Camille Schmit, l’entraîneur de Charel Grethen sait que son poulain va tout donner en finale.
Retrouver Charel Grethen en finale, est-ce une surprise pour vous ?
Oui. Dès le début, on espérait arriver en demi-finale. Ça, je savais que c’était possible même s’il fallait que beaucoup de paramètres soient réunis en même temps. Après pour la finale, quand j’ai vu que le sixième de la première demi-finale avait fait 3’35“, j’étais convaincu que Charel avait les moyens de passer aux temps. Parce que terminer dans les cinq premiers, ça paraissait compliqué. C’est vrai que les derniers entraînements s’étaient bien passés. Mais j’avoue que ce qui m’a surpris, c’est la perf en 3’32“ !
Avec une tactique bien mise en place ?
Oui. On tente d’établir un plan avant la course. On savait que Charel devait essayer de rester au contact avec les premiers et qu’il n’avait pas une pointe de vitesse suffisante pour attendre les 50 derniers mètres. Lui était du même avis il fallait donc être parmi les premiers à 150 m de l’arrivée.
On a eu le sentiment qu’il se comportait presque comme un patron. Qu’il avait beaucoup de maturité dans ses courses ?
Oui. Il a beaucoup grandi également sur le plan tactique. Et puis Charel n’a pas peur d’un nom. Peu importe s’il se retrouve face à quelqu’un de connu ou pas, il s’en fiche et tente de faire sa course.
Diriez-vous que Charel est votre athlète le plus doué ?
C’est celui qui est allé le plus loin. Mais Charline (Mathias) est également très doué et il y a aussi Vivien Henz, qui a 16 ans et qui fait mieux que Charel au même âge. On a des jeunes doués. Maintenant, pour savoir s’ils iront aussi loin que Charel, on verra bien.
Samedi, c’est la finale. Vous êtes-vous préparé spécialement ?
Non. On a trois courses en cinq jours, donc on axe tout sur la récupération et sinon on se contente d’un petit footing. Le travail a été effectué avant. Il a beaucoup couru, il a fait un stage en altitude puis quand il est revenu, on a travaillé dix jours la récupération, le volume, la qualité. Il n’y a pas de miracle, tout le monde fait la même chose.
S’il y a des places à prendre, il ne va pas se gêner !
Que peut-on attendre de Charel en finale ?
C’est dur à dire. Il va y avoir les 13 meilleurs du monde, chacun aura fait deux courses et devra avoir bien récupéré de ses efforts. Pour lui, le simple fait d’être là est déjà une victoire. Tout ce qui viendra en plus sera du bonus. Si on regarde la composition de la finale, il y a le Kenyan qui a gagné la demi-finale (Abel Kipsang), le Norvégien (Jakob Ingebrigtsen) qui est à mon avis le plus fort, deux des trois Britanniques qui sont très forts, l’Australien… à mon avis, il y a six ou sept mecs qui ne peuvent pas être battus par Charel, en théorie.
Avez-vous discuté tactique ?
Oui. Il va essayer de faire ce qu’il a fait lors des deux premiers tours. Tout dépendra du rythme de la course. Si, comme je le pense, ça part vite, il va certainement se mettre dans les dernières positions et attendre son heure. Ce qui est sûr, c’est qu’il va donner son max et que comme d’habitude, s’il y a des places à prendre, il ne va pas se gêner !
Est-ce qu’une telle performance ouvre des portes ?
Bien sûr. Une demi-heure après sa demi-finale, on a reçu des messages indiquant qu’une place se libérait pour un meeting. Il y a également de bonnes chances qu’il soit présent sur un meeting de la Diamond League. Être en finale olympique, oui, ça ouvre des portes.
Entretien avec Romain Haas