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Vincent Thill en salle d’attente au FC Metz


Cette saison, Vincent Thill est notamment entré en jeu contre le Red Star en Coupe de la Ligue. (Photo RL/Anthony Picoré)

Un an et demi après ses débuts en Ligue 1 à 16 ans et 8 mois, Vincent Thill n’a pas encore confirmé. Il peine même à s’imposer en équipe réserve, avec laquelle il n’est pas entré en jeu le week-end dernier contre Sarreguemines.

Le 21 septembre 2016 promettait des lendemains qui chantent. Ce jour-là, Vincent Thill, pas encore 17 ans, était le premier joueur né dans les années 2000 à débuter en Ligue 1, avec Metz contre Bordeaux. Une entrée qui en appelait d’autres. Pourtant, quinze mois après, ces promesses sont restées lettre morte. Le Luxembourgeois, qui vient d’avoir 18 ans, n’a connu qu’une cape dans l’élite (à Lyon cette saison) et quelques autres en Coupe depuis. Ce qui équivaut à 239 minutes et trois titularisations.

Avant de jouer avec les U19 mercredi, José Pinot, l’entraîneur de la réserve, ne l’a pas fait entrer contre Sarreguemines le week-end précédent. « Un joueur pro, quand il redescend pour la première fois en réserve, il est forcément titulaire, explique Frédéric Hantz. Les fois suivantes, c’est José qui décide. »

« Sans doute trop tôt »

Pourquoi Vincent Thill, annoncé comme l’un des cracks de sa génération, peine-t-il à franchir un cap ? « A posteriori, je pense que c’était une mauvaise idée de le faire reprendre avec les pros à l’été 2016, tranche d’emblée Philippe Hinschberger. On lui a fait brûler les étapes. » Une promotion pourtant nécessaire : sans ce premier contrat pro, Thill aurait filé au Bayern Munich, qui lui faisait une cour insistante. « Il a signé pro sans doute trop tôt, confirme Hantz. Il s’entraîne avec nous essentiellement dans le but de le faire progresser. Physiquement, il n’est pas encore à maturité. »

Plus que son physique, qu’il compense – en partie – par une technique au-dessus de la moyenne, Thill est bridé par la situation comptable du FC Metz. Déjà, son poste est fourni : Milicevic, Cohade, Jouffre, Mollet peuvent jouer n°10. Et pour viser le maintien, un coach s’appuie sur des joueurs d’expérience plutôt que sur un gamin, aussi talentueux soit-il, de 18 ans. Si Metz était aujourd’hui mieux classé, le climat serait sans doute plus propice à son épanouissement.

Incompréhension et frustration

Surtout, Vincent Thill semble souffrir ou, du moins, ne pas comprendre le décalage de considération entre ses univers messin et luxembourgeois. Un exemple ? Après avoir répondu présent contre la France en septembre 2017 (0-0), il n’avait pas été convoqué pour la réception du PSG dans la foulée. Un épisode difficile à encaisser, qu’il n’a pas saisi. À peu près comme à chaque fois qu’il doit redescendre en réserve après une semaine d’entraînement avec les pros.

« Je me suis souvent expliqué à ce sujet avec lui, concède Hinschberger. Il avait l’air de me comprendre. Mais comme il entendait un autre discours ailleurs… » Deux messages opposés qui génèrent forcément de la frustration. Comme celle qu’il a laissée éclater l’an dernier, en quarts de finale de Coupe Gambardella, quand il s’était fait exclure. Mais il devra aussi la contenir et faire les efforts nécessaires avec l’équipe réserve pour s’imposer et, à l’avenir, de nouveau frapper à la porte du groupe pro. Car selon Frédéric Hantz, « il faudra encore deux ans pour qu’il achève sa formation. » Thill va devoir prendre son mal en patience.

Antoine Raguin (Le Républicain Lorrain)

Holtz : « Ça ne doit pas être facile à vivre »

Luc Holtz, le sélectionneur du Luxembourg, peut comprendre que la situation du FC Metz n’est pas optimale pour la progression de Vincent Thill. Mais il aimerait aussi le voir jouer un peu plus…

Que pensez-vous de l’utilisation de Vincent Thill au FC Metz ? « Ces derniers temps, il n’apparaît quasiment plus dans le groupe pro. Ça ne doit pas être facile à vivre. En Europe, on voit beaucoup de jeunes de 17-18 ans jouer alors que lui figure le plus souvent en réserve. Ce qui ne doit pas correspondre à ses attentes. »

Cette utilisation parcimonieuse vous surprend-elle ? « La situation du club est délicate. Ils se sont bien renforcés cet hiver pour se sauver. Ce qui n’arrange pas Vincent. Ce n’est pas à moi de juger comment l’utiliser mais, concernant un talent de 18 ans, mon opinion reste la même : il faut lui donner du temps de jeu pour qu’il se développe. Je ne sais pas quel est le plan du club ni le sien, mais si dans le futur il n’est pas plus utilisé, il faudra envisager un départ. »

Aujourd’hui, a-t-il l’étoffe pour jouer en L1 ? « C’est un grand talent. Il a les qualités techniques et cognitives. Mais d’autres aspects entrent en compte, comme la philosophie de jeu. Et vu celle du FC Metz aujourd’hui, c’est difficile. »

Les seules fois où il a joué avec les pros cette saison, il a été en difficulté dans les duels… « Athlétiquement, il n’est pas encore terminé. Le football, c’est des duels, mais aussi de l’anticipation. L’une de ses grandes qualités. Il faut le mettre dans une configuration où il n’aurait pas trop de duels à disputer. Il doit jouer entre les lignes, pour qu’il soit le moins possible confronté aux duels. »

Le faire jouer en réserve, est-ce la solution ? « Depuis deux ans, on lui prédit un grand avenir. Mentalement et moralement, il doit être dans une situation délicate. Au niveau de la confiance, ce n’est pas bénéfique s’il est remplaçant en réserve. »

Recueilli par A.R.