Accueil | Sport national | [Triathlon] JO de Tokyo : Zachäus seul en tête pendant deux tours

[Triathlon] JO de Tokyo : Zachäus seul en tête pendant deux tours


Stefan Zachäus a vécu un vrai moment olympique en étant seul en tête pendant deux tours, hier à Tokyo. (Photo : AFP)

À l’instar de son compatriote Dirk Bockel en 2008 à Pékin, Stefan Zachäus a fait une partie de la course à vélo en tête. Avant de logiquement rétrograder.

Que retiendra-t-on de ce triathlon olympique? Le sacre ô combien mérité de l’armoire à glace norvégienne Kristian Blummenfelt, décidément très à l’aise dans la touffeur japonaise après une démonstration du même acabit qu’à Fukuoka, il y a quelques mois.

À l’issue d’une course à pied en plein cagnard, il décramponne le Britannique Alex Yee, pourtant un spécialiste de l’exercice, qui termine deuxième alors que le surprenant Néo-Zélandais Hayden Wilde prend une superbe troisième place (voir ci-dessous).

On retiendra aussi cet incroyable faux départ. En effet, une partie des concurrents s’est élancée dans l’eau chaude de la baie d’Obaida avant d’être rappelée au bout de longues secondes pour un second départ. En cause, un bateau de l’organisation placé en travers, qui empêchait tout simplement de nombreux triathlètes de prendre le départ. Hallucinant.

Et l’autre truc que l’on gardera en mémoire, en se remémorant ce triathlon olympique version 2020, c’est l’échappée belle d’un homme. En effet, pendant deux tours, Stefan Zachäus roulera seul devant une meute lancée à ses trousses. Un peu à la manière de ce qu’avait fait Dirk Bockel à Pékin, en 2008, quand le Luxembourgeois s’était fait la belle en compagnie de son pote belge Axel Zeebroek pour une jolie partie de manivelles.

«Je n’ai pas arrêté de recevoir des messages à ce moment», explique Thomas Andreos, l’entraîneur national et désormais coach de Stefan Zachäus. «Il nous a fait une Bockel, la tradition luxembourgeoise est respectée», sourit-il.

J’étais quand même à l’avant sur la plus grande course du monde. C’est génial!

Évidemment, l’entreprise n’avait aucune chance de réussir. Mais tant qu’à finir dans les etc. dans l’anonymat le plus complet, pourquoi ne pas crânement tenter sa chance : «C’était prévu que Stefan prenne du plaisir. Qu’il soit acteur de la course et qu’il ne la subisse pas du début à la fin pour terminer 35e ou 40e», précise encore le technicien français.

Avec au maximum cinq ou six secondes d’avance, le triathlète grand-ducal n’a, bien sûr, jamais eu l’occasion de croire que son aventure pourrait aller loin.

Il faut dire qu’il n’a pas été gâté : «Au moment de son attaque, le groupe de derrière est en train de chasser pour revenir. Donc les gars du premier groupe ont continué de rouler pour tenter de le distancer et Stefan n’a jamais pu prendre plus de temps. En revanche, quand le Suisse s’en va, tout le monde est groupé et il peut s’échapper facilement.»

À partir de ce moment, Stefan Zachäus rentre dans le rang. Et la suite sera plus compliquée : «Dès le début de la course à pied, on constate qu’il est en manque de rythme. Probablement aussi un manque de fraîcheur. Il a peut-être laissé un peu de jus dans son attaque, mais les conditions étaient vraiment très compliquées. Il n’a pas pu courir comme il le voulait.»

Bien sûr, 44e à plus de 7 minutes du vainqueur, ce n’est pas vraiment le résultat escompté. Mais clairement, l’essentiel était ailleurs : «Après la course, tout le monde est allé le féliciter pour ce qu’il a fait. Même s’il a peut-être perdu quelques places, ce n’est pas ça qui compte. Ce qui importe, c’est que tout le monde se souviendra de l’attaque de Stefan et de ses deux tours à l’avant de la course. Être devant sur la course olympique, c’est un truc qui va rester gravé à vie!»

Le principal intéressé a savouré : «Je n’attendais pas grand-chose de cette course, mais j’ai vécu un bon moment olympique. J’ai essayé de porter haut les couleurs du drapeau luxembourgeois. Le résultat n’est pas celui que j’espérais, mais j’étais quand même à l’avant sur la plus grande course du monde. C’est génial!»

Romain Haas

Le classement

1. Kristian Blummenfelt (NOR) 1 h 45’04”; 2. Alex Yee (GBR) à 11”; 3. Hayden Wilde (NZL) 20”; 4. Marten Van Riel (BEL) 48”; 5. Jonathan Brownlee (GBR) 49”; 6. Kevin Mcdowell (USA) 50”; 7. Bence Bicsak (HON) 52”; 8. Gustav Iden (NOR) 56”; 9. Max Studer (SUI) 1’02”; 10. Mario Mola (ESP) 1’09”; 11. Casper Stornes (NOR) 1’15”; 12. Fernando Alarza (ESP) 1’18”; 13. Vincent Luis (FRA) 1’20”; 14. Kenji Nener (JPN) mt; 15. Tyler Mislawchuk (CAN) 1’24”… 44. Stefan Zachäus (LUX) 7’17”…