Bob Haller va se mettre au service de Stefan Zachäus pour aller chercher un spot olympique, dimanche à Leeds.
On dit souvent que la faim justifie les moyens. Rappel de la situation : à l’heure actuelle, Stefan Zachäus est le premier triathlète en dehors de la liste olympique, juste derrière l’Irlandais Russell White. Il reste deux courses avant que les classements ne soient figés. Le temps presse. Devant cet état des lieux, il a donc été décidé que les Luxembourgeois feraient cause commune à l’occasion du WTS de Leeds, dimanche.
Depuis la reprise du circuit international le mois dernier, Bob Haller et Stefan Zachäus n’affichent pas la même forme. Handicapé par des pépins de santé pendant de longs mois, le premier est revenu regonflé à bloc. Clairement, depuis qu’il a décidé de revenir au Luxembourg et de travailler exclusivement avec l’entraînement national Thomas Andreos, tout se passe bien pour le sportif d’élite de l’armée. Alors qu’il osait à peine rêver de figurer sur la start list des World Triathlon Series, les courses les plus relevées hors championnat, il a non seulement eu le droit de prendre le départ mais il s’est en plus très bien débrouillé. À tel point que c’est avec le dossard n°25 qu’il s’élancera, dimanche, en Angleterre.
En revanche, alors que tout lui réussissait avant l’arrêt brutal de la saison en mars 2020, Stefan Zachäus n’a, lui, pas retrouvé son niveau d’avant. Après avoir terminé trois fois derrière son compatriote, il peine visiblement en course à pied. Sans que lui-même n’ait de véritable explication.
Mais l’essentiel est ailleurs. Même s’il est performant en ce moment, Bob Haller a accumulé trop de retard pour pouvoir prétendre décrocher un spot pour Tokyo. Rappelons-le, c’est important de le dire, si un athlète obtient une place, celle-ci n’est pas nominative. Elle permet à son pays d’être assuré d’avoir un représentant au départ de la course olympique.
C’est en partant de ce constat que Thomas Andreos et ses hommes ont décidé d’innover : dimanche, ce ne sera pas chacun pour soi. Mais tous derrière Stefan : «Ce week-end, on fera une course d’équipe», confirme le technicien. Et d’expliciter : «Dans l’idéal, les deux sortent en même temps de l’eau. Stefan fait toute la partie vélo dans la roue de Bob pour s’économiser. C’est lui qui roule s’il y a un trou à combler, c’est lui qui essaie de le placer à l’avant pour la transition. Et en course à pied, Bob reste aux côtés de Stefan. C’est plus facile de courir à deux que tout seul. Maintenant on part un peu dans l’inconnu. On n’est pas sûr que le plan se déroule comme prévu car n’a jamais essayé de faire ça. Mais la sécurisation d’un dossard pour le Luxembourg en vaut la chandelle.»
Zachäus avec… Andreos depuis lundi
L’idée est donc clairement de mettre Stefan Zachäus dans les meilleures conditions possibles pour performer. Et tant pis pour les ambitions personnelles. Avant la reprise de la saison, Stefan Zachäus expliquait la situation : «Il me faut une bonne perf pour être assurer d’avoir une place.» Trois courses plus tard, la situation n’a pas changé. Et Thomas Andreos a fait ses comptes : «Stefan doit faire mieux que 37e pour doubler White si celui-ci ne fait pas mieux que 30e.» Si le Luxembourgeois n’a pas montré de grosses perfs jusqu’à présent, c’est la même chose pour l’Irlandais, qui a fait encore moins bien.
Il faut donc regarder devant. Mais également derrière. Si la fédération internationale (World Triathlon), dans sa présentation, évoque un match à trois entre White, Zachäus et le Slovaque Richard Varga, le meilleur nageur en triathlon du plateau, l’entraîneur national voit un autre danger : «Je pense qu’il lui manque trop de points. Surtout qu’il n’a pas montré une grande forme sur les dernières semaines. On doit le surveiller lui mais surtout Igor Polyanskiy.» Au ranking olympique, White est 59e (2 149,77 pts), devant Zachäus (60e avec 2 146,73), Polyanskjiy est 64e (2 079,29) et Varga 68e avec 2 015,54. Et là encore, Thomas Andreos a fait ses petits calculs : «Pour revenir au niveau de Stefan, Varga doit faire un top 20 et Polyanskiy u
n top 30.»Si Stefan Zachäus n’a pas d’explication concernant ses contre-performances, il a pris une décision radicale après la Coupe du monde d’Arzachena, la semaine dernière : «Après la course, on a discuté dans le parc à vélos. Et il m’a demandé s’il pouvait revenir avec moi. Je ne m’y attendais pas.» Visiblement, la collaboration depuis le mois d’octobre dernier de Stefan Zachäus installé à Sarrebruck avec Sebastian Zeller, basé à Cologne, n’a pas porté les fruits attendus : «Il a parlé avec lui et depuis lundi, c’est moi qui fais les entraînements de Stefan», précise encore l’entraîneur. Évidemment, le timing est beaucoup trop court pour avoir un réel impact. Mais l’idée est de l’aider déjà mentalement : «Il reste 15 jours jusqu’à la fin de la période de qualification. Physiologiquement, on ne peut pas changer grand-chose. C’est plus psychologiquement que Stefan a besoin de se sentir soutenu. Le plus urgent, c’est de lui redonner confiance en lui.» Rendez-vous dimanche pour voir si ces quelques jours ont changé la donne.
Romain Haas
Gorges en Égypte
Après avoir été victime d’une lourde chute à vélo et contraint à l’abandon en Tunisie la semaine dernière pour sa course de rentrée après des mois d’arrêt, Olivier Gorges devrait être au départ d’une nouvelle Coupe d’Afrique, samedi, cette fois du côté de Charm el-Sheikh.