Incertain, Bob Haller a finalement pu prendre le départ. Et au-delà de la 26e place, il y a plusieurs motifs de satisfaction.
Les mouches seraient-elle en train de changer d’âne? Toujours est-il que la poisse qui semblait s’accumuler sur la tête de Bob Haller depuis des mois est peut-être en train de passer.
Le week-end avait pourtant très mal débuté, puisque le triathlète grand-ducal avait contracté une infection bactérienne consécutive à une piqûre d’insecte qui mettait en doute sa participation à ces championnats d’Europe. Il devait prendre une décision à la dernière minute. Et après une bonne nuit, ça s’annonce pas trop mal : «Ce n’était plus gonflé, plus rouge. Le matin, je suis parti faire mon échauffement en course à pied. Ça grattait et ça brûlait un peu, mais c’était O. K. Et à la fin de mon échauffement, je me suis rendu à la tente médicale. J’ai montré la blessure aux médecins qui m’ont dit que je devais prendre mes médicaments, que je devais aller à l’hôpital en rentrant à la maison, mais que je pouvais prendre le départ.» La première bonne nouvelle de la journée.
Évidemment, il savait que la partie ne serait pas évidente : «Je n’ai pas pu nager pendant deux jours alors que je sais que j’ai besoin de nager tous les jours pour avoir le feeling», explique-t-il. Conscient qu’il allait souffrir dans l’eau, Bob Haller se lance dans la bataille. Et comme souvent, il se fait malmener : «Après la première bouée, j’avais été un peu secoué mais ça allait. Et soudain, j’ai pris un énorme coup de poing sur la tête. Je ne savais plus où j’étais, où était la gauche, où était la droite. J’étais presque debout dans l’eau. À bout de souffle.»
Un coup du sort. Mais il en fallait plus au Luxembourgeois pour le désarçonner : «Je me suis dit qu’il ne fallait pas paniquer.» Pour ne rien arranger, après la deuxième bouée, il se retrouve avec le soleil dans les yeux : «C’était dur d’y voir quelque chose. J’ai perdu les pieds de tout le monde et je me suis retrouvé bien derrière.» Malgré tout, Haller se bat et au moment de sortir de l’eau, avant d’y retourner, il constate qu’il se retrouve aux côtés de Fernando Alarza, n° 2 mondial. Et la seconde partie de natation se passera mieux que la première : «J’ai perdu 35′ dans la première et seulement 15′ dans la deuxième.»
Sorti parmi les dix derniers de la natation, Bob Haller va vite retrouver des couleurs : «J’étais dans le quatrième groupe de vélo, mais on a bien roulé et on a rattrapé le troisième puis le deuxième groupe. Lors des deux premiers tours, j’ai beaucoup travaillé, mais par la suite, j’ai su être plus tactique. Je me suis mis derrière, j’ai observé mes adversaires, j’ai pu récupérer.» Seulement, le deuxième groupe ne va pas complètement collaborer. Et surtout, le premier n’a aucune envie de le laisser revenir sur lui : «Ils voulaient laisser Alarza à l’arrière, ce qui ne l’a pas empêché de prendre la sixième place au final», précise encore Bob Haller.
Remontée fantastique en course à pied
Un temps à une trentaine de secondes de la tête, le deuxième groupe va perdre plus de 40 secondes au bout des 40 km de vélo. Malheureusement, la malchance allait encore s’en mêler : «Lors de la deuxième transition, qui est habituellement mon fort, je suis huit ou neuvième de notre groupe. Je pousse mon vélo, mais quand je marche sur le tapis bleu, je tombe dans un trou. Ma hanche et mon genou se bloquent, ma main droite lâche mon vélo, je dois sauter pour l’éviter… Avec tout ça, le cœur monte à 200 pulsations et j’ai perdu beaucoup de temps, j’ai même eu du mal à mettre mes chaussures.»
Bob Haller repart donc dans les abîmes du classement (46e et dernier) pour les 10 km de course à pied. Mais au prix d’un bel effort, il parvient à ramasser un à un nombre d’adversaires : «J’étais en chasse», sourit-il. Au final, il rattrape pas moins de 20 concurrents pour terminer à une belle 26e place, au vu du contexte, à 2’50’ du Portugais Joao Pereira, nouveau champion d’Europe.
Les 10 km sont avalés en 33’53’, une performance plutôt satisfaisante. Pour un bilan plutôt positif : «On peut dire que ça commence à aller dans la bonne direction. Si on regarde, je perds deux minutes en course à pied sur le champion d’Europe, ce n’est pas si mal que ça. Si je n’avais pas eu ce problème, peut-être que j’aurais pu me rapprocher du top 20.» En attendant une course où tout roulerait, Bob Haller peut se consoler en se disant que c’est son meilleur résultat aux championnats d’Europe (jusqu’ici il n’avait pas fait mieux qu’une 33e place… à Kitzbühel il y a deux ans). Et que visiblement la forme est là. Reste plus qu’à avoir un brin de réussite pour qu’enfin les résultats soient au rendez-vous.
Romain Haas