Gabriel Gatti, le président differdangeois, ne cache pas une lassitude voire une exaspération d’organiser des épreuves qui attirent de moins en moins.
Gabriel Gatti, ici en conversation avec son coureur, Christian Helming, reste à 73 ans, motivé malgré tout. Jusqu’à quand ? (Photo : DR)
Ce n’est pas son premier coup de gueule. On espère également que ce n’est pas le dernier. Mais lorsque Gabriel Gatti explique qu’il craint qu’il s’agisse, vendredi, de la dernière édition du cyclo-cross international de Differdange, on ne doute pas qu’il parle vrai. Explications…
• De moins en moins de public. « Je me souviens d’un temps, d’ailleurs pas si lointain, où pas moins de 2 000 spectateurs venaient assister à cette épreuve. C’est vrai qu’à l’époque, on pouvait se payer de belles têtes d’affiche, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Je crois que nous sommes devenus victimes d’un système qui nous échappe. Il y a déjà longtemps de cela, les instances fédérales nous ont expliqué que nous devions nettement relevé les grilles des prix. Afin de ne plus être obligé d’attirer les coureurs par des primes de départ. J’avais prévenu que c’était une hérésie. On ne m’a pas écouté. Or aujourd’hui, non seulement, nous devons continuer à le faire, mais en plus, nous n’attirons plus de grands coureurs de cross. Quand tu as un coureur de 19 ans qui te demande une enveloppe pour être au départ, tu te pinces pour être sûr de ne pas rêver. »
• Le bon vieux temps. « Lorsque le champion du monde italien, Daniele Pontoni, prenait le départ des épreuves luxembourgeoises, cela attirait beaucoup de public. C’est l’ancien président de l’UC Pétange, italien lui aussi, qui le connaissait. Et Pontoni ne prenait pas des sommes folles. Je me souviens, il venait pour seulement 12 000 ou 13 000 francs luxembourgeois, rien d’invraisemblable. Mais comme il faisait toutes les courses de fin d’année au Luxembourg, on le voyait à Rumelange, à Differdange, à Pétange. Il était gagnant. Et nous aussi. Il avait tout compris. L’autre champion du monde qui était très correct, c’est le Lorrain Dominique Arnould. Il aimait venir au Fond-De-Gras. Il est aujourd’hui directeur sportif dans l’équipe française Europcar. Comme on se croise souvent dans les courses pros, on parle du bon vieux temps. À cette époque-là, les Belges n’avaient pas encore mis une date sur ma course de Noël (NDLR : le même jour, une épreuve est organisée à Diegem). »
• Un plateau de 2 500 euros. « Aujourd’hui, les coureurs invités coûtent cette somme, ce qui n’est pas énorme, j’en conviens. Par contre, vais-je réussir à équilibrer les comptes, c’est-à-dire, avoir autant de recettes? Ce n’est pas évident. Franchement, je suis en train de réfléchir. Avec une vingtaine de bénévoles, on passe toute la journée au Fond-de-Gras pour faire zéro-zéro… Et puis, le terrain, il faut bien le préparer les jours précédents. Ça fait beaucoup d’efforts pour des résultats aléatoires. En octobre, j’étais allé voir le cyclo-cross de Contern. Eux aussi font beaucoup d’efforts. Mais quand tu vois le peu de spectateurs, c’est pour pleurer. »
• Un cyclo-cross à l’ancienne. « De toute façon, le cross a changé ces dernières années. En Belgique, ils dessinent les parcours sur des autoroutes et du sable. Ça roule à 30 km/h. Chez moi au Fond-de-Gras, dans le trou, c’est dur, c’est physique, comme dans le temps quoi. Franchement, ça a une autre allure. Mais bon, je ne sais pas si tout cela va pouvoir durer. Si cette fois, ça ne marche pas, il n’y aura pas de prochaine fois ! »
• Un œil sur Christian Helmig. « Je l’ai trouvé en bonne forme dimanche à Rumelange mais il a voulu revenir trop vite sur Soren Nissen. Je me doutais qu’il coincerait et ça n’a pas loupé mais il est en bonne condition et il jouera un grand rôle début janvier lors du championnat. »
De notre journaliste Denis Bastien