COUPE DU MONDE À VINA DEL MAR Grande favorite de l’épreuve, Jeanne Lehair a justifié son statut, hier au Chili.
On l’avait laissée, il y a deux semaines sur une immense déception. En effet, alors qu’elle pouvait terminer sur le podium du classement général du WTCS, voire même un peu mieux, Jeanne Lehair, dans un jour sans, avait vécu sa pire course de l’année. En terminant au-delà de la vingtième place à Wollongong, elle voyait ses rêves de boite s’envoler et échouer au sixième rang mondial. Soit un de moins que l’an passé : «Je fais une meilleure saison et pourtant mon classement est moins bon. C’est comme cela. Cela me laisse une marge de progression pour l’année prochaine», se projetait immédiatement la Luxembourgeoise à l’issue de sa course.
Mais alors que la plupart de ses adversaires ont achevé leur saison sur cette grande finale en Australie, Jeanne Lehair avait d’autres plans : «Je ne veux pas reprendre trop tôt l’entraînement. Alors je vais prolonger un peu. Je vais chiller au Chili», souriait-elle il y a quelques semaines.
C’est ainsi qu’elle a traversé toute la planète pour se retrouver en Amérique du Sud, pour disputer deux ultimes Coupes du monde sur place. Ainsi, avant de goûter à quelques jours de repos ô combien mérité, à l’issue d’une saison tout simplement exceptionnelle avec une victoire et une deuxième place en WTCS, 3 succès et la victoire au général de la Supertri sans oublier trois autres victoires en championnat de France, avec le titre par équipes, elle s’est donc alignée, hier, sur le premier de ses deux rendez-vous.
Malgré une eau très frisquette (13 degrés), elle s’est élancée et a bouclé ses 750 m sans problème dans le premier paquet, avec 4 petites secondes de retard sur le meilleur temps. Évidemment, les plus fortes se regroupent à vélo et Jeanne Lehair ne ménage pas ses efforts. Elle réalise d’ailleurs le meilleur temps en avalant les 18,9 km en 28‘56″. Visiblement, les sensations étaient bien meilleures qu’il y a deux semaines en Australie, où elle avait souffert dès les premières minutes : «J’ai tout de suite senti que ça allait être compliqué. J’ai même cru un moment que j’allais faire un DNF (NDLR : un abandon)», confiait-elle alors.
Mais hier, la jeune femme a, semble-t-il, retrouvé une bonne partie de ses immenses moyens. Et forcément, face à une concurrence bien plus modeste que sur une WTCS, elle devait faire, en toute logique, la différence en course à pied, sa principale force cette saison. Et effectivement, elle boucle les 5 km en 16‘23″, soit avec 23″ d’avance sur la deuxième fille la plus rapide à pied. Elle peut donc prendre le temps de célébrer sa victoire. Elle achève son avant-dernière course de l’année par une nouvelle victoire. En 56‘13″, la Luxembourgeoise, qui s’élançait avec le dossard n° 1, devance l’Espagnole Sara Guerrero Manso (56‘35″) et la Vénézuélienne Rosa Elena Martinez Melchior (57‘10″).
«C’était une bonne journée!»
Bien sûr, Jeanne Lehair partait largement favorite mais encore fallait-il le montrer sur le parcours. Mission parfaitement accomplie par la triathlète grand-ducale, qui a justifié son statut et été à la hauteur des attentes placées en elle : «Je suis arrivée sans trop d’attentes. Depuis Wollongong et même depuis Toulouse, je suis morte. Mais en fin de compte ça s’est bien passé. Je pense que justement parce que j’étais morte, j’ai essayé de bien me reposer. Je ne le sentais pas jusqu’à aujourd’hui mais finalement, peut-être que mon corps le ressentait davantage que mon esprit. Et donc, c’était une bonne journée!», confie-t-elle à l’arrivée.
Il lui reste une toute dernière épreuve, dans une semaine, toujours au Chili mais cette fois du côté de San Pedro de la Paz. Où elle fera à nouveau figure de grande favorite. Histoire de terminer en beauté une saison tout simplement magnifique.