Sélection Nationale – Si l’information a filtré plus vite qu’il ne l’aurait souhaité, Hoffmann, joueur le plus capé des Roud Léiwen avec 88 sélections, a confirmé son choix, hier, au sortir de l’entraînement de la Jeunesse : « Oui, j’arrête. »
Le défenseur de la Jeunesse va annoncer aujourd’hui à Luc Holtz qu’il ne souhaite pas poursuivre sa carrière internationale. (Photos : Isabella Finzi/Gerry Schmit)
Il arrête. Après 88 sélections (3e joueur le plus capé de l’histoire derrière Jeff Strasser et René Peters, à égalité avec Carlo Weis) et une carrière lancée en 2001 à l’âge extrêmement précoce de 17 ans, Éric Hoffmann a décidé, à seulement 30 balais, qu’il n’a pas vocation à attendre qu’on décide pour lui. Alors que Luc Holtz a décidé de couper au générique les noms d’autres « anciens » de la maison avant que ne débute la campagne des éliminatoires de l’Euro-2016, René Peters et Guy Blaise, et que son temps de jeu des deux dernières années laissait entrevoir qu’un jour ou l’autre, on finirait par faire sauter la sienne, de tête, autant anticiper.
Est-ce une nouvelle ? Oui et non. On sentait bien, depuis quelques mois, que le rapport d’Éric Hoffmann à cette sélection en avait pris un petit coup. Depuis le match nul en Azerbaïdjan (1-1) en juin 2013, Holtz ne l’avait utilisé que deux fois en treize rencontres, et à chaque fois lors de matches amicaux. Le message était clair : s’il comptait parmi les derniers des Mohicans à avoir survécu à la lente émergence de toute une génération de jeunes aux dents longues formés à Mondercange et en centres de formation de toute la grande région, le temps était venu de laisser la place, en bonne intelligence. C’est-à-dire en restant dans les parages pour dépanner, au cas où, mais sans plus rien revendiquer.
Hoffmann est un gars intelligent et suffisamment détaché de sa petite personne (une qualité rare dans le football) pour n’en avoir pas fait grand cas. Philosophe, il revenait inlassablement aux rassemblements, encadrait la jeunesse, répondait aux questions de la presse quand elle lui en posait. Moins ces derniers mois. Puisqu’il savait que forcément, elles allaient commencer à tourner autour de cette éventualité de le voir arrêter, de gré ou de force.
> Il y a trop de monde devant
Pendant les fêtes, il a donc décidé qu’il valait mieux partir maintenant que de voir Luc Holtz, l’homme qui l’a révélé à Etzella au début du XXIe siècle, trancher dans le vif. Le polyvalent Hoffmann avait de toute façon vu ses secteurs de prédilection se remplir depuis trois ans dans des proportions invraisemblables : Chanot et Schnell sont désormais indéboulonnables de l’axe central du Luxembourg, tandis qu’au milieu, Gerson et Holter ont pris les commandes. Et la variable d’ajustement, désormais, s’appelle Philipps, l’un de ses grands potes. Comment exister dans ces conditions? Peut-être en se retirant au bon moment, alors qu’il lui reste encore sûrement quelques belles années en Division nationale.
Hoffmann laissera quand même sa trace. S’il a fait la majeure partie de sa carrière internationale au beau milieu d’un désert de résultats, il aura aussi été de la plupart des grands moments qui ont contribué à relancer la machine. Homme de base sous Guy Hellers, il n’aura manqué que le premier succès en onze ans à Gomel, contre la Biélorussie (0-1). Mais il était là, contre la Suisse, en septembre 2008 (1-2), là pour le nul en amical contre la Belgique dans la foulée (1-1), des tournants majeurs pour construire la sélection nationale d’aujourd’hui.
Son impact en sélection au long de ses treize années de présence auront convaincu tout le monde qu’il n’a pas eu la carrière qu’il méritait. C’est sans doute mal connaître l’animal, qui n’a jamais fait grand cas du monde pro et de l’importance que certains attribuaient au foot. Lui a choisi de s’en passer définitivement et à voir sa tête, hier soir, à la Hiehl, on jurerait que cela ne le tourmente pas plus que cela…
De notre journaliste Julien Mollereau