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Une réforme qui va forcément faire parler


L’Union cycliste internationale (UCI) a modifié son barème de points pour la saison 2015. Mais pour des raisons pratiques, ce classement restera anecdotique en 2014. Le World Tour restera régi par les anciennes règles jusqu’en 2016. De même que les  critères de sélection pour les Mondiaux de Richmond (2015) et les JO de Rio.

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La nouvelle réforme du barème des points du classement mondial va forcément intéresser le public qui pourra, à l’instar du tennis, se forger une opinion du coureur, en fonction de son rang. (Photos : AFP)

Lorsque le 14 janvier dernier, l’Équipe a révélé que l’UCI avait modifié le barème de points de ses classements tout en donnant quelques exemples de ces changements, on pensait que la fédération internationale allait confirmer cette réforme. Ce ne fut pas le cas. Depuis, c’est silence radio. Mais les directeurs sportifs, eux, ne parlent que de cela en ce début de saison.

En se renseignant auprès de différentes équipes du World Tour, qui ont toutes reçu ce document en avant-première, on a cru comprendre pourquoi l’UCI a usé d’une grande discrétion. Cette réforme, pas toujours très bien compréhensible quand elle n’est pas carrément injuste dans la répartition des points que nous détaillons par ailleurs, a néanmoins le mérite d’exister. D’après nos informations, les responsables de l’UCI se doivent de présenter cette nouvelle réglementation au Conseil du cyclisme professionnel, présidé par le président de la Fédération française de cyclisme, David Lappartient. Or cette instance ne se réunit qu’en février. Ceci explique sans doute pourquoi, depuis l’article de nos confrères de l’Équipe, s’est installé ce curieux silence.

> Le nouveau et l’ancien…

Toutefois, le document transmis aux équipes, voici déjà plusieurs semaines, est une mine d’informations dans la répartition des points qu’elle suggère.

Car effectivement, un nouveau classement UCI va entrer en vigueur. Il était temps, sommes-nous tenté d’ajouter tant l’ancien système semblait injuste et était d’ailleurs fortement décrié par les coureurs, mais aussi par tous les acteurs du cyclisme professionnel.

Pour autant, c’est là que cela se complique, on n’en aura pas tout à fait terminé avec l’ancien ! En effet, le système de points en vigueur jusqu’ici va perdurer pour au moins deux évènements majeurs : les championnats du monde sur route 2015 prévus à Richmond (USA), et Les Jeux olympiques de Rio. Pour ces deux cas, c’est l’ancien classement par nations qui fera loi. Pas le nouveau classement par points, qui sera d’ailleurs régulièrement publié par l’UCI. Un classement qui ravira sans doute d’ailleurs le grand public. Car ne l’oublions pas : le cyclisme est d’abord un sport de classements…

Pour rappel, longtemps le Luxembourg avait eu à subir, par voie de conséquence indirecte, son particularisme. Petit pays, grands coureurs, cela ne faisait pas forcément bon ménage. Si plusieurs fois, le Luxembourg pouvait rivaliser avec les grandes nations en termes de nombre de coureurs sélectionnés pour les Mondiaux (Varèse en 2008 et Mendrisio en 2009), ce ne fut pas toujours le cas. D’ailleurs, l’UCI avait révisé son mode de sélection à cause du Luxembourg, c’est aussi à signaler. Bref, jusqu’à Rio, il faudra, ici au Luxembourg, vivre avec les deux formules en tête, puisque l’un n’ira pas avec l’autre. On regardera évidemment le nouveau classement individuel. Et on fera l’effort où le pays en est avec l’ancien système. Car forcément cela servira encore un peu. Vous suivez ?

> « Sans point, pas de valeur »

Enfin, et cela concerne plus directement les équipes, le mode d’attribution des licences World Tour restera en l’état pour les licences 2016 qui seront donc évaluées en fin d’année 2015. Cette précision d’importance figure dans la lettre adressée aux équipes que nous avons pu consulter.

Qui dit réforme, dit nouveauté. Et dans ce domaine, on se réjouira en constatant que la Fédération internationale a pris en considération la plainte des coureurs et des équipes.

Imaginez-vous bien qu’un coureur comme Ben Gastauer, en 2014, pouvait terminer 21e du Tour de France et ne marquer aucun point World Tour. Si un coureur terminait onzième de Paris-Roubaix ou de Liège-Bastogne-Liège, de la même façon, il n’avait aucun point à son compteur.

Le nouveau classement sera donc élargi, très élargi même, mais au moins tous les coureurs dignes de ce nom y seront immanquablement représentés. Puisque désormais on ira très loin pour attribuer les points, jusqu’au 60e du classement des épreuves estampillés World Tour, excusez du peu! Normal, en fait. Sur ce point, on applaudit des deux mains. Car c’était l’un des problèmes de l’ancien système, les coéquipiers n’avaient que très peu de chances d’y figurer. Dans nos colonnes, Laurent Didier et Ben Gastauer s’en étaient assez largement plaint. « C’est un très gros problème, ce système à points, s’était alors ému le coureur de l’équipe AG2R la Mondiale. Pour les coéquipiers comme moi, c’est très difficile de penser à soi. Et sans points, on n’a pas de valeur marchande pour renégocier les contrats. Et lorsqu’on travaille pour nos leaders, on ne peut pas penser à soi… »

Voici donc une belle avancée. Comme cette possibilité, nouvelle, de marquer des points sur des épreuves non estampillées World Tour, comme par exemple, le Tour de Luxembourg, jusqu’à même la Flèche du Sud !

Pour le reste, et alors que la réforme du World Tour annoncée à l’horizon 2017 devrait suivre, on ne peut s’empêcher de remarquer quelques incohérences de taille. Ainsi, le Tour de France, plus grande épreuve du monde reconnue par tous, distribuera le même nombre de points que le Giro et la Vuelta. Mais surtout, le barème sera le même entre un Milan-San Remo, un Paris-Roubaix, un Tour des Flandres, un Liège-Bastogne-Liège, qu’un Grand Prix de Plouay, une Clasica San Sebastian, un Grand Prix de Québec. Pire encore, le barème sera le même entre un Tour de Suisse, un Dauphiné, qu’un Grand Prix de Montréal ou qu’un Tour de Pologne ! Évidemment, c’est absurde.

Le Quotidien