Bob Haller a annoncé qu’il quittait son groupe d’entraînement au Portugal. Le triathlète luxembourgeois va désormais s’entraîner pour les prochains mois avec l’entraîneur national Thomas Andreos.
La situation
En novembre 2017, Bob Haller annonçait qu’il rejoignait Lino Barruncho et son groupe d’entraînement au Portugal. Le triathlète grand-ducal espérait pouvoir franchir un cap en suivant les conseils d’un technicien qui a conduit notamment un athlète à la cinquième place des JO et un autre à atteindre régulièrement les podiums en Coupes du monde.
Après désormais plus de deux ans au Portugal, gâchés par des blessures à répétition (2018 et 2019) et par un drame familial (perte de son père), Bob Haller est arrivé à une conclusion. Il y a quelque chose qui ne va plus : «Je me suis bien entraîné cet hiver, mais pourtant, je ne suis pas au niveau que j’attendais. Après avoir longuement réfléchi et discuté, j’ai informé Lino que je ne souhaitais plus continuer avec lui. Il a été très compréhensif. On est en très bons termes, simplement, on ne parle plus d’entraînement entre nous», explique le sportif d’élite de l’armée.
Une décision mûrement réfléchie
Il ne s’agit pas d’une décision prise à chaud. Cela fait, en fait, plusieurs mois qu’il y songe : «Pendant que je traversais une période compliquée l’an passé, c’était toujours à moi de demander mon programme, il n’y avait pas de véritable suivi. C’est à partir de ce moment que j’ai commencé à me dire qu’il fallait peut-être changer quelque chose.»
Le triathlète grand-ducal s’est ému de la situation auprès de son coach lusitanien, lequel lui a préparé un programme pour qu’il puisse atteindre son objectif : se qualifier pour les JO de Tokyo.
Clairement, ce n’est pas un problème de motivation ou de laisser-aller : «Depuis le 9 août, hormis deux dimanche où j’ai été malade, je me suis entraîné tous les jours. Je travaille très dur. Je sens une amélioration en course à pied par rapport à mon niveau de l’année dernière, mais après avoir bossé tout l’hiver, je m’attendais à mieux.»
Un début de saison compliqué
Pour Bob Haller, l’hiver a été studieux. Pas beaucoup de temps pour se préparer, notamment en course à pied avec l’enchaînement de la Coupe du monde à Saint-Domingue (novembre), puis les coupes d’Afrique au Maroc (novembre) et au Sénégal (décembre) et déjà, les premières compétitions au mois de février.
Pour son début de saison, il avait en effet décidé de participer à des courses continentales en Amérique du Sud, épreuves qui devaient lui permettre de prendre beaucoup de points histoire de remonter au ranking mondial pour s’ouvrir à nouveau les portes des plus grandes épreuves du monde, WTS et autre Coupes du monde.
Après un triptyque mitigé – «La première course, j’ai souffert de la chaleur, la deuxième, tout s’est passé comme prévu avec un podium et la dernière, c’était la catastrophe au niveau de l’organisation» –, Bob Haller a rejoint ses compères de l’équipe nationale en Australie, pour une manche de Coupe du monde, à Mooloolaba.
Aux antipodes, il va souffrir le martyre pour décrocher péniblement une 21e place qui ne fait pas vraiment ses affaires, alors que, dans le même temps, son compatriote Stefan Zachäus, 13e, réalise une performance qui lui permet de se retrouver mathématiquement en possession d’un dossard olympique.
Le déclic
Pendant les jours qui suivent, Bob Haller s’entraîne avec Stefan Zachäus et Gregor Payet, sous la direction de Thomas Andreos, l’entraîneur national. Et un jour, alors que son coach portugais voulait qu’il fasse un test sur 3 000 m, lui privilégie le programme de ses deux compatriotes : «Ils avaient à faire 12 bornes à 3’30 » – 3’45 ». J’ai décidé de faire ça et j’ai trouvé que c’était plutôt un bon entraînement. J’étais très content.»
La décision
Une sorte de révélation qui se confirmera quelques jours plus tard. Alors que Lino Barruncho est favorable à une période plus calme, puisqu’il n’y a pas de course prévue avant de longues semaines, Bob Haller n’est pas vraiment du même avis.
Et le fait que Thomas Andreos préconise quant à lui de mettre à profit ces au moins trois mois sans compétition pour faire un bon bloc d’entraînement, un peu comme en hiver, achève de le convaincre : «C’était également mon idée de m’entraîner à fond pendant cette période. Je ne voulais pas perdre plusieurs semaines d’entraînement pour rien.»
Il décide donc de couper les ponts avec Lino Barruncho et de quitter – officiellement mais pas physiquement pour les raisons que l’on sait – le Portugal : «J’ai encore des affaires là-bas. Dès que je pourrai y repartir, j’irai les chercher.»
Et maintenant ?
Lino Barruncho n’est donc plus officiellement l’entraîneur de Bob Haller. Il a décidé de demander à Thomas Andreos s’il pouvait lui établir son programme d’entraînement pour les trois prochains mois, défi bien sûr relevé avec plaisir par l’entraîneur national.
Quid de l’avenir ?
Les meilleurs résultats de sa carrière, Bob les a acquis quand il se trouvait au sein d’une structure, d’un groupe fort comme c’était le cas quand il s’est entraîné en Australie il y a quelques années avec les Wollongong Wizards notamment. Du coup, il s’est mis en quête de trouver une nouvelle structure d’entraînement.
Chose pas évidente avec la proximité des JO : «Les groupes sont déjà formés et ce n’est pas facile d’en intégrer un. Ensuite il faut voir comment je m’y sens, comment ça se passe avec l’entraîneur, avec les séances, si ça me convient.»
Proche d’un entraîneur norvégien, la piste Dan Lorang est également dans l’air, tout comme l’option de rester avec Thomas Andreos : «On verra. Pour le moment, tout se passe bien, si cela continue ainsi, pourquoi ne pas poursuivre avec lui.»
Romain Haas
En revenant au pays, Bob Haller pourrait être un élément d’un groupe de haut niveau qu’il appelle de ses vœux. En effet, avec Stefan Zachäus, dont le visa en Australie arrive bientôt à échéance, Gregor Payet, qui avait prévu de rejoindre l’armée au mois de septembre mais qui va peut-être reporter sa décision, voire Oliver Gorges, qui vient de s’installer au Portugal, dans une autre structure que celle de Bob Haller, le Luxembourg aurait une troupe qui aurait fière allure, avec toutes les infrastructures sur place et les moyens financiers à sa disposition pour partir quand il le faut en stage. On dit souvent que l’herbe est plus verte ailleurs. Finalement, peut-être que les triathlètes grand-ducaux vont réaliser que ce qu’ils ont à leur disposition n’est pas si mal. Affaire à suivre…