je désire participer plus au jeu, toucher davantage de ballons. Le central touche le ballon sur un bloc ou si le passeur lui donne le ballon. C’est tout. Et puis, quand l’équipe est en difficulté, le central sort pour laisser entrer le libéro et être sur le banc, à ne rien faire, ça me rend fou.
Vous êtes passé par Tours, avec qui vous avez gagné la Coupe d’Europe, Bühl et donc Waremme. Quel regard portez-vous sur votre carrière?
À Tours, je faisais partie du centre de formation et j’ai eu la chance de pouvoir m’entraîner avec de grands joueurs. Eh oui, je gagne la Coupe d’Europe, mais en finale, j’entre en fin de match pour faire un bloc. Le jeu de l’équipe ne tournait pas autour de moi (il rit). À Bühl, j’y suis arrivé en janvier après avoir effectué ma formation militaire. Là aussi, l’équipe ne m’avait pas attendu pour trouver son système.
Ce qui devait être le cas, également, à Waremme au vu de votre poste de central…
Je fais partie du six de base, mais les joueurs les plus recherchés sur un terrain sont le pointu et l’attaquant/réceptionneur, car ce sont les deux capables de faire quelque chose même avec une « mauvaise » balle. Cette saison, j’ai joué des sets par-ci par-là à ce poste et les dirigeants étaient plutôt satisfaits. Et ce, d’autant que je n’avais pas d’entraînement spécifique. Comme je l’ai dit, je recherche toujours le moyen d’aller le plus haut possible.
Entretien avec Charles Michel